Question de Mme DIDIER Évelyne (Meurthe-et-Moselle - CRC) publiée le 07/11/2003

Question posée en séance publique le 06/11/2003

Mme Evelyne Didier. Monsieur le président, j'espère que je ne serai pas interrompue, compte tenu du temps que vient de prendre M. Fillon !

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Monsieur le ministre, le groupe sidérurgique Arcelor envisage de supprimer 600 emplois dans une unité de sa filiale Sollac-Lorraine, implantée à Florange, en Moselle. Cette décision s'inscrit dans la politique de réorganisation industrielle du groupe, marquée notamment par la volonté de réduire l'activité des sites continentaux au profit des sites maritimes.

De même, chez Sollac-Atlantique, la direction a annoncé la suppression de presque 1 000 emplois sur des sites du Nord - Pas-de-Calais et dans l'Oise. Cela représente au total 1 600 postes en trois ans.

Arcelor avait déjà annoncé en début d'année la fermeture à l'horizon 2004-2010 de la filière à chaud de Sollac-Lorraine. Au total, sur l'ensemble de la France, cela concerne au moins 2 700 postes d'ici à 2010.

Rappelons aussi la fermeture programmée de l'usine de Joeuf, en Meurthe-et-Moselle, spécialisée dans la fabrication de tubes d'acier. Ce sont 160 emplois directs, et 600 emplois en tout, qui disparaîtront dans ce secteur. Je n'en ferai pas une liste exhaustive, car ce serait difficile.

Le Nord et la Lorraine vont de nouveau payer un lourd tribut à la recherche de profit, toujours plus importants par les actionnaires au détriment de la population, des collectivités et des territoires.

Belle manière, si l'on peut dire, de fêter l'entrée du titre Arcelor au CAC 40, en lieu et place d'Orange, la filiale de France Télécom !

Même si le groupe nous garantit qu'aucun licenciement sec n'aura lieu, la perte d'emplois est effective. De plus, la diminution de l'activité industrielle que cela engendre, ajoutée à toutes les autres fermetures et délocalisations annoncées, ne peuvent que développer l'inquiétude dans la population.

Le chômage augmente, la précarité aussi. Pourtant Arcelor, depuis vingt-cinq ans, a reçu des dizaines de millions de francs d'aides publiques qui ont été largement utilisés pour accompagner les stratégies de rentabilisation financière forcenée de l'ensemble du groupe.

Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer les mesures que vous comptez prendre pour donner à la France une véritable politique industrielle face à la multiplication des plans sociaux dans tout le pays, en Lorraine en particulier, et face à la désindustrialisation croissante ? Nous savons que vous connaissez bien le sujet. Peut-être avez-vous gardé encore quelques liens avec cette entreprise.

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Réponse du Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie publiée le 07/11/2003

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2003

M. Francis Mer, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Madame la sénatrice, il est exact que je connais bien cette question. D'ailleurs, de façon plus générale, l'industrie fait partie de mes responsabilités.

Si, depuis vingt ans, l'entreprise Arcelor - qui entre-temps est devenue la première entreprise sidérurgique mondiale - n'avait pas voulu ou pas su s'adapter, et si elle n'y avait pas été aidée, nous n'aurions plus d'entreprise sidérurgique en France, y compris en Lorraine. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

M. René-Pierre Signé. Ce sont les socialistes qui l'ont aidée !

M. Francis Mer, ministre. Si cette entreprise, comme d'autres en France et en Europe, est amenée à s'adapter, c'est parce que, en vue de maintenir sa compétitivité au niveau mondial, elle doit réduire ses coûts, optimiser ses localisations et continuer à investir, mais pas nécessairement en fonction de la distribution de ses activités dans le passé.

D'une manière plus générale, madame la sénatrice, nous sommes dans une situation où l'industrie française, contrairement à ce que vous pourriez craindre, ne recule pas en valeur ajoutée.

Mme Marie-Claude Beaudeau. Il n'y a que le nombre des chômeurs qui augmente !

M. Francis Mer, ministre. Toutes les études montrent - et je suis à votre disposition pour vous indiquer mes sources - que l'industrie française continue à apporter sa part de valeur ajoutée dans une économie qui est de plus en plus tournée vers les services. (Exclamations sur les travées du groupe CRC.)

Mme Evelyne Didier. Et les emplois ?

M. Francis Mer, ministre. Les emplois sont fonction de la performance des entreprises, madame la sénatrice, et notre politique en général consiste et consistera à créer les conditions favorables au maximum d'initiatives dans l'industrie, la construction ou les services.

D'ailleurs, on observe une augmentation de 10 % du nombre de créations d'entreprises sur les trois derniers mois, ce qui n'est pas négligeable.

Mme Marie-Claude Beaudeau. Il y a aussi un plus grand nombre de faillites !

M. Francis Mer, ministre. Vous pouvez donc constater que notre politique devient attirante pour les entrepreneurs français,...

Mme Evelyne Didier. C'est le contraire !

M. Francis Mer, ministre. ... et qu'elle se traduit par un début d'amélioration. De nombreux articles de presse s'en font l'écho en évoquant la croissance qui revient au galop, non seulement en France mais aussi dans le reste de l'Europe. (Exclamations sur les travées du groupe CRC.)

Mme Nicole Borvo. Au profit de qui ?

M. Francis Mer, ministre. Notre politique consiste donc à continuer de créer ces conditions attractives pour toutes les activités en France. Dans un monde de plus en plus compétitif,...

Mme Marie-Claude Beaudeau. Plus il y a d'argent et plus il y a de chômeurs !

M. Francis Mer, ministre. ... nous ne devons pas hésiter à nous adapter, tout en ayant, bien entendu, une politique d'innovation et de recherche permettant de mettre sur le marché de nouveaux produits et de nouveaux services.

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