Question de M. GUERRY Michel (Français établis hors de France - UMP) publiée le 05/08/2004

M. Michel Guerry attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'avenir de la cinémathèque " Afrique " du département qui dispose d'un fonds de plus de 6 000 copies - films 16 millimètres, 35 millimètres et vidéo - en provenance du ministère de la coopération qui avait su, dans une politique culturelle active, la dynamiser. Il lui rappelle que grâce à une organisation spécifique de diffusion en France et dans le monde, cette cinémathèque a pu assurer leur circulation, soutenir des projets de développement comme de réelle intégration des communautés, permettre de mener des actions de sensibilisation, favoriser des rencontres interculturelles notamment auprès de centres culturels à l'étranger et aider à combattre la discrimination. Il souhaiterait connaître s'il est exact que serait actuellement étudié par le ministère des affaires étrangères, l'abandon de la cinémathèque " Afrique " et la remise prochaine de toutes ses fonctions et de tous ses documents au futur Musée de Arts premiers. Il lui demande si le futur musée du quai Branly sera vraiment le lieu le plus adapté pour favoriser la diffusion de films réalisés par des cinéastes, des années 60 à nos jours, du continent africain. Il craint, comme de nombreux utilisateurs actuels de la cinémathèque, que ce transfert ne constitue les prémices du démantèlement d'un outil de travail unique et remarquable, dernier lieu de mémoire vivante, voire de soutien, auprès des créateurs du cinéma africain francophone. Il s'inquiète enfin que les amis africains de la France ne voient dans tout cela qu'un rejet de la modernité de leur culture, une assimilation de celle-ci à une esthétique du passé.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 31/05/2005

La cinémathèque Afrique constitue un outil essentiel de coopération dans le domaine de l'audiovisuel avec le continent africain, auquel le ministère des affaires étrangères est très attaché. Elle permet, notamment, la consultation sur place et la diffusion d'une grande partie du patrimoine cinématographique africain qui, sans elle, serait aujourd'hui introuvable. Elle dispose d'un fonds de 1200 films, documentaires et animations concernant l'Afrique, des années soixante à nos jours : 500 sont à la disposition des organismes, établissements, institutions à vocation culturelle, sociale ou éducative, des centres culturels, des instituts français et des festivals de cinéma pour des projections non commerciales, et 700 sont archivés et font l'objet de conditions particulières. En 2003, par exemple, la cinémathèque Afrique a prêté plus de 2000 copies (59 % de fictions, 33 % de documentaires et 8 % d'animations) à des associations et ONG (35 %), des établissements scolaires (20 %), des municipalités (18 %), des festivals en France et à l'étranger (18 %) et au réseau des établissements culturels (10 %). Sa gestion incombe depuis 1999 à l'Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF), créée par le ministère des affaires étrangères en 1945. Cet opérateur assure, entre autres, la mise à jour du catalogue de films, la négociation des droits d'exploitation, la réalisation de copies, la gestion des emprunts. Une réflexion sur l'avenir de la cinémathèque Afrique a été engagée par le ministère dans le cadre d'une refonte et d'une relance globales de sa coopération. Constat a été fait que les principaux utilisateurs du fonds étaient essentiellement français, ce qui ne correspond pas prioritairement aux missions du ministère des affaires étrangères, et que les locaux actuels n'étaient plus adaptés à la consultation sur place et ne donnaient pas à la cinémathèque une visibilité suffisante. C'est pourquoi, lors de la réunion du conseil d'administration de l'ADPF le 19 janvier dernier, son transfert a été confirmé dans une structure où elle serait davantage mise en valeur. Le choix s'est arrêté sur le musée du quai Branly qui, non seulement, de par sa vocation première, la rendra accessible à un public plus vaste mais aussi, de par ses structures et son équipement modernes, facilitera la consultation sur place et le travail de recherche. Ce faisant, le ministère des affaires étrangères ne se désintéresse pas de l'avenir de cet outil de travail incomparable. Il entend le maximiser en contribuant à la pérennité du patrimoine cinématographique africain. C'est ainsi qu'il a lancé un grand projet de « préservation des patrimoines audiovisuels et promotion de la diversité culturelle » qui devrait permettre de débloquer, entre autres, une enveloppe destinée à la numérisation du fonds de la cinémathèque Afrique. Numérisés, ces films, documentaires et animations pourront être conservés plus facilement et seront préservés. Cette numérisation devrait s'accompagner de la remise de copies à des institutions spécialisées ou des opérateurs africains afin qu'ils en assurent la diffusion locale.

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