Question de M. TODESCHINI Jean-Marc (Moselle - SOC) publiée le 11/02/2005

Question posée en séance publique le 10/02/2005

M. Jean-Marc Todeschini. Ma question s'adresse à M le ministre de l'éducation nationale.

Après les fermetures de bureaux de poste, celles des perceptions, ou les fermetures de subdivisions de l'équipement, la casse des services publics continue avec l'éducation nationale. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

Mme Hélène Luc. Exactement !

M. Jean-Marc Todeschini. Les décisions de fermetures de classes et de suppressions de postes d'enseignants tombent comme à Gravelotte.

M. Josselin de Rohan. Il n'y a plus d'élèves !

M. Jean-Marc Todeschini. Monsieur le ministre, vous évoquez toujours les résultats et les performances du système éducatif en stigmatisant le taux d'encadrement. Vous dénoncez l'opposition, qui, selon vous, ne proposerait « qu'une addition de moyens ». Mais c'est un habillage pour éviter de répondre sur l'essentiel.

La liste des classes fermées, des filières d'enseignement professionnel supprimées, des établissements occupés par les parents d'élèves, des actions entreprises par les lycéens s'allonge de jour en jour.

M. Roland Courteau. C'est la vérité !

M. Jean-Marc Todeschini. Les académies qui connaissent des situations économiques difficiles au niveau de l'emploi et de la réindustrialisation sont les grandes perdantes, comme Lille - 1000 suppressions de postes - et Nancy-Metz - 600 postes supprimés.

Mais toutes les académies sont touchées : plus de 300 postes supprimés à Dijon et Orléans ; plus de 250 suppressions de postes à Reims, Rennes et Rouen.

Même les académies qui connaissent une croissance démographique sont victimes d'une hémorragie de postes, comme Aix-Marseille, avec plus de 200 suppressions.

En dénonçant, au moment du vote de votre projet de budget pour 2005, ce qui allait nous attendre sur le terrain, j'étais loin du compte.

Aux milliers de postes supprimés s'ajoute aujourd'hui la déscolarisation des enfants de deux ans.

M. Josselin de Rohan. L'école n'est pas une garderie !

M. Jean-Marc Todeschini. Après toutes les fermetures de postes non visibles directement, aujourd'hui on ne prend plus en compte dans les effectifs les enfants de deux ans, sauf dans les ZEP, et cela sans aucune concertation avec les élus locaux !

Les maires des communes concernées sont, avec le plus profond mépris, mis devant le fait accompli et les problèmes liés à l'accueil de la petite enfance.

Ces maires avaient accepté des fusions d'écoles, consenti des efforts financiers importants pour le bon fonctionnement de celles-ci. Aujourd'hui, ils se rendent compte qu'il s'agissait d'un marché de dupes !

Si, sur le terrain, recteurs et inspecteurs d'académie sont jugés responsables de ce grand chantier de démolition, il vous incombe, à vous, monsieur le ministre, en tant que maître d'ouvrage, d'assumer votre politique et celle du Gouvernement !

Votre politique, c'est de laisser les enseignants, les parents, les élus et les élèves dans le désarroi. Aujourd'hui, ils sont ensemble, ici où là et sur l'ensemble du territoire, dans les rues, devant les rectorats, pour manifester leur colère afin de se faire entendre.

M. Josselin de Rohan. Allons !

M. Jean-Marc Todeschini. Ma question est simple : allez-vous enfin les écouter, et cesser cette « sourde attitude » ?

Entendez-vous revenir sur ces mesures de suppressions de postes, de classes, de filières ?

Allez-vous enfin entendre le malaise profond que les jeunes lycéens expriment en ce moment dans la rue ?

M. Dominique Braye. Mensonges !

M. Jean-Marc Todeschini. Allez-vous enfin cesser de les considérer comme des écervelés ou des manipulés, ainsi que l'a toujours fait la droite ?

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 11/02/2005

Réponse apportée en séance publique le 10/02/2005

M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur Todeschini, je pense que chacun doit faire preuve de beaucoup d'humilité.

M. René-Pierre Signé. La question dérange !

M. François Fillon, ministre. S'agissant des manifestations de lycéens, je vous rappelle qu'ils étaient 500 000 dans les rues en 1998 et 200 000 en 1999. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC. - Sourires sur les travées de l'UMP.)

M. Dominique Braye. Effectivement !

Mme Hélène Luc. Mais le projet a été retiré !

M. François Fillon, ministre. Je le dis simplement parce que vous avez fait une nouvelle fois la démonstration, par la manière dont vous avez posé votre question, que vous ne proposez rien d'autre que des moyens supplémentaires, alors même que notre système fait aujourd'hui la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes de l'échec scolaire. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. Jean-Marc Todeschini. Répondez à la question !

M. François Fillon, ministre. Je ne me satisferai jamais que 150 000 jeunes soient sacrifiés par notre système parce que nous refusons de le faire évoluer.

Je n'accepte pas que plus de 80 000 jeunes, et ce chiffre est en augmentation, entrent en sixième sans savoir lire, écrire et compter, et soient donc condamnés à l'échec ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Que proposez-vous pour faire face à cela ? Rien, sinon continuer à mettre en place des moyens sans aucune innovation pédagogique, sans aucun effort pour les jeunes qui sont en difficulté. (Mme Nicole Bricq s'exclame.)

Le projet de loi que vous allez examiner dans quelques jours, c'est 2 milliards d'euros, c'est 150 000 recrutements,...

M. Jean-Marc Todeschini. Vraiment, 150 000 recrutements ? Et les retraités ?

M. François Fillon, ministre. ...c'est trois heures de soutien par semaine - ce que jamais vous n'aviez proposé -, c'est le dédoublement des cours de langue pour que la France cesse d'être le dernier pays européen en matière d'apprentissage des langues (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP) ...

M. Jean-Marc Todeschini. On rêve ! Vous y croyez vraiment ?

M. François Fillon, ministre. ...c'est la multiplication par cinq des classes relais pour accueillir les élèves qui sont en difficulté, c'est la multiplication par trois des bourses au mérite, c'est l'introduction dans l'université des instituts universitaires de formation des maîtres, pour élever leur niveau.

On va pouvoir discuter de toutes ces questions et vous aurez du mal à démontrer que, face à cet effort, vous proposez vraiment une politique alternative.

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