Question de M. PASTOR Jean-Marc (Tarn - SOC) publiée le 06/03/2003

M. Jean-Marc Pastor appelle l'attention de M. le Premier ministre sur la situation des rapatriés qui se sont vus déduire de leur indemnisation par l'Etat le montant des prêts qu'ils avaient dû souscrire pour se réinstaller en métropole. En effet, la somme qui avait été dévolue à ces derniers par la solidarité publique a servi pour partie à rembourser les créanciers privilégiés que sont les organismes de crédit au titre de l'article 46 de la loi n° 70-632 du 15 juillet 1970 alors que les lois ultérieures de 1982 et de 1986 ont pratiquement effacé les dettes de ceux qui se sont réinstallés. L'ensemble de ce dispositif crée une iniquité entre les premiers, concernés par la loi de 1970, et les seconds, bénéficiaires des lois de 1982 et 1986. Dès lors que le Premier ministre a installé une mission interministérielle aux rapatriés pour marquer la priorité qu'il faisait de leur sort dans son action à la tête du gouvernement, il l'interroge afin de savoir où en est l'examen de ce dossier par ladite commission. Il lui demande au demeurant si l'aide au désendettement des réinstallés sera aménagée via l'octroi d'une aide de l'Etat de 50 % des dettes non fiscales et de 100 % des dettes sociales des organismes sociaux, ainsi que le souhaitait la commission consultative des rapatriés.

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Réponse du Premier ministre publiée le 10/04/2003

L'honorable parlementaire évoque le problème du prélèvement effectué en application de l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970 sur les indemnisations des Français dépossédés de leurs biens situés sur un territoire antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France. Pour assurer le traitement des dossiers des rapatriés, le Gouvernement a mis en place la mission interministérielle dès le mois de mai 2002. Celle-ci a vocation, à partir du bilan des efforts déjà réalisés par les pouvoirs publics, à déterminer les solutions les plus aptes à régler les difficultés encore rencontrées par les rapatriés ; parmi celles-ci figurent les questions liées à l'indemnisation des biens perdus en Algérie. Il est rappelé à cet égard que quatre lois sont intervenues afin de dédommager les rapatriés des pertes subies lors de leur retour en métropole : la loi n° 70-632 du 15 juillet 1970 a permis le versement d'une contribution à hauteur de près de 1,5 milliard d'euros ; la loi n° 78-1 du 2 janvier 1978 a complété l'indemnisation pour 2,8 milliards d'euros : la loi n° 82-4 du 6 janvier 1982 a représenté un versement complémentaire de 0,2 milliard d'euros : enfin la loi n° 87-549 du 16 juillet 1987 a permis le règlement au titre de l'indemnisation d'un total de 3,7 milliards d'euros. Cet effort n'a pas permis d'assurer une réparation intégrale des préjudices subis, tout au moins globalement. Cette situation résulte essentiellement des principes de base retenus dès 1970, comme le plafonnement de l'indemnisation, l'exclusion de certains préjudices et l'étalement des paiements dans le temps. Des priorités devront être dégagées dans les prochains mois pour déterminer de quelle manière la solidarité nationale doit désormais s'exercer en tenant compte des situations les plus critiques que connaissent nos compatriotes rapatriés. A cet égard, un effort particulier a déjà été accompli afin de régler dans les meilleurs délais le difficile dossier de l'endettement des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée et 11 millions d'euros ont été inscrits à ce titre sur le chapitre 46.32 dans le cadre de la loi de finances rectificative pour l'année 2002. Il convient enfin d'ajouter que vient d'être mis en place un Haut Conseil des rapatriés, organisme consultatif que le Gouvernement pourra consulter sur toutes les questions touchant le monde rapatrié, sans exclusive. Enfin, le Premier ministre vient de décider de nommer un parlementaire en mission, M. Michel Diefenbacher, député et conseiller général chargé de faire un état des lieux sur les politiques à l'égard des rapatriés, d'une réflexion sur les structures ainsi que sur les efforts à mener pour leur reconnaissance. Dans ce cadre, les questions qu'évoque l'honorable parlementaire pourront faire l'objet d'un examen attentif.

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