Question de M. HÉRISSON Pierre (Haute-Savoie - UMP) publiée le 13/06/2003

Question posée en séance publique le 12/06/2003

M. le président. La parole est à M. Pierre Hérisson.

M. Pierre Hérisson. Ma question s'adresse à M. Luc Ferry, ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche.

Monsieur le ministre, c'est dans un climat pour le moins tendu que les épreuves du baccalauréat commencent aujourd'hui, si l'on en croit nos collègues de l'opposition. En effet, les élèves et les parents d'élèves craignent que les enseignants grévistes ne perturbent le déroulement normal des épreuves, voire n'empêchent les élèves d'accéder aux centres d'examen. (Protestations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Raymond Courrière. Vous retardez !

Mme Nicole Borvo. C'est dépassé !

M. Pierre Hérisson. Comme chacun le sait, les épreuves du bac s'échelonneront jusqu'au 26 juin prochain, et même jusqu'au 10 juillet pour ceux qui devront passer l'oral de rattrapage.

Monsieur le ministre, depuis la table ronde qui s'est organisée entre vous-même, MM. Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian, Xavier Darcos et l'ensemble des organisations syndicales de l'éducation, les déclarations se sont succédé.

Aujourd'hui, un peu partout en France, notamment à Perpignan, à Toulouse et à Clermont-Ferrand, des enseignants ont tenté des actions anti-bac, mais des dispositions avaient été prises afin que les élèves puissent passer leur examen dans des conditions acceptables.

Ces frondes sont intolérables ! Ces enseignants donnent à tous les enfants, élèves et étudiants de France, une piètre image de l'école de la République dont nous sommes tous issus !

Mme Nicole Borvo. Oh, quelle honte de dire cela !

M. Pierre Hérisson. Je tiens d'ailleurs à rendre hommage aujourd'hui très solennellement à tout le personnel de l'éducation nationale qui continue à faire son travail.

Mme Marie-Claude Beaudeau. Ils font leur travail ou ils donnent le mauvais exemple ?

M. Pierre Hérisson. Comme l'a dit le Président de la République, l'esprit de responsabilité doit prévaloir.

Monsieur le ministre, à l'heure actuelle, on dit que les syndicats seraient divisés. Qu'en est-il des négociations en cours ? Une possibilité de compromis est-elle envisageable ? Que va-t-il se passer pour la correction des copies et pour l'oral ?

Les parents d'élèves sont inquiets, car les examens de fin d'année sont une étape importante dans la vie d'un adolescent. Ils sont l'aboutissement d'une année d'efforts et de travail.

M. le président. Veuillez poser votre question, monsieur Hérisson.

M. Pierre Hérisson. Monsieur le ministre, sur tous ces points, pouvez-vous nous dire exactement quelle est la situation aujourd'hui ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

M. Didier Boulaud. C'est vraiment n'importe quoi !

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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 13/06/2003

Réponse apportée en séance publique le 12/06/2003

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Luc Ferry, ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche. Monsieur le sénateur, pour l'instant le bac a très bien commencé,...

Plusieurs sénateurs du groupe socialiste et du groupe CRC. Ah ! vous voyez !

M. Luc Ferry, ministre. ... puisque, sur les 4 000 centres d'examen environ, seulement une dizaine ont été touchés par de petits incidents.

Mme Nicole Borvo. Ah, ces enseignants ! N'est-ce pas, monsieur Hérisson ?

M. Luc Ferry, ministre. De plus, ces incidents n'ont duré que très peu de temps, à peine une demi-heure.

Aujourd'hui, tous les élèves sont en train de composer et personne ne se trouve exclu des épreuves du baccalauréat. Tout se passe donc comme cela doit se passer.

Mme Hélène Luc. Voilà !

M. Luc Ferry, ministre. De nouveau, comme vous, je veux rendre hommage aux enseignants qui ont pris leurs responsabilités.

Mme Nicole Borvo. Vous n'êtes pas d'accord avec votre ministre, monsieur Hérisson : lui, il rend hommage à nos enseignants !

M. Luc Ferry, ministre. La négociation, la concertation, continue. Elle se déroule dans un climat très constructif.

Je veux aussi vous dire que je ne crains pas du tout ce que l'on appelle la grève des notes. En effet, ce n'est pas dans la culture des enseignants et ceux-ci savent parfaitement que l'on ne peut pas tourner le bac en dérision.

Ce serait rendre un mauvais service aux élèves. Ce serait aussi, à plus long terme, un mauvais calcul.

Certaines personnes disent parfois : le bac, c'est une énorme machine. Pourquoi ne pas le supprimer, le remplacer par un contrôle continu et prévoir un examen à l'entrée de l'université ?

M. Didier Boulaud. Ce sont vos amis qui le disent !

M. Luc Ferry, ministre. Personne ne le souhaite. Ce n'est pas une bonne idée parce que le bac constitue à la fois un symbole et la consécration des études secondaires. Il doit rester le ticket d'entrée pour l'université.

M. Charles Revet. Très bien !

M. Luc Ferry, ministre. La grève des notes ou le boycott des notes serait donc totalement irresponsable et, je puis vous l'assurer, l'immense majorité des enseignants est attachée au baccalauréat. On ne peut donc avoir aucune crainte à ce sujet. Les choses se passent bien.

La semaine prochaine encore, je recevrai les organisations syndicales.

Le dialogue se poursuit, mais je souhaite qu'il se recentre sur les vraies questions et non pas sur celles que l'on entend la plupart du temps dans le débat public ou lorsque l'on parle de démantèlement du service public, ce qui est absurde.

Rencontrons-nous sur les vraies missions ! C'est ce que je proposerai aux enseignants dès la semaine prochaine. (Applaudissements sur les travées de l'UMP, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Didier Boulaud. On appellera Sarkozy pour les vendanges !

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