Question de M. DARNICHE Philippe (Vendée - NI) publiée le 25/11/2004

M. Philippe Darniche désire attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales sur les problèmes de main-d'oeuvre agricole saisonnière pour laquelle les différences de coût avec nos voisins européens représentent un handicap très lourd, tant pour les producteurs de fruits et légumes que pour les pépiniéristes viticoles et les horticulteurs. L'introduction de travailleurs immigrés par les autres pays de l'Union comme l'Allemagne, qui a fait travailler sur son territoire cette année 250 000 salariés polonais et vient de signer une convention à cet effet avec la Pologne pour une durée de sept ans, met les producteurs français dans une situation très difficile. Face au coût élevé des charges de personnel en France, à la pénurie de salariés agricoles français et aux inabordables procédures de recrutement de saisonniers étrangers, toute l'agriculture spécialisée et dite de " main-d'oeuvre " risque de s'écrouler et de ne plus faire face à la concurrence au vu des distorsions constatées avec les trois autres principaux producteurs que sont l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les nouvelles mesures qu'il envisage de mettre en oeuvre et s'il peut être recherché une solution française sans qu'il soit nécessaire de recourir à l'immigration.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la ruralité publiée le 10/02/2005

Les producteurs de plants de vigne peuvent se trouver confrontés à des difficultés pour recruter sur place les salariés nécessaires à l'accomplissement des travaux saisonniers. C'est pourquoi des instructions ont été données en juin 2003 aux services déconcentrés de l'Etat afin que soient établis au niveau départemental des plans d'actions concertés pour le recrutement de la main-d'oeuvre saisonnière agricole notamment par la mise en place des guichets uniques gérés en partenariat avec les organismes paritaires et l'ANPE pour faciliter le rapprochement des employeurs et des demandeurs d'emploi. L'action de ces guichets uniques devra désormais être coordonnée avec celle des maisons de l'emploi créées par la loi de programmation pour la cohésion sociale afin d'optimiser le service rendu aux demandeurs d'emploi et aux entreprises en aidant celles-ci dans leurs projets et en favorisant le retour à l'emploi des demandeurs, notamment par un accès simplifié au service public de l'emploi. La situation du marché de l'emploi avec un taux de chômage supérieur à 9 % invite en effet à une mobilisation de tous les acteurs concernés pour faciliter le recrutement de la main-d'oeuvre locale. En ce qui concerne la libre circulation des travailleurs salariés des nouveaux pays membres de l'Union européenne, les traités d'adhésion ont prévu une période transitoire de sept ans pendant laquelle les pays membres peuvent maintenir les dispositions nationales en matière d'immigration. Le gouvernement français, compte tenu de la situation de l'emploi précédemment rappelée, a décidé de maintenir pendant cinq ans le principe de l'introduction des travailleurs salariés étrangers par le canal de l'Office des migrations internationales dans le cadre d'une autorisation de travail, avec révision possible de cette position dans deux ans, soit le 1er mai 2006, notamment pour la main-d'oeuvre saisonnière. S'agissant de la charge que représente la main-d'oeuvre dans les coûts de production, il convient de préciser que l'harmonisation du coût du travail pour pallier la distorsion de concurrence avec les producteurs des autres pays suppose notamment une harmonisation des régimes de protection sociale et de leurs modes de financement. Une telle solution requiert une décision unanime de l'ensemble des pays membres de l'Union européenne. C'est pourquoi d'autres mesures ont d'ores et déjà été mises en oeuvre par le Gouvernement. Ainsi, le coût du travail, en particulier pour les bas salaires, a fait l'objet de la priorité du Gouvernement qui s'est traduite par la loi du 17 janvier 2003 relative aux salaires, au temps de travail et au développement de l'emploi. Celle-ci a instauré, depuis le 1er juillet 2003, une réduction générale des cotisations patronales de sécurité sociale qui porte sur 26 points de pourcentage. Ainsi au niveau du SMIC l'exonération est totale et elle est ensuite dégressive jusqu'à 1,6 SMIC. Elle est donc très favorable pour les faibles revenus. Elle est de plus déconnectée de la durée du travail et donc compatible avec l'accomplissement d'heures supplémentaires, ce qui est très favorable au secteur des fruits et légumes. Enfin, sur proposition du ministre de l'agriculture, le Premier ministre a nommé un parlementaire en mission, M. Jacques Le Guen, député du Finistère, qui sera chargé d'identifier les enjeux réels et les freins au développement de la compétitivité de nos entreprises françaises, d'examiner les facteurs de distorsions de concurrence européens, notamment sur le coût de la main-d'oeuvre et de formuler des propositions destinées à y remédier.

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