Question de M. BRAYE Dominique (Yvelines - UMP) publiée le 27/02/2004

Question posée en séance publique le 26/02/2004

M. le président. La parole est à M. Dominique Braye.

M. Dominique Braye. Ma question s'adresse à M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité.

Monsieur le ministre, j'ai reçu ce midi même, au Sénat, les représentants de la Fédération française du bâtiment des Yvelines, qui m'ont fait part des difficultés rencontrées par leurs entreprises pour recruter du personnel et pourvoir certains emplois vacants.

M. Gérard Larcher. C'est exact !

Mme Nicole Borvo. Il faut les payer mieux !

M. Dominique Braye. Cette pénurie de main-d'oeuvre est loin d'être un cas isolé puisque environ 300 000 emplois seraient actuellement non pourvus en France faute de candidats. Il s'agit là d'une situation tout à fait paradoxale compte tenu de notre taux de chômage.

Mme Nicole Borvo. Et les salaires ?

M. Dominique Braye. En outre, ce nombre d'offres d'emploi non satisfaites correspond à un taux nettement plus élevé que celui de la moyenne européenne.

M. Didier Boulaud. On se demande ce que vous faites depuis deux ans !

M. Dominique Braye. Ainsi, selon les calculs des différentes directions régionales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, 26 075 emplois potentiels sont restés vacants pour le seul mois de janvier 2004.

Notre Haute Assemblée avait déjà étudié ce problème et elle avait adopté, en décembre 2000, sur l'initiative de la majorité sénatoriale, une proposition de loi tendant à remédier aux pénuries de main-d'oeuvre.

En effet, ce phénomène, minimisé par le gouvernement de l'époque, prenait déjà des proportions inquiétantes dans un certain nombre de branches professionnelles.

M. Didier Boulaud. Et depuis deux ans, que faites-vous ?

M. Dominique Braye. Selon les experts, il serait dû à des problèmes structurels du marché du travail : une insuffisance de formations initiales et continues adaptées aux besoins des entreprises...

Mme Nicole Borvo. Et les salaires !

M. Dominique Braye. ... des offres d'emploi trop ciblées, une attractivité trop faible de certains métiers et un accompagnement des demandeurs d'emploi insuffisant.

Mme Nicole Borvo. Ça, vous pouvez le dire !

M. Dominique Braye. Nous savons tous que ce sont les secteurs du bâtiment, de l'hôtellerie et de la restauration, de l'aide à domicile ou encore des transports qui sont principalement victimes de cette pénurie de main-d'oeuvre.

C'est donc pour remédier à cette situation que vous nous avez présenté la semaine dernière, monsieur le ministre, un plan de lutte contre les difficultés de recrutement.

Ce plan fixe des objectifs précis au service public de l'emploi et instaure des réponses locales à ce problème.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous détailler les objectifs et les moyens de ce plan de lutte contre les difficultés de recrutement qui pénalisent fortement l'activité de certains secteurs importants de notre économie et qui pèsent lourdement sur notre taux de chômage ?

Vous avez évoqué par ailleurs un vrai déficit d'information, je dirai même de publicité, concernant les offres d'emplois. Pouvez-vous nous exposer également, monsieur le ministre, la campagne de publicité que vous comptez lancer pour permettre une meilleure mise en relation des offres d'emploi et des demandeurs d'emploi, et ainsi faire baisser le chômage et stimuler notre économie ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

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Réponse du Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité publiée le 27/02/2004

Réponse apportée en séance publique le 26/02/2004

M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Monsieur le sénateur, 300 000 emplois en moyenne non satisfaits dans notre pays, c'est évidemment inacceptable...

Mme Nicole Borvo. Oui !

M. François Fillon, ministre. ... et nous avons décidé de nous attaquer sérieusement à cette question. (Ah ! sur les travées du groupe socialiste.)

J'ai pris l'engagement, notamment devant la commission des finances du Sénat, de réduire de 100 000 le nombre de ces offres d'emploi non satisfaites en 2004 et nous nous sommes donné les moyens de parvenir à ce résultat.

Nous avons, avec l'ANPE, avec l'AFPA et avec l'UNEDIC, mis en place un dispositif qui vise, d'une part, à identifier les métiers dans lesquels les emplois non pourvus sont les plus nombreux et, d'autre part, à régionaliser le travail d'accompagnement et d'offre de formation. En effet, c'est en fonction des spécificités de chaque région - car les métiers en tension ne sont pas présents sur tout le territoire national de la même façon - que nous allons proposer aux demandeurs d'emploi des formations, en vue d'un recrutement dans ces métiers.

Vous avez vous-même évoqué, monsieur le sénateur, la question de l'attractivité de nombre de ces métiers. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé avec les branches professionnelles, une discussion qui a déjà conduit à la signature de deux conventions : l'une avec le bâtiment, l'autre avec la restauration et l'hôtellerie. Cette discussion va se poursuivre dans le secteur des transports, puis dans celui des services à la personne, pour faire en sorte que les branches professionnelles participent non seulement à l'effort de formation, mais aussi à une amélioration des conditions de travail dans ces métiers, afin que ces derniers soient plus attractifs.

Enfin, nous mettons en place un système d'évaluation et de suivi qui nous permettra tous les mois, et de manière publique, de donner les résultats du plan mis en oeuvre région par région, métier par métier, de façon, le cas échéant, à réorienter l'effort.

M. Alain Gournac. Ça c'est bien !

M. François Fillon, ministre. Au-delà de cette opération « coup de poing » que nous menons sur les offres d'emploi non satisfaites, dans le cadre du débat qui va s'ouvrir sur la loi de mobilisation pour l'emploi, nous allons travailler ensemble à une amélioration des formations destinées aux jeunes sans qualification, précisément dans ces métiers en tension. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. René-Pierre Signé. On verra les résultats des élections !

M. Henri de Raincourt. Oui, on verra !

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