Question de M. HUE Robert (Val-d'Oise - CRC-SPG) publiée le 04/02/2011

Question posée en séance publique le 03/02/2011

M. Robert Hue. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

La promesse du président Moubarak de ne pas être candidat à l'élection présidentielle de septembre prochain n'a pas suffi à calmer la colère du peuple égyptien.

La réaction violente d'éléments troubles partisans du régime, qui a fait de nombreuses victimes, dont des journalistes, et terrorisé les manifestants, ne peut que nous inquiéter pour la suite du processus. Le régime à l'agonie tente-t-il de provoquer le chaos pour conserver le pouvoir ?

Nous l'avons vu hier en Tunisie et aujourd'hui en Égypte : les peuples de cette région ne veulent plus subir des régimes dictatoriaux qui nient les droits fondamentaux, la démocratie, et oppriment les populations pour préserver l'ordre économique libéral et protéger des oligarchies souvent corrompues. Votre politique envers ces pays a été cynique à l'égard des peuples et complaisante avec les pouvoirs.

L'absence de projets et de résultats tangibles de l'Union pour la Méditerranée, que le Président de la République co-présidait avec le président Moubarak, montre dans quelle impasse vous vous trouvez.

Les erreurs diplomatiques et les fautes morales et politiques de Mme la ministre des affaires étrangères n'ont pu que contribuer à dégrader encore la crédibilité de notre pays. (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. Eh oui !

M. Robert Hue. Lorsque l'image de la France et de sa République est ainsi ternie, il revient à chacune et à chacun, en toute conscience, de prendre ses responsabilités : à titre personnel pour Mme la ministre d'État, au nom de l'intérêt supérieur du pays pour le Président de la République et pour vous-même, monsieur le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, vous vous êtes déclaré « préoccupé par la dégradation de la situation » et vous êtes prononcé « pour une transition rapide vers un gouvernement à représentation élargie ».

Il s'agit donc maintenant de prendre des initiatives concrètes pour restaurer le crédit de la France, porter de nouveau nos valeurs et aider le peuple égyptien dans sa marche vers la démocratie, la justice sociale et le développement.

Quelles initiatives prendrez-vous ? Demanderez-vous une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies ? Quelles propositions ferez-vous, lors du prochain Conseil européen, pour que la politique européenne d'aide au développement des pays de cette région soit redéfinie dans un sens favorable aux peuples, et ne soit plus assujettie aux seuls intérêts du libéralisme économique ?

Il faut une politique qui soit à la hauteur des mutations historiques en cours, à la hauteur de l'autorité de notre pays dans le monde – de l'honneur de la France ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 04/02/2011

Réponse apportée en séance publique le 03/02/2011

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur Hue, la devise de ma famille est « bien faire et laisser dire ». (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. René-Pierre Signé. Et vous avez bien fait ?

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. J'ai beaucoup laissé dire, et j'ai démontré que toutes les attaques dont j'ai été l'objet étaient dépourvues de fondement et ignominieuses.

Mme Raymonde Le Texier. Mais bien sûr !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. Monsieur Hue, les membres du Gouvernement ont autre chose à faire que de parler de questions totalement vaines, médiocres et, pour tout dire, indignes de la politique et de votre parti. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. Mais il y a eu des morts !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. Oui, la situation en Égypte est de plus en plus préoccupante. Je l'ai redit ce matin encore très fermement : les violences, d'où qu'elles viennent, doivent cesser. Les Égyptiens doivent pouvoir manifester leurs aspirations sans risquer leur vie.

M. René-Pierre Signé. N'allez pas en vacances en Égypte !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. J'avais d'ailleurs été la première à dénoncer, au moment des événements de Tunisie, avant que M. Ben Ali ne quitte le pouvoir, l'usage disproportionné de la force et les morts qu'il a entraînées.

M. René-Pierre Signé. Vous avez cautionné un système !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. Vous êtes donc très mal placés pour critiquer mon attitude, car si je vous ai beaucoup entendu vous exprimer sur cette question, c'était après le départ du président Ben Ali ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Oui, monsieur Hue, la France a bien l'intention de continuer à appliquer sa politique internationale, qui est fondée sur l'État de droit, la promotion de la démocratie et des libertés, mais aussi sur le respect des peuples et de leur souveraineté, et donc sur le refus de l'ingérence dans les affaires intérieures des États.

M. Robert Hue. Le refus de l'ingérence ne signifie pas la complaisance !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d'État. Il n'y a aucune complaisance de notre part quand ces principes sont mis en cause ! Monsieur Hue, peut-être auriez-vous pu adopter la même ligne quand des événements analogues se déroulaient en Europe de l'Est. On vous a peu entendu à l'époque ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP. – Protestations sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)

M. René-Pierre Signé. Arrêtez !

M. Robert Hue. Je n'étais pas ministre des affaires étrangères !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. La comparaison est extraordinaire ! Vous n'êtes pas une personne privée, madame le ministre des affaires étrangères !

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