Question de Mme LE TEXIER Raymonde (Val-d'Oise - SOC) publiée le 22/06/2006

Mme Raymonde Le Texier attire l'attention de M. le ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes sur l'utilisation de la dispense de recherche d'emploi dans la politique de lutte contre le chômage.
Les 50-64 ans restent l'une des catégories les plus touchées par le chômage et leur taux d'activité est le plus faible d'Europe. Non seulement la dispense de recherche d'emploi permet de retirer des statistiques sur le chômage plus de 400 000 personnes, mais elle fait passer un message d'exclusion et de marginalisation à cette catégorie de population : « vous n'intéressez plus le marché du travail, il est donc inutile que vous continuiez de chercher un emploi ». A l'heure où pour bénéficier d'une retraite complète on demande aux salariés d'allonger leur durée d'activité, le message est pour le moins contradictoire.
Afin de mieux prendre en compte la situation particulière qui touche les 50-64 ans, il est dans l'intérêt du gouvernement et de la population de se mobiliser sur la question de l'emploi des seniors. Au-delà des moyens classiques d'incitation à l'embauche, il est nécessaire de changer les mentalités. En retirant la dispense de recherche d'emploi, on réaffirme symboliquement que les seniors peuvent et doivent jouer un rôle dans l'économie, au lieu de les utiliser pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage. C'est pourquoi, elle lui demande plutôt que d'utiliser la dispense de recherche d'emploi pour faire reculer les statistiques sur l'emploi des seniors quelle politique globale il compte mettre en place pour cette population dont l'expérience et les compétences sont plus que jamais utiles à notre économie.

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Réponse du Ministère délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes publiée le 31/08/2006

L'attention du ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes a été attirée sur les mesures devant être mises en oeuvre pour favoriser l'emploi des seniors dans notre société. Les partenaires sociaux et les pouvoirs publics ont, au cours des dernières années, déjà oeuvré pour rompre avec le consensus social qui aboutissait à écarter du marché du travail, par la voie de la cessation anticipée d'activité, de nombreux salariés expérimentés. L'effort collectif mené depuis 2002 s'est traduit par le resserrement des dispositifs de préretraites publiques, par la réforme des retraites en 2003, par l'accord national interprofessionnel et la loi sur la formation professionnelle tout au long de la vie en 2004 et par le plan santé au travail 2005-2009. Néanmoins, malgré ces avancées, notre économie ne parvient toujours pas à valoriser comme elle le devrait le potentiel de compétences représenté par les seniors. L'âge demeure un facteur de discrimination considérable dans l'accès à la formation, qui chute à partir de quarante-cinq ou cinquante ans, en particulier pour les ouvriers et les employés, et constitue un risque supplémentaire d'exposition aux licenciements économiques et individuels. Dès cinquante ans, la probabilité d'embauche est deux fois plus faible que celle des trente - quarante-neuf ans. Pour rompre avec cette logique d'exclusion particulièrement néfaste, tant pour les personnes elles-mêmes que pour l'ensemble de notre économie, et faire suite à l'accord interprofessionnel du 13 octobre 2005, signé le 9 mars 2006, un plan d'action national concerté pour l'emploi de seniors a été élaboré et présenté le 6 juin 2006. Le premier objectif du plan est de faire évoluer les représentations socio-culturelles. Cette transformation des mentalités constitue aujourd'hui le premier défi. Un espace dédié à la gestion des âges sur le site du ministère du travail, ainsi que des campagnes destinées à sensibiliser les entreprises à la gestion des âges et la diffusion des bonnes pratiques, autour notamment du réseau de l'ANACT, sont donc mis en place. Au-delà de ces actions ciblées, une campagne de communication de dimension nationale, destinée, d'une part, au grand public et, d'autre part, aux entreprises et aux salariés eux-mêmes, sera lancée dès le mois de septembre 2006, afin de renverser les préjugés défavorables à l'emploi des seniors. Dans un but d'efficacité, elle associera tous les médias nationaux et se prolongera sur l'année 2007. Le deuxième objectif est de favoriser le maintien dans l'emploi des seniors, en donnant un caractère systématique à toutes les démarches favorisant une gestion active et préventive des ressources humaines, qu'il s'agisse des entretiens de carrière, de la formation, de l'amélioration des conditions de travail, etc. Le troisième objectif est de faciliter le retour à l'emploi des seniors grâce notamment au développement de l'offre du service public, de l'emploi et de la mobilisation des contrats aidés, la suppression progressive de la contribution Delalande ainsi que la transposition dans le code du travail de la disposition prévue par les partenaires sociaux qui prévoit un CDD destiné à favoriser l'embauche des salariés de plus de cinquante-sept ans. Le quatrième objectif est relatif à l'aménagement des fins de carrière, autour d'une série de mesures incitatives à la poursuite d'une activité motivante, le cas échéant à temps partiel, assorties d'une mission de tutorat, dans un cadre général favorable à une poursuite d'activité au-delà de soixante ans. Le caractère incitatif de la surcote sera renforcé et les possibilités de cumul emploi-retraite seront élargies. Enfin, le cinquième objectif du plan consiste à inscrire véritablement cette démarche dans la durée : c'est la raison pour laquelle un groupe permanent de suivi sera mis en place, en lien avec le conseil d'orientation des retraites, afin de définir et suivre des indicateurs de performance et de proposer les ajustements nécessaires à sa bonne mise en oeuvre. Concernant plus précisément la dispense de recherche d'emploi, il convient de ne pas confondre les objectifs. S'il est souhaitable d'inciter les seniors à rechercher activement un emploi, la première priorité est de mieux les accompagner et de modifier l'environnement des entreprises pour qu'elles laissent une plus grande place aux seniors. La mise en place du plan seniors est dans un premier temps la priorité absolue.

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