Question de M. BILLARD Joël (Eure-et-Loir - UMP) publiée le 24/03/2005

M. Joël Billard rappelle à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille qu'en 1980 Mme Simone Veil, ministre de la santé, avait supprimé la vaccination anti-variolique chez les enfants. Cette décision était intervenue après plusieurs accidents provoqués par des encéphalites varioliques. On avait alors jugé que le risque causé par la vaccination était plus grand que le risque d'être atteint par la maladie. La crise grave créée par l'épizootie de fièvre aphteuse chez les animaux ne devrait-elle pas nous amener à nous interroger sur notre attitude face à la variole chez l'homme ? En effet, certains vétérinaires avaient très tôt prévu, dès 1990, une réapparition de la fièvre aphteuse, vers 1998-2000, considérant alors qu'il n'y aurait plus d'animaux vaccinés. La durée de vie d'un animal non vacciné est de cinq à six ans. Le nombre de sujets non immunisés tend vers zéro assez rapidement et on arrive à la situation actuelle. De la même manière s'agissant, pour l'homme, de la variole, on peut considérer qu'il y a peu de risques chez les adultes de plus de 25 ans qui ont tous été vaccinés. Il lui demande s'il ne pense pas, en revanche, que d'ici 15 à 25 ans, s'il existe toujours des foyers endémiques, il existera alors un risque de réapparition de la variole chez l'homme, maladie qui est malheureusement mortelle dans un cas sur deux ? Par ailleurs, il avait été indiqué, à l'époque, que quelques centaines de milliers de doses de vaccins seraient conservées à Genève. Il lui demande de confirmer que ces stocks existent bien et sont renouvelés.

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Transmise au Ministère de la santé et des solidarités


Réponse du Ministère de la santé et des solidarités publiée le 13/10/2005

La variole est une maladie virale dont l'éradication a été officiellement déclarée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lors de la 33e assemblée mondiale de la santé en 1980. Il s'agit d'une maladie humaine (aucun réservoir animal n'a jamais été identifié) et il n'existe plus de foyers endémiques : le dernier cas de variole dans le monde est survenu en 1977 en Somalie. La survenue d'un nouveau cas de variole serait ainsi liée à une action délibérée. En France, la loi n° 79-520 du 2 juillet 1979 a supprimé la primo vaccination contre la variole, avant que la loi n° 84-404 du 30 mai 1984 ne supprime totalement l'obligation de vaccination, et alors que tous les pays adhérant à l'OMS décidaient également d'arrêter de vacciner systématiquement contre cette maladie. Le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), dans un avis en date du 5 novembre 2001, indique que la vaccination de la population dans le contexte actuel n'est pas justifiée, notamment au regard de l'analyse des bénéfices et des risques d'une vaccination de masse en l'absence de cas. Les arguments développés en faveur d'une stratégie de vaccination graduée sont les suivants : d'une part, il s'agit d'éviter les risques d'effets secondaires graves des vaccins disponibles actuellement ; d'autre part, il s'agit de favoriser des mesures plus efficaces pour contrôler la transmission de la maladie (telles que l'isolement et la vaccination autour d'un cas). Conformément à l'OMS, le CSHPF propose la constitution d'équipes dédiées et l'identification d'intervenants de première ligne qui seraient vaccinés en fonction du niveau d'alerte. Enfin, 2,5 millions de doses de vaccin antivariolique sont toujours conservées par l'OMS à Genève, et font l'objet de tests d'efficacité réguliers. La France dispose de 72 millions de doses de vaccin antivariolique, qui pourraient être utilisées en cas de menace. Ces doses sont régulièrement testées par l'AFSSAPS pour s'assurer de leur efficacité. La question de leur renouvellement se posera quand ces tests indiqueront une efficacité insuffisante. Ces stocks pourront également faire l'objet d'un renouvellement si un vaccin de nouvelles générations, aussi efficace et provoquant moins d'effets secondaires obtient une autorisation de mise sur le marché.

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