Question de Mme HERMANGE Marie-Thérèse (Paris - UMP) publiée le 04/03/2010

Mme Marie-Thérèse Hermange attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la prescription de médicaments contre le cholestérol à des personnes dont le taux est normal.
Aux États-Unis, les statines, qui s'affirment de plus en plus comme un moyen de prévention cardio-vasculaire, tendent à être prescrites à titre préventif à des individus sans maladie cardio-vasculaire apparente ni taux élevé de LDL cholestérol, mais considérés comme à risque cardio-vasculaire. Ce pourrait être au tour de l'Europe dans les prochains mois d'adopter la même pratique. En France, environ 5 millions d'individus seraient traités par statines. Les recommandations officielles, qui datent de 2005, sont extrêmement précises mais bien trop complexes, voire illisibles, selon les praticiens.
Elle souhaiterait donc savoir si une estimation du risque cardio-vasculaire à partir duquel un traitement par statines devrait être instauré et une mise à jour des recommandations de prescription vont être faites, avant tout élargissement de la prescription des statines à titre préventif, tout en prenant en compte que des changements de mode de vie - exercice physique et alimentation - contribuent également à réduire la mortalité cardio-vasculaire.

- page 500

Transmise au Secrétariat d'État chargé de la santé


Réponse du Secrétariat d'État chargé de la santé publiée le 13/01/2011

La relation entre une quantité excessive de cholestérol dans le sang (hypercholestérolémie) et le risque de maladies cardio-vasculaires est désormais établie de façon formelle. À ce titre, il peut être rappelé que l'effet bénéfique d'un traitement par statine sur la diminution des taux de cholestérol total et du LDL-cholestérol (« mauvais cholestérol » qui se dépose sur la paroi des artères) est bien connu, ainsi que l'effet sur la récidive (prévention secondaire) des événements cardiovasculaires, tels que l'infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral. De surcroît, de nouvelles études ont également montré que chez des patients ayant des facteurs de risque cardio-vasculaires, mais n'ayant pas présenté de complications (prévention primaire), un traitement par statine permet d'éviter la survenue de tels événements. C'est pourquoi la prescription des statines en prévention primaire chez des patients présentant des facteurs de risque cardio-vasculaire mais n'ayant pas d'hypercholestérolémie a été autorisée en Europe et aux États-Unis. En effet, trois des cinq statines actuellement indiquées dans des indications de prévention peuvent être prescrites chez des patients présentant des facteurs de risque cardio-vasculaire avec ou sans hyperlipidémie associée. Il s'agit de l'atorvastatine (Tahor), la simvastatine (Zocor) et la rosuvastatine (Crestor). Ainsi, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de ces statines a d'ores et déjà été modifié afin de mentionner dans la rubrique relative aux indications thérapeutiques que ces spécialités sont indiquées dans la réduction du risque de certains événements cardio-vasculaires et de facteurs de risque associés. À cet égard, il peut être précisé que l'estimation du risque cardio-vasculaire à partir duquel un traitement par statine est instauré est en pratique toujours estimé en dénombrant le nombre de facteurs de risque et non en le calculant à partir des échelles de risque telles que celles de Framingham ou Score. Par ailleurs, s'agissant plus particulièrement de la balance bénéfice/risque de ces spécialités, il peut être précisé que compte tenu des bénéfices, en termes de réduction de la morbi-mortalité coronaire et de la mortalité totale en prévention primaire et secondaire présentés par ces spécialités, par rapport à la faible fréquence (< 1 %) événements indésirables sévères liés à leur utilisation, représentés essentiellement par les rhabdomyolyses et myalgies (troubles musculaires), les élévations des transaminases et des CPK (créatine-phospho-kinase), et l'absence de lien démontré entre les statine et le risque de cancer, leur rapport bénéfice/risque est positif. Enfin, il convient de rappeler que des recommandations pour la prise en charge de toutes ces pathologies ont été élaborées en 2005 en collaboration entre l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) et la Haute Autorité de santé (HAS). Ces recommandations sont disponibles sur leurs sites Internet respectifs (www.afssaps.sante.fr, et www.has-sante.fr).

- page 107

Page mise à jour le