Question de M. PIRAS Bernard (Drôme - SOC) publiée le 28/10/2010

M. Bernard Piras attire l'attention de M. le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants sur l'instauration d'une journée nationale de la Résistance.
Cette journée serait fixée au 27 mai, date anniversaire de l'installation du Conseil national de la Résistance, en 1943, par Jean Moulin.
Non chômée, de célébration pluraliste et républicaine, cette journée serait à l'image de ce que fut la Résistance et le Conseil national de la Résistance.
L'instauration d'une telle journée nationale reçoit l'adhésion de centaines de parlementaires, de milliers d'élus locaux et de la grande majorité de la population, toutes tendances confondues.
Il lui demande de lui confirmer qu'il entend bien oeuvrer dans ce sens.

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Transmise au Ministère de la défense et des anciens combattants


Réponse du Ministère de la défense et des anciens combattants publiée le 06/01/2011

L'exemple de courage et de civisme qu'ont incarné au cours de la Seconde Guerre mondiale le général de Gaulle et tous ceux qui ont résisté est un élément fondateur de la mémoire nationale. Il est impératif que le message légué par ces hommes et ces femmes soit conservé et transmis aux plus jeunes générations. Il en va des valeurs républicaines. C'est dans cet esprit que le décret n° 2006-313 du 10 mars 2006 a institué le 18 juin « journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi ». Parallèlement, le Gouvernement continue d'agir en faveur de la mémoire résistante, à la fois par son soutien aux institutions qui la font vivre (Fondation de la Résistance, Fondation de la France libre, Fondation de la mémoire de la Déportation, Fondation pour la mémoire de la Shoah, Fondation Charles-de-Gaulle), par son implication dans des projets menés en direction des jeunes et par son soutien à des projets mémoriels d'envergure. L'année 2010 a ainsi vu la double inauguration des nouveaux aménagements du Mont-Valérien et du Mémorial de la prison de Montluc, deux hauts lieux de mémoire qui relèvent du ministère de la défense et des anciens combattants et évoquent l'engagement résistant. C'est pourquoi l'instauration d'une autre journée nationale consacrée à la Résistance conçue comme la seule résistance intérieure risquerait d'être incompréhensible aux yeux de la plupart des Français, pour qui le 18 juin incarne justement la Résistance de façon globale. Alors que le cycle commémoratif du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale a été ouvert, dont la journée du 18 juin 2010 a constitué un moment fort, la création d'une autre journée de référence altérerait la force du message résistant. Par ailleurs, si l'histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale est compliquée et marquée par des divisions, le rôle de la mémoire est au contraire de rassembler les Français autour de leur passé, aussi complexe soit-il. Il est donc nécessaire de ne pas encourager la multiplication des journées d'hommage mise en lumière par la commission pour la modernisation des commémorations nationales, présidée par l'historien André Kaspi. Tandis que six commémorations nationales ont été créées entre 1880 et 2001, six autres l'ont été en seulement cinq ans, de 2001 à 2006. Pour favoriser la lisibilité de la mémoire nationale par le plus grand nombre, il est important d'éviter la création de nouvelles journées commémoratives, d'autant qu'en dehors de celle du 18 juin, il en existe trois autres qui peuvent être l'occasion de célébrer l'idéal démocratique et humaniste de la résistance : la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, la commémoration de la victoire de 1945 et, surtout, la cérémonie en hommage à Jean Moulin qui se déroule chaque 17 juin au Panthéon. Les discours prononcés lors de cette dernière manifestation ne manquent jamais de célébrer le rôle du CNR. Toutefois, une proposition de loi relative à la modification de l'intitulé de la journée nationale du 18 juin a été déposée par M. Patrick Beaudouin, député du Val-de-Marne. Afin que toutes les mémoires de la Résistance se reconnaissent dans cette journée, le ministre d'État, ministre de la défense et des anciens combattants, est favorable à une modification de l'intitulé de cette journée qui permettra de rendre plus explicitement hommage à la Résistance française, tout en rassemblant, sous la bannière d'une date célèbre pour le grand public, l'ensemble de ceux qui ont refusé la défaite et continué à se battre, que cela soit dans les Forces françaises libres, à la tête d'un journal clandestin, sur les bancs de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger ou dans un maquis. Une réflexion au sein des services est actuellement en cours, afin de compléter la dénomination de cette journée. La proposition retenue sera ensuite soumise aux principales associations de la Résistance avant de modifier le décret du 10 mars 2006.

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