Question de M. LE CAM Gérard (Côtes-d'Armor - CRC) publiée le 01/05/2003

M. Gérard Le Cam attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur le risque de disparition de l'enseignement de l'allemand dans l'académie de Rennes. En effet, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle " carte des langues ", 126 sections sur 150 devraient disparaître dans la seule académie de Rennes pour la rentrée scolaire 2003. Ainsi, seulement 24 sections devraient être maintenues. L'enseignement de l'allemand comme langue vivante au collège ainsi qu'en primaire est aujourd'hui remis en cause d'autant plus que l'implantation de " pôles " exige un seuil de vingt élèves. Seuls douze pôles ont été retenus pour l'académie de Rennes dont un seul pour la ville elle-même. Ce seuil de vingt demandes, trop élevé, rend les pôles difficilement viables et reste cependant incontournable, dans la mesure où l'enseignement de l'allemand ne peut plus être envisagé en dehors des pôles. Au vu de cette situation, 98 % des élèves du primaire sont contraints de choisir l'anglais, bien souvent faute d'information suffisante auprès des familles. Dans ce cas, on estime que seulement 1 % des élèves costarmoricains seront germanistes. Il est regrettable de constater qu'il est devenu impossible d'assurer une diversification linguistique. Or, l'Allemagne demeure le premier partenaire économique européen de la France et la langue allemande représente à elle seule 34 % des échanges en Europe. Si ce scénario prévu pour la rentrée scolaire 2003 devait perdurer, cela constituerait à terme une entrave aux échanges économiques entre la France et l'Allemagne, et remettrait également en cause les relations privilégiées que la France entretient avec l'Allemagne, notamment par l'intermédiaire des comités de jumelage. De façon plus générale, il faut craindre un manque de personnel parlant l'allemand dans un avenir proche dans les branches du tourisme, de l'agro-alimentaire et de l'industrie. En conséquence, il lui demande s'il est favorable au maintien des sections d'allemand LV1 et LV2 existantes pour la rentrée scolaire 2003 dans l'académie de Rennes, et quelles mesures il compte prendre.

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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 02/10/2003

L'étude de l'évolution de l'allemand au cours de ces dernières années ne peut qu'amener à constater une baisse d'intérêt pour l'apprentissage de cette langue, justifiant les préoccupations qui sont exprimées au sujet de la situation de l'allemand dans l'académie de Rennes. La politique d'offre diversifiée et de continuité des apprentissages qui est conduite par le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche devrait toutefois permettre, en proposant aux élèves des parcours cohérents visant à la maîtrise d'au moins deux langues vivantes, de renforcer la position de l'allemand dans le système éducatif français, dans l'académie de Rennes comme dans les autres académies où cette langue est actuellement en régression. La déclinaison de cette politique implique au plan académique l'élaboration d'une carte des langues afin de proposer, en fonction des spécificités locales, une offre d'enseignement de langues, cohérente et rationnelle. De la même façon, des cartes départementales des langues sont mises en place, à partir des orientations retenues par le recteur, par les inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux de l'éducation nationale. Elles visent à favoriser une plus grande diversification des langues étudiées et à garantir la continuité des apprentissages, tout en permettant une utilisation rationnelle des moyens. C'est ainsi que, pour maintenir l'enseignement de certaines langues malgré des effectifs faibles d'élèves, des pôles peuvent être créés dans les bassins de formation. Cette politique de pôles permet alors de pouvoir continuer à proposer aux élèves intéressés l'apprentissage de langues faiblement étudiées et donc de maintenir l'enseignement de ces langues. La continuité de l'enseignement et la diversité linguistique sont les priorités retenues par le recteur de Rennes pour l'élaboration de la carte des langues de son académie. Douze pôles d'allemand (8 dans l'Ille-et-Vilaine, 3 dans le Morbihan et 1 dans le Finistère) ont été créés à la rentrée 2002 et des indications ont été données aux inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux de l'éducation nationale (souplesse pour l'appréciation des seuils d'ouverture, attention pour le choix des implantations) pour accroître si possible, à la prochaine rentrée scolaire, le nombre de pôles permettant aux familles de choisir pour leurs enfants l'étude de l'allemand dès l'école primaire. Avec l'entrée en application, à la rentrée 2002, des nouveaux programmes de l'école primaire et la généralisation progressive de l'enseignement obligatoire de la première langue vivante au cycle 3, c'est désormais l'étude de la langue débutée dans le primaire qui est poursuivie au collège. Il s'agit donc, en mettant en place des pôles, de créer les conditions indispensables pour assurer la poursuite de l'apprentissage et garantir la continuité entre l'école et le collège puis entre le collège et le lycée. Par ailleurs, des efforts importants ont été consentis pour favoriser le choix, à l'école primaire, de langues autres que l'anglais en offrant la possibilité de débuter l'apprentissage d'une deuxième langue vivante, en l'occurrence l'anglais, dès la classe de sixième. L'appui apporté aux sections européennes d'allemand, le développement d'un site centré sur le lycée Chateaubriand de Rennes et s'appuyant sur sa filière Abibac, le volume des relations avec l'Allemagne qui font de ce pays un partenaire européen important de l'académie de Rennes pour les appariements, les programmes communautaires, les échanges d'élèves et la formation professionnelle, sont d'autres manifestations de la volonté de l'académie de Rennes d'encourager la formation d'élèves germanistes et de créer ainsi des conditions favorables au développement des échanges entre la France et l'Allemagne dans toutes les branches de l'économie.

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