Question de M. FOURNIER Bernard (Loire - UMP) publiée le 26/05/2010

Question posée en séance publique le 25/05/2010

Concerne le thème : Pouvoir et médias

M. Bernard Fournier. Monsieur le ministre, conclu en décembre 2008, le dernier contrat d'objectifs et de moyens entre l'État et l'Agence France-presse, l'AFP, se donne plusieurs objectifs.

D'une part, il vise au retour de l'Agence à un niveau de rentabilité lui permettant d'assumer ses missions et de se doter des moyens d'assurer son développement et son adaptation continue aux évolutions du monde de l'information.

D'autre part, il tend à accélérer la modernisation de l'AFP, notamment par l'adaptation de ses systèmes de production, et également par une réforme du statut de l'Agence qui maintiendrait la garantie de son indépendance éditoriale et lui donnerait les moyens réels de financer son développement.

Le président-directeur général de l'AFP a présenté, le 31 mars 2009, un rapport sur la modernisation du statut et de la gouvernance de l'Agence qui traite des deux principales problématiques : garantie de l'indépendance éditoriale de l'agence et mode entrepreneurial permettant de s'adosser à un actionnariat stable et pérenne.

La question du statut a suscité les inquiétudes des représentants du personnel. Elle ne doit cependant pas faire perdre de vue l'objectif essentiel de la réforme, à savoir l'identification des moyens qui permettent à l'Agence de consolider et de renforcer sa place au niveau des trois leaders mondiaux.

Le Gouvernement a toujours rappelé que l'indépendance de l'AFP constituait un objectif essentiel, aussi bien en termes de démocratie que de « valeur » de l'entreprise. Comme le rappelle le contrat d'objectifs et de moyens de l'AFP, son statut lui donne des obligations propres à garantir son indépendance rédactionnelle et son rayonnement mondial. En revanche, force est de constater que ce statut ne lui permet pas de disposer des moyens nécessaires au financement de missions qui deviennent de plus en plus coûteuses.

Le comité d'experts animé par Henri Pigeat était chargé d'établir un diagnostic de la situation des grandes agences de presse. Il a rendu récemment ses conclusions et nous souhaiterions, monsieur le ministre, que vous nous disiez ce que ce rapport apporte de nouveau dans le débat sur la réforme des statuts de l'AFP et, plus largement, dans quelle mesure la réforme de l'Agence France-presse permettra de garantir son indépendance.


Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 26/05/2010

Réponse apportée en séance publique le 25/05/2010

M. Frédéric Mitterrand, ministre. Monsieur le sénateur Bernard Fournier, je rappellerai tout d'abord en quelques mots le contexte.

La loi du 10 janvier 1957 a doté l'AFP d'un statut sui generis : « organisme autonome doté de la personnalité civile », mais dépourvu de fonds propres et d'actionnaires. Ce statut permettait alors d'afficher une plus grande indépendance par rapport à l'État et d'accroître ainsi sa légitimité au niveau international.

Si ce statut a donné satisfaction pendant plusieurs décennies, il suscite aujourd'hui des interrogations concernant le développement et l'adaptation de l'Agence aux évolutions tant économiques que technologiques.

Dans ce cadre, le comité de réflexion sur l'avenir de l'AFP institué en décembre 2009 et coordonné par M. Pigeat a effectivement rendu ses conclusions en avril dernier.

Le comité préconise de conserver autant que faire se peut les termes de la loi du 10 janvier 1957. Il insiste surtout sur les moyens qui pourraient être donnés à l'AFP afin de redéfinir un projet d'avenir.

Une des principales recommandations du rapport Pigeat est de créer deux personnes morales distinctes, l'une chargée de veiller au respect des obligations fondamentales de l'AFP et de définir les grandes orientations de son activité, l'autre chargée d'exercer les activités commerciales de l'Agence, de la collecte de l'information à la vente de la dépêche ou de l'image.

Pour l'essentiel, la réforme législative envisagée porterait sur la composition du conseil d'administration, sous la forme d'un rééquilibrage entre les représentants de la presse écrite et ceux du secteur audiovisuel.

De même, le rapport Pigeat préconise d'associer plus étroitement encore la direction de l'information au sein de l'Agence à la gouvernance de cette dernière.

C'est avec le nouveau président-directeur général, Emmanuel Hoog, et après concertation avec les parlementaires que le Gouvernement étudiera les suites à réserver à ce rapport.

Je tiens à rappeler que le Gouvernement est très attaché à l'indépendance absolue de l'Agence France-presse à l'égard des pouvoirs publics tant français qu'étrangers et, d'une manière plus générale, à l'égard de tout groupement idéologique, politique ou économique. Cette indépendance est un atout essentiel pour assurer sa crédibilité, notamment à l'international, en sus de la fourniture de l'information la plus exhaustive possible et digne de confiance.

M. le président. La parole est à M. Bernard Fournier, pour la réplique.

M. Bernard Fournier. Je vous remercie, monsieur le ministre, de cette réponse. J'ai noté en particulier les engagements que vous avez pris concernant l'indépendance de cette agence, à laquelle nous sommes particulièrement attachés.

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