Question de Mme DEMESSINE Michelle (Nord - CRC-SPG) publiée le 11/02/2010

Mme Michelle Demessine attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les inquiétudes des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) concernant la réforme de la formation des enseignants. Selon ces IUFM, les élèves et les parents d'élèves doivent craindre de voir nommés comme enseignants les lauréats des nouveaux concours. Faute d'avoir reçu une formation professionnelle universitaire et d'avoir effectué des stages devenus facultatifs, ils seront démunis devant les difficultés d'apprentissage de leurs élèves.
Par ailleurs, pour les étudiants qui se destinent à la fonction d'enseignant, le choix qui vient d'être fait d'un concours en master 2 (M2) va les contraindre à poursuivre la même année trois objectifs inconciliables. Ils devront préparer un concours de haut niveau, réussir un M2 recherche et effectuer, s'ils sont admissibles et s'ils le souhaitent, un stage professionnel en établissement scolaire. L'année de M2, étant à la fois l'année de préparation des concours, de validation de master recherche et de suivi éventuel de stages en établissement scolaire, les universités auront face à elles des étudiants qui demanderont avant tout à réussir les concours et non à être initiés à la recherche. En outre, les étudiants d'aujourd'hui seront privés d'une année de formation rémunérée, qui permettrait l'accès au métier d'enseignant à des étudiants issus des milieux socioculturels modestes.
Enfin, le démantèlement des IUFM est une crainte majeure notamment pour les 600 personnes qui constituent le personnel de l'IUFM du Nord-Pas-de-Calais comme pour ses nombreux partenaires de terrain. Elle souhaiterait donc connaître les mesures qu'il entend prendre pour répondre aux craintes soulevées par les IUFM.


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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 02/06/2011

La réforme des conditions de recrutement et de formation des personnels enseignants doit permettre d'améliorer la qualification des personnels, en vue de renforcer la réussite des élèves et de faciliter la mobilité au sein de l'Union européenne. Depuis la mise en oeuvre de cette réforme, les futurs enseignants bénéficient d'une formation de cinq années à l'université, sanctionnée par l'obtention d'un diplôme national de master. Outre des éléments de préprofessionnalisation possibles dès la licence sous forme des stages de découverte, la formation initiale des enseignants se développe dans un continuum de professionnalisation sur trois années comprenant les deux années de master et la première année d'exercice en qualité de professeur stagiaire. Les parcours de formation en première puis en seconde année de master comprennent une composante de formation professionnelle de plus en plus importante dans le cursus pour devenir majoritaire en deuxième année, permettant ainsi une préparation progressive et effective au métier d'enseignant. Les étudiants passeront ainsi le concours dotés d'une réelle connaissance de leur futur métier et d'un diplôme de master qui facilitera leur réorientation et leur mobilité dans le parcours LMD en cas d'échec au concours. Cette préparation, fondée sur un principe d'alternance entre le milieu universitaire et le milieu professionnel, comporte des stages d'observation et de pratique accompagnée ainsi que des stages en responsabilité. Les stages d'observation permettent aux étudiants de se confronter aux situations professionnelles rencontrées par les enseignants auprès desquels ils sont placés. Les périodes de pratique accompagnée donnent lieu à des mises en situation concrètes consistant par exemple en la préparation et en la conduite d'un cours ou d'une séquence d'enseignement. Les stages en responsabilité se traduisent par la prise en charge d'une classe. Ces stages sont offerts prioritairement aux candidats déclarés admissibles pour leur permettre de valider et finaliser leur projet professionnel. Tous ces stages sont encadrés par des formateurs référents qui exercent auprès du stagiaire en responsabilité un rôle de conseil et de guide à son arrivée dans l'école ou l'établissement et procèdent à un suivi régulier pendant toute la durée du stage. Ils aident à l'organisation des cours et interviennent sur les questions relatives à la conduite de la classe et à la gestion de différentes situations. Par ailleurs, les universités peuvent proposer aux non-admissibles des compléments de formation ou des stages, en liaison avec leur nouveau projet professionnel en construction. Enfin, des stages en entreprise peuvent être proposés, notamment au cours de la première année de master afin de familiariser les étudiants avec le monde économique, tout particulièrement s'ils se destinent à l'enseignement technique ou professionnel. Dans le cadre de la réforme de la formation et du recrutement des enseignants, le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative a mis en place, dès la rentrée 2009, un dispositif d'accompagnement social visant à garantir la démocratisation et l'attractivité du recrutement des enseignants. Ce dispositif vient en complément des bourses sur critères sociaux (BCS) et des aides au mérite accordées par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche et comporte deux volets, qui ne sont pas exclusifs l'un de l'autre et peuvent être cumulés par un même bénéficiaire : a) un complément versé aux étudiants attributaires d'une BCS échelon « 0 » ; b) une aide sur critères universitaires. Ce dispositif a été reconduit et aménagé pour l'année 2010-2011. En ce qui concerne les sites des IUFM, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a pu exprimer à plusieurs reprises son attachement au maintien des pôles universitaires de proximité. C'est tout le sens de l'action que mènent actuellement les universités en lien avec les rectorats afin de construire une carte de formations qui corresponde aux besoins des territoires. Les antennes d'IUFM en tant que pôles d'enseignement supérieur de proximité doivent s'insérer dans une offre de formation à l'échelle académique qui assure à tous les étudiants l'opportunité de poursuivre leurs études dans meilleures conditions possible. Par ailleurs, la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale a constitué une mission d'information parlementaire sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants.

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