Question de M. de BROISSIA Louis (Côte-d'Or - UMP) publiée le 13/06/2008

Question posée en séance publique le 12/06/2008

M. Louis de Broissia. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture et de la communication.

Hélas ! il s'agit encore d'une question d'actualité,…

M. René-Pierre Signé. Patrick Poivre d'Arvor !

M. Louis de Broissia. … car je vais vous parler, madame la ministre, de la presse quotidienne d'information. Celle-ci traverse des difficultés graves, récurrentes – nous en parlons depuis longtemps au Sénat –, en raison de la numérisation de l'information, de la concurrence de nouveaux médias et du développement des sources d'information. Les lecteurs se détournent de la presse papier : selon l'historien Pierre Nora, la disparition progressive de la presse papier est déjà organisée.

Hier, mercredi 11 juin, la direction de douze quotidiens nationaux a publié un communiqué d'une page entière : « Lettre ouverte à ceux qui veulent tuer la presse nationale quotidienne », pour protester contre l'appel lancé par la CGT-Syndicat du livre et de la communication écrite à un arrêt de travail de vingt-quatre heures : aujourd'hui, faute de journaux, le kiosque situé en face du Sénat est fermé. (Marques d'ironie sur les travées du groupe CRC.)

Mmes Nicole Borvo Cohen-Seat et Éliane Assassi. C'est plus grave !

M. Louis de Broissia. Hier, trois cents cégétistes jusqu'au-boutistes, salariés des Nouvelles messageries de la presse parisienne, les NMPP, ont occupé le siège de la société Lagardère, s'opposant à des remaniements dans la filière de la production.

Madame la ministre, voilà deux semaines, le Président de la République a souhaité que soient organisés des États généraux de la presse écrite.

M. René-Pierre Signé. TF1 !

M. Louis de Broissia. Nous ne discutons pas de TF1 ! Nous parlons d'une chose sérieuse : le maintien de la presse écrite et de l'information !

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas sérieux !

M. Louis de Broissia. L'an dernier, le Sénat a publié, au nom de la commission des affaires culturelles, présidée par Jacques Valade, un rapport que j'ai rédigé ; un groupe de travail sur le sujet avait été mis en place. J'ai hésité entre trois titres : j'avais d'abord pensé à Madame, la presse se meurt, madame, la presse est morte – je l'ai écarté ! – ; puis à Tout va très bien, madame la marquise, titre un peu connoté ; finalement, j'ai intitulé ce rapport : Presse quotidienne d'information : chronique d'une mort annoncée ?

M. François Autain. C'est original !

M. Didier Boulaud. Sarko m'a tué !

M. Louis de Broissia. Madame la ministre, nous avons évoqué des pistes. Le Gouvernement va-t-il s'emparer en urgence d'un sujet crucial pour la démocratie, la presse quotidienne d'information, qui est aujourd'hui en danger ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 13/06/2008

Réponse apportée en séance publique le 12/06/2008

Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le sénateur, vous avez rappelé toutes les difficultés rencontrées par la presse écrite, laquelle a d'ailleurs fait l'objet d'un excellent rapport, que vous avez établi sous l'égide du président Jacques Valade.

La presse écrite est, il est vrai, confrontée à Internet, à la concurrence des gratuits et à la hausse des coûts de production. Nous en sommes conscients, et le Gouvernement s'est vraiment impliqué en la matière : je pense au plan des NMPP « Défi 2010 », qui est extrêmement important. Notre participation passera de 8 millions d'euros à 12 millions d'euros, afin de porter le nombre des points de vente de 28 000 à 33 000.

Au cours des derniers mois, 600 points de vente ont été créés, ce qui est déjà un beau succès. Il faut mieux former les kiosquiers, mieux les rémunérer. Le nombre des dépôts doit diminuer. À cette fin, un plan de départ extrêmement généreux prévoit le versement de 60 millions d'euros pour trois cents départs. Ces chiffres donnent une idée des conditions actuelles de travail et de rémunération des ouvriers du livre.

Je regrette donc que des syndicats jusqu'au-boutistes…

M. Alain Gournac. Corporatistes !

Mme Christine Albanel, ministre. …créent aujourd'hui cette situation de grève, qui met un peu plus en danger la presse écrite.

Nous œuvrons également en faveur du renouvellement du jeune lectorat ; c'était d'ailleurs l'un des aspects de votre rapport. Je compte aller plus loin, afin de créer un désir de presse, écrite ou en ligne. Ainsi, 50 millions d'euros sont prévus pour la modernisation de la presse et les services en ligne.

Tous ces sujets, qui ont déjà été largement abordés, seront encore évoqués à l'automne prochain, lors des États généraux de la presse. Ils seront l'occasion de parler des nouveaux modes de distribution comme le portage – il est très développé dans l'Est, un peu à Paris, et très peu ailleurs – et d'autres problèmes, à savoir la sous-capitalisation de la presse, qui est une question récurrente.

Mme Nicole Bricq. Interrogez les capitalistes, ce sont eux les propriétaires !

M. Paul Raoult. Lagardère !

Mme Christine Albanel, ministre. Bien sûr, nous nous appuierons sur votre rapport, monsieur le sénateur, qui met chacun face à ses responsabilités : les syndicats, les éditeurs, l'État et les journalistes. Nous agirons avec le soutien de la représentation nationale, car c'est un enjeu de démocratie. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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