Question de M. FRIMAT Bernard (Nord - SOC) publiée le 30/11/2007

Question posée en séance publique le 29/11/2007

M. Bernard Frimat. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, « la France a un problème de pouvoir d'achat ». Ce sont vos propres termes. Enfin, les difficultés quotidiennes des Français sont arrivées à la connaissance du Gouvernement ! (Protestations et rires sur les travées de l'UMP.)

M. René Garrec. Le « enfin » est de trop !

M. Bernard Frimat. Depuis plusieurs semaines, les sénateurs socialistes vous interrogent sans obtenir une réponse qui prenne en compte les inquiétudes des ménages n'arrivant plus à joindre les deux bouts.

Votre réponse se limite à décliner le slogan de campagne « Travailler plus pour gagner plus » et à développer sur les ondes une campagne glorifiant le supposé bonheur futur du salarié qui verrait ainsi son revenu majoré.

Cette propagande sera appréciée à sa juste valeur par ceux dont les revenus stagnent...

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ou baissent !

M. Bernard Frimat. ...ou baissent.

« Gagner moins et payer plus » est un slogan plus illustratif des conséquences de votre politique.

Plusieurs sénateurs socialistes. C'est vrai !

M. Bernard Frimat. Que proposez-vous pour augmenter les salaires des travailleurs postés qui ne peuvent pas faire d'heures supplémentaires ?

Que proposez-vous pour augmenter les salaires des travailleurs auxquels leur patron n'accorde pas d'heures supplémentaires ?

Que proposez-vous pour améliorer la situation des chômeurs, qui demandent non pas à travailler plus, mais, tout simplement, à travailler ?

Les choix de votre gouvernement ont aggravé la situation. Vous avez refusé de donner un coup de pouce au SMIC. Vous avez refusé d'augmenter la prime de rentrée scolaire.

M. Josselin de Rohan. Et Jospin, qu'a-t-il fait ?

M. Bernard Frimat. Vous ignorez la vie difficile des bénéficiaires des petites retraites et vous ne leur proposez dans le budget prochain qu'une augmentation de 1,1 %. (Protestations sur les travées de l'UMP.)

Aucune négociation salariale sérieuse n'a été engagée ni dans le privé ni dans le public. Vous maltraitez les fonctionnaires. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Jacques Mahéas. Ah oui !

M. Jacques Valade. Démagos !

M. Bernard Frimat. Ils vous l'ont crié dans la rue. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ne vous plaignez pas de ce qui est fait !

Mme Éliane Assassi. Assumez !

M. Bernard Frimat. Vous répétez, monsieur le Premier ministre, qu'il n'y a pas d'argent à distribuer. Vous devriez dire que vous n'avez plus d'argent, puisque vous avez préféré arroser généreusement les plus favorisés. (Protestations sur les mêmes travées.)

Les Français ont besoin de mesures concrètes et rapides pour améliorer le pouvoir d'achat. Le parti socialiste a fait des propositions (Oh ! sur les travées de l'UMP), le Gouvernement attend.

Ma question sera simple : l'action du Gouvernement en faveur du pouvoir d'achat se limite-t-elle à attendre passivement que le Président annonce à la télévision des recettes miracles ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC. - M. Nicolas Alfonsi applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi publiée le 30/11/2007

Réponse apportée en séance publique le 29/11/2007

Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'emploi. Eh bien non, monsieur le sénateur : nous ne sommes pas restés dans l'attente.

M. Jacques Mahéas. Ça ne s'est pas vu !

Mme Christine Lagarde, ministre. En revanche, j'ai l'impression que vous, vous n'étiez pas dans l'écoute ! Car la préoccupation du pouvoir d'achat a été au coeur de la campagne de Nicolas Sarkozy pendant des mois. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. - Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Jean-Pierre Bel. Quelle arrogance !

Mme Christine Lagarde, ministre. J'ai déjà indiqué quel était l'ensemble des mesures qui avaient été prises, et je vous rappellerai un certain nombre des principes qui fondent la logique de notre action.

Je vais, puisque après tout je suis ministre de l'économie, des finances et de l'emploi, vous raconter une histoire de chiffres : 1, 2, 3, 4, 5.

1 : c'est moins 1 % en termes de salaires.

2 : ce sont 2 années, les années 1999 et 2000.

3 et 4 : c'était la croissance au cours de ces deux années-là.

5 : c'est un chiffre qui était à mon avis une erreur historique, celui qui a été accolé au chiffre 3 pour faire les 35 heures. (Bravo ! et applaudissements nourris sur les travées de l'UMP ; M. Yves Pozzo di Borgo applaudit également. - Vives protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Cette logique était celle du « travailler moins pour gagner moins ». (Nouveaux applaudissements nourris sur les travées de l'UMP. - Fort brouhaha sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Plusieurs sénateurs de l'UMP. Et 1, et 2, et 3, et 4, et 5... (Rires.)

Mme Christine Lagarde, ministre. La logique que nous avons adoptée... (Le brouhaha persiste.)

M. le président. Mes chers collègues, laissez le calme revenir, s'il vous plaît ! Ce n'est pas sérieux ! (Le brouhaha continue.)

Nous ne bénéficierons pas de la retransmission télévisée ! (Le brouhaha s'éteint lentement.)

Veuillez poursuivre, madame la ministre.

Mme Christine Lagarde, ministre. La logique que nous avons adoptée était une logique exactement inverse puisqu'elle consiste non pas à travailler moins et à gagner moins, mais à travailler plus et à gagner plus.

À nouveau quelques chiffres rapides : quatre heures supplémentaires par semaine, c'est la possibilité d'un treizième, parfois même d'un quatorzième mois pour les salariés. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Charles Gautier. Encore des histoires !

M. Yannick Bodin. Quinze milliards d'euros pour les riches !

Mme Christine Lagarde, ministre. Vous nous reprochez de ne pas nous occuper du chômage. Eh bien, le chômage, et depuis des mois, continue de baisser : actuellement, il est de 8,1 %. Qui plus est, aujourd'hui, les chiffres de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, la DARES, indiquent une poursuite de la baisse du nombre de chômeurs en France.

M. Yannick Bodin. Formidable !

M. Jean-Pierre Michel. C'est à cause de la démographie ! Il n'y a pas d'emplois nouveaux, vous le savez bien !

Mme Christine Lagarde, ministre. Ce combat-là, nous sommes en train de le gagner.

Vous nous reprochez également de ne rien faire non plus en matière de négociation salariale. Je me contenterai de faire de nouveau appel à votre mémoire. Oh ! je ne remonterai pas très loin : le 23 octobre dernier, lors de la conférence « emploi-pouvoir d'achat », qui portait également sur le coût du travail, nous avons posé au nom du Gouvernement, sous la direction du Premier ministre François Fillon, le principe que l'allégement des charges serait subordonné à l'engagement de la négociation annuelle des salaires.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est mal parti !

Mme Christine Lagarde, ministre. C'est un principe fondamental, et il devra s'appliquer dans les entreprises.

M. Yannick Bodin. On verra !

Mme Christine Lagarde, ministre. Nous en entendrons certainement parler de nouveau !

Alors, ne nous dites pas que nous ne faisons rien en matière de salaires et de pouvoir d'achat ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat et plusieurs sénateurs socialistes. Si ! Vous ne faites rien du tout !

M. Yannick Bodin. Vous avez oublié de nous parler de 1929 ! Et de 1913 !

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