Question de M. RAOULT Paul (Nord - SOC) publiée le 01/09/2005

M. Paul Raoult appelle l'attention de Mme la ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité sur les difficultés que rencontrent les ateliers et chantiers d'insertion pour mettre en oeuvre les nouveaux contrats d'accompagnement à l'emploi (CAE) et contrats d'avenir (CA). En effet, aux termes de la loi dite de cohésion sociale n° 2005-32 du 18 janvier 2005, les CAE et CA ont remplacé les contrats emploi solidarité et contrats emploi consolidé auxquels les ateliers et chantiers d'insertion (ACI) avaient jusqu'alors recours pour accompagner les personnes éloignées de l'emploi dans leur parcours de réinsertion sociale et professionnelle. A titre d'exemple, les ACI de Nord-Pas-de-Calais embauchaient chaque année quelque 4 500 personnes en grande difficulté grâce à ces contrats. Or, depuis de nombreux mois, les pouvoirs publics ont été alertés par le réseau des ACI sur les difficultés de mise en oeuvre de ces nouveaux contrats, en particulier du fait du coût très élevé qu'ils représentent pour eux, et seuls des ajustements temporaires ont été consentis par les pouvoirs publics malgré les engagements pris à plusieurs reprises par le ministre de l'emploi et ses services sur une rectification du dispositif. Les ACI souhaitent donc, d'une part, un relèvement des montants de prise en charge de ces contrats par l'Etat, de telle sorte que les coûts pour l'employeur soient équivalents à ce qu'ils étaient avec leurs prédécesseurs, et, d'autre part, une aide de l'Etat constante sur toute la durée du contrat dans le cas des CA. Enfin, ils jugent inacceptable un recentrage des CAE sur les seuls publics jeunes tel que les pouvoirs publics l'ont envisagé et s'inquiètent de l'exclusion de tout parcours d'insertion des personnes qui ne répondraient pas aux critères définis pour l'accès aux CA et CAE. Il lui demande donc quelles mesures concrètes il compte prendre afin de permettre aux ateliers et chantiers d'insertion de poursuivre leur mission de manière satisfaisante.

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Réponse du Ministère délégué à la cohésion sociale et à la parité publiée le 16/02/2006

L'attention du Gouvernement a été appelée sur les préoccupations des responsables de structures d'insertion par l'activité économique relatives au financement du contrat d'avenir et aux conséquences que le coût de ce nouveau dispositif pourrait avoir sur le fonctionnement des ateliers et chantiers d'insertion. Le plan de cohésion sociale témoigne de la volonté du Gouvernement de consolider le secteur de l'insertion par l'activité économique et de lui permettre de mener à bien ses missions d'insertion sociale et professionnelle des personnes éloignées de l'emploi. En particulier, la loi n° 2005-32 de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005 a apporté les réponses adaptées aux spécificités des ateliers et chantiers d'insertion, tout en consacrant leur reconnaissance législative par l'article L. 322-4-16-8 du code du travail. Concernant le financement public des personnes embauchées en contrat d'avenir par un atelier ou chantier d'insertion conventionné, l'aide afférente au contrat d'avenir versée par l'Etat en complément de l'aide correspondant à l'activation des minima sociaux n'est pas soumise aux règles de dégressivité retenues pour les autres employeurs, et ce, afin de prendre en compte les spécificités des coûts de fonctionnement des ateliers et chantiers d'insertion. Cette aide non dégressive est fixée à 90 % du différentiel entre la rémunération et le montant de l'aide correspondant à l'activation du RMI, de l'ASS ou de l'API. Cette mesure transitoire prise en application de la circulaire commune des ministères délégué au budget et à la réforme budgétaire et de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale et en date du 5 avril 2005 relatives aux ateliers et chantiers d'insertion a pour objet de neutraliser le surcoût financier lié à l'augmentation de la part de la rémunération à la charge des employeurs spécifiques d'insertion. Par ailleurs, les ateliers et chantiers d'insertion peuvent mobiliser le contrat d'accompagnement dans l'emploi depuis le 1er mai 2005. Ce contrat, amené à prendre la succession des actuels contrats emploi-solidarité et contrats emploi consolidé, a une durée adaptée aux besoins des personnes en insertion et prévoit des actions d'accompagnement et de formation. Le taux de prise en charge des CAE est décidé par les préfets en fonction des spécificités locales et de la nature des employeurs et des publics. Cette gestion de proximité permet de prendre en compte d'éventuelles difficultés. Cependant, pour les jeunes de moins de 26 ans le taux de prise en charge du CAE sera de 105 % du SMIC, jusqu'en juin 2006. Pour ces deux contrats, les ateliers et chantiers d'insertion bénéficient également d'une exonération du paiement des cotisations patronales de sécurité sociale dues au titre des assurances sociales, des accidents du travail, des maladies professionnelles et des allocations familiales dans la limite du SMIC. Ces mesures ont bien pour effet de permettre aux structures d'insertion par l'activité économique de bénéficier des outils les plus adaptés à leur situation économique et financière. En outre, la loi de cohésion sociale a créé une aide à l'accompagnement dans les ateliers et chantiers d'insertion. Cette aide modulable dans la limite d'un montant annuel de 15 000 EUR par dispositif représente un effort financier annuel de l'Etat d'un montant de 24 MEUR pendant toute la durée du plan. Elle est réservée aux ateliers et chantiers d'insertion conventionnés qui développent un projet pertinent et efficace en matière d'accompagnement socioprofessionnel favorisant l'accès et le retour à l'emploi durable. Enfin, la mobilisation du fonds départemental d'insertion dont les moyens ont été accrus dans le cadre du plan de cohésion sociale d'une part et des dispositifs locaux d'accompagnement (DLA) d'autre part a pour objectifs d'accompagner les ateliers et chantiers d'insertion en vue de permettre entre autre, la professionnalisation de l'activité, la consolidation financière des structures et la solvabilisation de l'offre. Les préoccupations des représentants du secteur de l'insertion par l'activité économique en ce qui concerne les coûts de fonctionnement des ateliers et chantiers d'insertion font l'objet d'un examen partagé avec les acteurs de l'IAE et les services de la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle dans le cadre d'un groupe de travail mis en place le 8 mars 2005 par le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale. D'autre part, une mission de l'IGAS est chargée d'examiner les conditions de l'équilibre économique des chantiers d'insertion et de faire des propositions sur leur évolution. L'ensemble des moyens financiers et des outils mis à la disposition des ateliers et chantiers d'insertion par le plan de cohésion sociale, doit leur permettre d'assurer dans un cadre juridique renouvelé leurs missions d'accès et de retour à l'emploi des personnes les plus exclues.

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