Question de M. DULAIT André (Deux-Sèvres - UMP) publiée le 31/01/2003

Question posée en séance publique le 30/01/2003

M. André Dulait. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
Concernant l'Irak, monsieur le ministre, les menaces de conflit se font de plus en plus pressantes, comme en témoignent les conclusions que certains ont tirées du rapport des inspecteurs devant le Conseil de sécurité ; en témoigne également le récent discours du président Bush sur l'état de l'Union.
Dans cette affaire, la France a tenu, et tient encore, avec une force et une efficacité que je tiens à saluer, le langage de la responsabilité, du respect du droit international et de la nécessité impérative d'un désarmement irakien rapide et complet.
Monsieur le ministre, la France, grâce à votre action et à celle de M. le Président de la République, n'est pas seule dans sa démarche. Mais la cohésion européenne est, sur ce dossier comme sur d'autres, essentielle. Lundi dernier, à Bruxelles, le Conseil affaires générales avait permis de dégager des positions communes formalisées ensuite par M. Solana.
Comment réagissez-vous, monsieur le ministre, à l'initiative de huit de nos partenaires ou futurs partenaires de l'Union qui, dans un document commun, semblent se résoudre au caractère inéluctable d'un conflit ?
Au-delà de l'actualité immédiate, qui voit ainsi l'Europe se diviser sur un tel enjeu, que peut-on attendre raisonnablement des travaux de la Convention en ce qui concerne la mise en place d'une véritable politique étrangère européenne ?

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 31/01/2003

Réponse apportée en séance publique le 30/01/2003

M. Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères. Monsieur Dulait, vous connaissez tous notre engagement pour que l'Europe puisse parler d'une seule voix sur la scène internationale. La France, vous l'avez rappelé, a pris lundi une initiative, en liaison avec la présidence grecque, en liaison avec les autres membres européens du Conseil de sécurité, initiative qui a débouché sur une position des Quinze à Bruxelles, fidèle à l'esprit et à la lettre de la résolution 1441. Cette position indique la priorité à donner au Conseil de sécurité pour obtenir le désarmement de l'Irak, puisque c'est le seul objectif de la communauté internationale. Elle indique par ailleurs la nécessité de poursuivre, d'intensifier le travail des inspecteurs sur le terrain - ils sont l'oeil et la main de la communauté internationale - et, enfin, de presser l'Irak à une coopération plus active avec les inspecteurs.
Vous l'avez rappelé, huit dirigeants s'expriment ce matin dans la presse. C'est une contribution aux débats. (Rires sur les travées du groupe socialiste et sur celles du groupe CRC.)
Mme Danièle Pourtaud. C'est touchant !
M. René-Pierre Signé. Avec une telle contribution, on est sauvé !
M. le président. Le sujet est suffisamment grave pour que vous écoutiez le ministre sérieusement !
M. Dominique de Villepin, ministre. Ne cherchons pas à opposer une Europe contre une autre. Chacun voit que nous défendons les mêmes principes : fermeté vis-à-vis de l'Irak et, en même temps, souci de rechercher une solution à la crise dans le cadre des Nations unies.
Mme Danièle Pourtaud. Ce n'est pas ce qu'ils ont écrit !
M. Dominique de Villepin, ministre. Nous aurons naturellement l'occasion d'en parler avec chacun de nos amis européens, en particulier avec nos amis britanniques puisque nous les rencontrerons mardi prochain, lors du sommet du Touquet.
Notre objectif est, au delà de l'Europe, l'unité de la communauté internationale tout entière, cette unité qui a fait la force de la résolution 1441, cette unité qui peut garantir l'efficacité, la légitimité et la responsabilité de la communauté internationale.
Le travail que fait la France, en liaison en particulier avec l'Allemagne dans le cadre de la convention, vise à permettre à cette politique étrangère de s'exprimer plus fortement. C'est le sens de la proposition de nomination d'un ministre des affaires étangères de l'Europe et d'un président permanent du Conseil eurpéen qui a vocation à permettre à l'Europe de prendre toute sa place sur la scène internationale.

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