Question de M. SOUVET Louis (Doubs - UMP) publiée le 19/07/2007

M. Louis Souvet attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables sur le développement de la géothermie. Certes la France ne pourra jamais égaler les performances de l'Islande dans ce domaine, inégalité géologique oblige, cependant la quasi confidentialité de ce secteur ne doit pas perdurer à son niveau actuel. Il lui demande l'état des expérimentations dans ce domaine ainsi que les perspectives de développement à moyen et long terme.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables publiée le 20/09/2007

L'un des atouts de la géothermie par rapport aux autres énergies renouvelables électriques est son taux de disponibilité élevé, son fonctionnement étant en effet indépendant des conditions climatiques. La géothermie peut donc être utilisée comme énergie de base dans un réseau électrique. Cette caractéristique lui confère une bonne rentabilité dans les départements d'outre-mer, principal gisement français au vu du contexte géologique, car les coûts de production électrique de la géothermie y sont largement inférieurs à ceux des centrales thermiques diesels qui assurent la majeure partie de l'approvisionnement électrique de ces îles. La géothermie a également un impact environnemental positif dans la mesure où, venant en substitution d'une énergie fossile, elle contribue à la réduction des quantités de CO2 et SO2 rejetées dans l'atmosphère. Elle supprime également les émissions de poussière et les émissions de NOx, responsables des pluies acides. La France dispose aujourd'hui d'une installation de production à Bouillante, en Guadeloupe, de 16 MW. Une troisième tranche est d'ores et déjà envisagée sur ce site, ainsi qu'un projet régional avec la Dominique (projet GéoCaraïbes). De plus, des études de prospection sont lancées depuis 2000 sur des sites analogues à la Martinique et à la Réunion. L'Alsace présentant également des perspectives intéressantes, tant au niveau thermique qu'électrique, plusieurs programmes de recherche ont été lancés pour étudier les formations de roches profondes sèches. Ainsi, l'État a investi à ce jour 30 MEUR sur le site de Soultz-sous-Forêts dans un pilote d'expérimentation scientifique constitué de trois puits qui assure une production d'électricité. Pour arriver à un déploiement large de cette technologie, il faudrait localiser avec certitude les zones potentiellement favorables (haute température, fracturation et état des contraintes appropriées), diminuer considérablement le coût de forage et maîtriser totalement les technologies de création de l'échangeur et de gestion de la ressource thermale. Afin de soutenir les objectifs de développement des installations géothermiques de 90 MW en 2010 et 200 MW en 2015 fixés par la nouvelle programmation pluriannuelle des investissements de production électrique, le tarif d'achat de l'électricité produite par géothermie, initialement de l'ordre de 8 cEUR/kWh, a été révisé à la hausse le 10 juillet 2006. Ainsi, il est porté à 10 cEUR/kWh dans les DOM et 12 cEUR/kWh en métropole. De fait, ce tarif est le plus élevé en Europe. Outre la production d'électricité, il est possible d'envisager d'utiliser la ressource géothermale pour la production de chaleur ou de frigories se substituant à la consommation d'électricité dans des applications industrielles ou tertiaires. De nombreux réseaux de chaleur, notamment en Île-de-France, fonctionnent sur ce principe. L'ADEME a engagé une programmation de soutien à l'extension de ces réseaux de chaleur. Près de 9 000 logements nouveaux y sont raccordés. Enfin, le marché des pompes à chaleur géothermales est toujours en forte croissance. Le nombre de ces installations s'élève à près de 30 000 en 2005 contre 17 000 en 2004. Les technologies géothermales de production de chaleur sont à ce jour bien maîtrisées, que ce soit le forage, l'utilisation des échangeurs thermiques et les pompes immergées. Le déploiement de cette technologie mature est toutefois limité par des paramètres économiques ou géographiques. Il est en effet nécessaire d'avoir à proximité une bonne ressource géothermale et des besoins de chauffage ou de chaleur industrielle. En règle générale, tous les bassins sédimentaires sont pourvus de nappes géothermales, mais le principal obstacle à leur déploiement est d'ordre économique, dans un contexte énergétique volatil. La connaissance du sous-sol profond des Bassins parisien et aquitain doit également encore être approfondie dans cette perspective.

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