Question de Mme ALQUIER Jacqueline (Tarn - SOC) publiée le 22/02/2007

Mme Jacqueline Alquier attire l'attention de M. le ministre délégué aux anciens combattants sur l'application de la loi n° 85-528 du 15 mai 1985 relative aux actes de décès des personnes disparues en déportation pendant la seconde guerre mondiale.
Alors que le ministère des anciens combattants estime que 115 500 personnes sont mortes en déportation, les travaux de la Fondation pour la mémoire de la déportation portent ce chiffre à 164 000.
Or à ce jour seules 50 168 personnes ont effectivement bénéficié de l'attribution de la mention "mort en déportation" soit moins de 30 %.
On constate donc une application particulièrement incomplète de la loi, pour laquelle les explications données font état, au mieux de "la complexité de la tâche" au pire de "l'indisponibilité de la personne chargée de signer les documents nécessaires...".
En outre parmi les personnes disparues en déportation un grand nombre n'ont même jamais été déclarées décédées. Face au risque que représentent les thèses révisionnistes et négationnistes et afin d'accomplir le devoir de mémoire et de vérité historique, il est urgent de mener à son terme le travail prévu par la loi du 15 mai 1985.
Elle lui demande donc quelles mesures il compte prendre afin que chacune des personnes disparues en déportation puisse bénéficier de la mention "mort en déportation" sans plus de délai.

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Réponse du Ministère délégué aux anciens combattants publiée le 10/05/2007

Le ministre délégué aux anciens combattants souhaite préciser à l'honorable parlementaire qu'en application des dispositions de l'article 1er de la loi n° 85-528 du 15 mai 1985 sur les actes et jugements déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation, la mention « mort en déportation » est portée sur l'acte de décès de toute personne de nationalité française, ou résidant en France ou sur un territoire antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France, qui, ayant fait l'objet d'un transfert dans une prison ou un camp visé par l'article L. 272 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, y est décédée. La même mention est portée sur l'acte de décès si la personne a succombé à l'occasion du transfert. L'existence d'un acte de décès ou d'un jugement déclaratif de décès au nom d'une victime est donc indispensable dans le cadre de l'octroi de la mention « mort en déportation » en sa faveur. Ainsi, conformément aux dispositions de l'article 99 du code civil, pour les victimes décédées dans les conditions donnant droit à l'attribution de cette mention, pour lesquelles il n'existe ni acte de décès, ni jugement déclaratif de décès, il appartient à « toute personne intéressée », de saisir le procureur de la République près le tribunal de grande instance compétent compte tenu du dernier domicile connu de la victime, afin que soit rendu un jugement déclaratif de décès de celle-ci, préalable indispensable à l'apposition de la mention en cause sur son acte de décès. Depuis l'intervention de la loi du 15 mai 1985 déjà citée, la notion de « toute personne intéressée » a été considérée comme pouvant s'appliquer à un des membres de la famille de la victime. La raison principale des difficultés relatives à l'attribution de la mention « mort en déportation » tient au fait que les familles des personnes déportées doivent solliciter les tribunaux de grande instance, afin d'engager une procédure judiciaire de déclaration de décès, alors que ces juridictions connaissent par ailleurs une charge de travail très importante. Conscient de cette difficulté, la ministre de la défense a demandé au garde des sceaux, ministre de la justice, que soit étudiée la possibilité que donne l'interprétation extensive de la loi en cause, d'établir, au nom de son département ministériel, les actes de décès des déportés, préalables indispensables à l'attribution de la mention dont il s'agit. Cette mesure aurait notamment pour conséquence d'alléger l'instruction des dossiers au niveau des familles qui n'auraient plus à solliciter les parquets. Cette démarche, si elle reçoit l'accord du garde des sceaux, ministre de la justice, devrait permettre la régularisation des actes de décès à partir de tous les dossiers des personnes déportées archivés au Service historique de la défense, soit au minimum 30 000 dossiers selon ce service, et répondre à la demande des particuliers comme des associations qui sont intervenus sur ce sujet. Il est fait diligence pour que les démarches entreprises aboutissent rapidement. Des contacts techniques ont d'ailleurs été engagés sur ce dossier entre la direction des affaires civiles et du sceau du ministère de la justice, d'une part et d'autre part, la direction des affaires juridiques, celle des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale et le service historique de la défense.

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