Question de Mme CERISIER-ben GUIGA Monique (Français établis hors de France - SOC) publiée le 04/06/2010

Question posée en séance publique le 03/06/2010

Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et européennes.

Les neuf victimes de l'arraisonnement de la « flotille de la paix » n'auront pas sacrifié leur vie pour rien : le secrétaire général de l'ONU a enfin déclaré qu'il devait être mis fin au blocus de la bande de Gaza. Voilà leur éloge funèbre.

Mais pendant ces trois années d'enfer à Gaza, qu'a fait le Gouvernement français ? D'une main, il envoyait une aide humanitaire, aléatoirement distribuée en fonction de l'arbitraire kafkaïen du blocus ; de l'autre, il offrait un appui diplomatique sans faille à ceux-là mêmes qui entravaient son aide, en soutenant le rehaussement du partenariat d'Israël avec l'Union européenne, en émettant un vote favorable à l'entrée d'Israël dans l'OCDE : autant de feux verts diplomatiques au blocus. Quelle logique ! Quelle cohérence !

M. Robert Hue. Absolument !

M. Guy Fischer. Très bien !

Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Il aura fallu que des militants accomplissent le geste politique d'enfreindre le blocus pour que le monde se réveille et que M. Kouchner déclare, après trois ans de silence : « Le blocus de Gaza n'est pas soutenable. »

Il aura fallu le révélateur de cet arraisonnement pour qu'on prenne conscience que cette violence s'exerce quotidiennement à l'encontre des Palestiniens : rafles, expulsions, destructions de maisons, construction du mur.

Les Palestiniens de Gaza ont surtout besoin d'être libres de produire des richesses sur des terres restaurées et dans leurs usines reconstruites, de rebâtir maisons, écoles et dispensaires bombardés.

M. Guy Fischer. Tout a été rasé !

Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Ils ont besoin de la liberté.

Ce blocus renforce l'extrémisme. Il renforce la dépendance du Hamas envers l'Iran. C'est un crime ; c'est aussi une erreur.

La France va-t-elle s'engager pour qu'il soit mis fin au blocus dans des délais impératifs ? La France est-elle prête à établir, avec d'autres États européens, un pont maritime avec Gaza pour rompre ce blocus qui renvoie ses habitants non à l'âge de pierre, mais à l'âge de la boue ? (Applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE, de l'Union centriste et de l'UMP.)

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de la coopération et de la francophonie publiée le 04/06/2010

Réponse apportée en séance publique le 03/06/2010

M. Alain Joyandet, secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie. Madame la sénatrice, nous partageons tous votre très vive émotion après cette opération militaire, que le Président de la République a immédiatement condamnée, de même que M. Kouchner.

Mme Catherine Tasca. Au bout de trois ans de blocus !

M. Alain Joyandet, secrétaire d'État. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité une motion…

Mme Monique Cerisier-ben Guiga. Mais pas une résolution !

M. Alain Joyandet, secrétaire d'État. … la condamnant également et demandant une enquête transparente et impartiale, qui réponde aux règles et aux normes de la communauté internationale. Ce n'est pas à la France de décider qui doit conduire cette enquête, mais nous voulons en tout cas absolument connaître la vérité.

Je rappelle que la France a aussi indiqué qu'elle souhaitait qu'il soit mis fin le plus rapidement possible au blocus de Gaza, dans le respect de la sécurité du peuple israélien, conformément à l'esprit de la résolution 1860 des Nations unies. En cela, la France est totalement fidèle à la position de la communauté internationale.

Malgré ces faits dramatiques, le processus de paix devra se poursuivre, le dialogue devra être maintenu. À cet égard, la France salue l'attitude de M. Mahmoud Abbas, qui a déclaré que les discussions allaient continuer, parce que la solution est forcément politique.

En conclusion, madame la sénatrice, je rappellerai les propos tenus par le Président de la République en marge du sommet de Nice. Si les Palestiniens pouvaient s'administrer eux-mêmes, si les Israéliens pouvaient avoir l'assurance qu'ils vivent en sécurité dans un pays reconnu par l'ensemble de ses voisins, il ne se produirait plus d'événements aussi dramatiques. C'est à cela que la diplomatie française s'attache inlassablement, parce qu'il n'y aura de règlement que par le dialogue politique. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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