Question de M. SOUVET Louis (Doubs - UMP) publiée le 12/02/2004

M. Louis Souvet attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur la permanence d'un noyau dur d'illettrés, estimé d'après les statistiques à 10 % de chaque classe d'âge. Situation paradoxale car davantage de moyens sont consacrés chaque année à l'éducation nationale : pour preuve les coûts par élève en francs constants ont progressé en 20 ans de 86 % dans le premier degré et de 65 % dans le secondaire. Il demande si l'éradication de cette entropie qui affecte le système est envisagée à moyen terme.

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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 01/04/2004

L'amélioration globale de l'efficience du système éducatif passe par une prévention rigoureuse des échecs en lecture dès les débuts de la scolarité parce que la lecture constitue la clé d'accès aux compétences de base. Dès son entrée en fonction, le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche a défini la maîtrise de la lecture et de l'écriture comme première priorité pour le système éducatif, et plus particulièrement l'école primaire qui en est la base. Pour la rentrée scolaire 2002 et depuis lors, diverses mesures constitutives du plan de prévention de l'illettrisme ont été prises pour que cette priorité soit effective dans tout l'enseignement du premier degré. Ce plan s'appuie sur les nouveaux programmes pour l'école primaire (arrêtés du 25 janvier 2002) dans lesquels un ensemble de dispositions doit conduire à améliorer l'efficacité de l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Les directives en matière de pédagogie de la lecture sont plus rigoureuses que par le passé. Les nouveaux programmes imposent la lecture d'une dizaine d'oeuvres de littérature de jeunesse, oeuvres du patrimoine pour l'enfance ou contemporaines, pour chaque année du cycle des approfondissements. Dans ce cycle, tous les champs disciplinaires doivent être exploités pour proposer très régulièrement des activités de lecture et d'écriture diversifiées. Les horaires quotidiens dévolus aux activités de lecture et d'écriture sont précisés alors que ce n'était plus le cas depuis 1969 ce sont deux heures trente au cycle des apprentissages fondamentaux et deux heures au cycle des approfondissements qui doivent être consacrées à la lecture et à l'écriture chaque jour. En accompagnement des programmes de 2002, les maîtres ont reçu des documents leur facilitant la mise en oeuvre des nouvelles prescriptions et leur fournissant une aide pour apporter des soutiens adaptés aux élèves les plus exposés aux échecs dans la maîtrise de la langue écrite (enfants nouveaux arrivants non francophones, enfants porteurs de troubles du langage par exemple). Les dispositifs d'évaluation des acquisitions en français sont reconduits et enrichis ; les maîtres sont aidés pour pouvoir en tirer un meilleur profit et proposer à leurs élèves fragiles ou en difficulté des réponses pédagogiques adaptées. C'est tout particulièrement le cas au cours préparatoire : le caractère particulier de cette classe exige qu'une attention privilégiée lui soit accordée. On sait aujourd'hui en effet que la grande difficulté se constitue dès le début de l'école élémentaire et qu'elle est trop rarement surmontée par la suite. Afin de rendre plus aisées les adaptations pédagogiques requises dans ces classes, il a été décidé, pour l'année scolaire 2003-2004 d'amplifier l'expérience des cours préparatoires à effectifs réduits (une dizaine d'élèves) qui a concerné, en 2002-2003, 100 classes situées dans des écoles accueillant une population défavorisée, plus vulnérable face aux exigences des apprentissages scolaires comme en attestent les résultats des années antérieures aux évaluations nationales en CE2. Ce sont environ 400 classes supplémentaires qui voient cette année leurs effectifs limités à une douzaine d'élèves. Par ailleurs, dans des secteurs difficiles, d'autres dispositifs permettent de diversifier les modalités de prise en charge pédagogiques afin de renforcer les aides apportées aux élèves en difficulté dans plus de 3 000 classes de cours préparatoire : pour moitié de ces classes, des maîtres supplémentaires renforcent régulièrement l'action de l'enseignant, pour l'autre moitié, ce sont des assistants d'éducation qui créent, par leur présence à temps partiel dans la classe, des conditions de travail nouvelles. Dans le même temps, des outils ont été mis à la disposition des enseignants des classes de cours préparatoire afin de les aider dans la mise en oeuvre de leur pratique pédagogique. Outre ces mesures pédagogiques, le plan de prévention de l'illettrisme comprend d'autres volets. Des actions sont conduites hors temps scolaire avec la mise en place, par les services déconcentrés de la jeunesse et de l'éducation populaire, d'un programme d'incitation à la lecture et à l'écriture pour les enfants et adolescents qui fréquentent les centres de loisirs sans hébergement (CLSH) et les centres de vacances, et pour ceux qui participent aux activités mises en place dans le cadre des contrats éducatifs locaux (CIEL). Ces actions mobilisent de nombreux partenaires associatifs locaux. Ces mesures devraient permettre d'améliorer les résultats des élèves en lecture et faire que beaucoup moins d'élèves arrivent en difficulté au collège. Mais le plan de prévention de l'illettrisme mis en place doit trouver un prolongement dans la formation des collégiens et sous-tendre l'exigence de réussite générale, avec une attention particulière pour la maîtrise de la langue. Cette priorité est rappelée dans la circulaire de préparation de la rentrée 2004 dans les écoles, les collèges et les lycées n° 2004-015 parue au Bulletin Officiel de l'éducation Nationale (BOEN) du 5 février 2004. Il y est précisé que les professeurs peuvent organiser en commun une partie de leurs heures d'enseignement (dédoublement sur une partie de l'horaire, regroupements d'élèves, interventions communes...) afin, notamment, de remédier aux difficultés des élèves encore faibles lecteurs. Un site internet ministériel dédié à la prévention de l'illettrisme est ouvert depuis la rentrée 2003 (www.bienlire.education.fr). Il apporte des informations et des indications de ressources aux enseignants, parents, associations et autres acteurs impliqués dans des actions en faveur de la lecture tout au long de la scolarité obligatoire ; il favorise la mutualisation des pratiques ainsi que des échanges tout particulièrement entre chercheurs et praticiens.

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