Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - UMP) publiée le 01/05/2003

M. René Trégouët attire l'attention de Mme la ministre déléguée à l'industrie sur les termes d'un article intitulé : " Le Japon en pointe dans la production d'énergie propre grâce à l'énergie thermique de la mer " et consultable à l'adresse suivante : www.be.achit.fr. On y lit que ce pays dispose d'organismes en pointe dans ce domaine et notamment l'Institut d'Energie océanique de l'université de Saga, mondialement réputé pour ses recherches dans le domaine des technologies OTEC (Ocean Thermal Energy Conversion). Cette méthode permet d'exploiter les différences de température de l'eau de mer pour générer de l'électricité. Le fonctionnement d'une installation OTEC est sensiblement le même que celui d'une usine thermique, le fluide utilisé étant un mélange d'eau et d'ammoniac. Les régions équatoriales sont particulièrement adaptées à cette technologie avec des températures océaniques dépassant 30 °C en surface et de l'ordre de 5 °C à quelques centaines de mètres de profondeur. Ce type d'installation présente de nombreux avantages, comme la possibilité de récupérer de l'eau douce, de produire de l'hydrogène ou du lithium en utilisant une partie de l'énergie produite. L'Inde désire construire des installations OTEC. Une usine flottante test opérant au large des côte indiennes devrait produire 1 000 kW d'électricité et 8 000 l/j d'eau douce. Ce système pourrait être développé en théorie en France, énergétique de la France avait sensiblement augmenté l'année dernière, la France entend-elle promouvoir cette source d'énergie à son profit ? Pour quelles raisons ?

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Réponse du Ministère délégué à l'industrie publiée le 03/07/2003

L'énergie thermique des mers, OTEC sous le sigle anglophone, a fait l'objet de premiers travaux théoriques dès le XIXe siècle.Cette technique consiste à utiliser le gradient thermique des océans. Il faut disposer d'une différence de température de 20 kelvins pour espérer produire de l'électricité avec un rendement thermodynamique acceptable. Les zones océaniques du globe susceptibles d'accueillir des installations OTEC se situent de ce fait entre les latitudes 25° sud et 32° nord, où les eaux de surface ont une température d'au moins 25° C et où la température est d'environ 4° C entre 500 et 1 000 mètres de profondeur. Malgré un potentiel planétaire important, l'OTEC n'est pas appelée à se développer le long des côtes de la France métropolitaine pour les raisons techniques mentionnées ci-dessus. Les travaux de recherche et de développement menés actuellement se situent essentiellement dans la zone pacifique. Ils résultent du caractère prometteur que représente cette technique pour les îles et archipels de cette zone, qui importent la quasi-totalité de leurs besoins énergétiques. Cette technologie est cependant encore très loin de la maturité : d'un point de vue technique, les installations doivent résister à la corrosion marine et aux aléas climatiques extrêmes auxquels sont soumises les zones d'accueil potentiel de cette technologie ; d'un point de vue environnemental, le déplacement de masses d'eau très importantes pour la mise en oeuvre de cette technique fait l'objet de controverses sérieuses des experts pour des questions de salinité et autres teneurs en éléments nutritifs en suspension. Le recours à un fluide intermédiaire pose également la question de son innocuité vis-à-vis d'un environnement marin particulièrement sensible ; d'un point de vue économique, la technologie OTEC ne fait pas encore l'objet d'études financières complètes. Sur ce dernier point, le rapport sur l'énergie dans le monde intitulé : " L'énergie et le challenge du développement durable ", coédité par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le département des affaires économiques et sociales des Nations unies et le Conseil mondial de l'énergie en septembre 2000, considère la technologie OTEC en phase seulement expérimentale, avec des perspectives de développement qualifiées d'incertaines. Le niveau de maturité actuel de cette technique est donc insuffisant pour que la France s'engage dans cette voie dans un proche avenir.

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