Question de M. BÉTEILLE Laurent (Essonne - UMP) publiée le 08/04/2011

Question posée en séance publique le 07/04/2011

M. Laurent Béteille. Ma question s'adresse à M. le ministre de la défense et des anciens combattants.

Monsieur le ministre, la situation en Côte d'Ivoire est chaque jour plus préoccupante, et l'issue de cette crise, qui dure depuis plusieurs mois, reste difficile à prévoir.

Lundi soir, les forces armées françaises sont intervenues en soutien de la mission ONUCI, conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité des Nations unies…

M. Jean-Louis Carrère. Hum !

M. Laurent Béteille. … et à la demande du Secrétaire général,…

M. Jean-Louis Carrère. Hum !

M. Laurent Béteille. … dans le but de protéger les populations sur place,…

M. Jean-Louis Carrère. Hum !

M. Laurent Béteille. … parmi lesquelles les ressortissants français, au nombre de 12 000, désormais regroupés sur des points sécurisés par les forces françaises. (M. Jean-Louis Carrère s'exclame.)

Je tiens d'ailleurs, monsieur le ministre, à rendre hommage à notre ambassadeur sur place ainsi qu'au professionnalisme de nos soldats, qui cette nuit ont procédé à l'exfiltration des personnels diplomatiques japonais. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – MM. Yves Pozzo di Borgo et Bruno Retailleau applaudissent également.)

Il s'agit aujourd'hui d'éviter que le pays ne bascule dans la guerre civile et qu'intervienne une éventuelle partition du pays entre le nord et le sud.

Si Laurent Gbagbo – qui se maintient au pouvoir depuis dix ans et refuse de reconnaître le verdict des urnes, favorable à Alassane Ouattara – est reclus dans son bunker, sa milice ne l'est pas.

M. Gbagbo, assisté des avocats chevronnés que sont MM. Dumas et Vergès, bafoue l'autorité de l'ONU et, surtout, conduit son pays à une catastrophe humanitaire autant qu'économique.

Il est indispensable que ce pays retrouve le chemin du respect de la démocratie et qu'Alassane Ouattara confirme son engagement de former un gouvernement d'union nationale.

Les négociations en vue de la reddition de Laurent Gbagbo semblent vaines face à l'entêtement de celui-ci.

Pouvez-vous, monsieur le ministre, faire le bilan de la situation aujourd'hui, notamment celui de l'action de nos soldats sur place, et nous dire quelles sont les dernières options qui restent à la communauté internationale pour aider la Côte d'Ivoire à éviter la guerre civile ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de la défense et des anciens combattants publiée le 08/04/2011

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2011

M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants. Votre exposé, monsieur Béteille, est parfaitement exact et restitue la réalité telle que l'on peut la mesurer à cet instant.

La force Licorne est présente en Côte d'Ivoire, comme le sont tous les éléments de l'armée française présents dans ce pays, sur le fondement d'accords bilatéraux anciens qui ont été renouvelés. Il s'agit non pas d'une présence d'opportunité, ad hoc ou de circonstance, mais d'une présence qui découle d'accords gouvernementaux et seule l'instabilité politique, qui perdure depuis dix ans, vous l'avez dit, dans ce pays, n'a pas permis de les renouveler.

C'était une force modeste en effectifs – moins de 1 000 – dont l'objectif était de garantir la sécurité de nos compatriotes sur l'agglomération d'Abidjan.

Au terme de l'élection présidentielle et de la reconnaissance par la communauté internationale, en particulier par les États africains proches, de résultats donnant la majorité à Alassane Ouattara, la force Licorne, dans le cadre des résolutions de l'ONU, notamment de la résolution 1975, a été mise à la disposition, en tant que de besoin et, le cas échéant, à la demande expresse du secrétaire général, pour des opérations de soutien à l'ONUCI. Vous l'avez dit, tel a été le cas.

La situation est extraordinairement difficile sur l'agglomération d'Abidjan, qui comporte aujourd'hui encore plus de 4 millions d'habitants, où des troupes débandées du pouvoir précédent font courir aux populations des risques majeurs et où sévissent aussi des bandes de pillards qui saisissent les opportunités que crée l'absence totale d'État de droit pour en tirer un bénéfice personnel.

Dès lundi soir, nous avons demandé, proposé, offert à l'ensemble de la communauté française d'Abidjan un repli sur le camp de Port Boué. Nos compatriotes sont nombreux à avoir fait ce choix. D'autres, pour des raisons que l'on peut comprendre, sont restés chez eux.

À cet instant, la situation militaire est la suivante : les troupes de l'ONUCI ont encadré dans un quadrilatère limité les derniers défenseurs de l'ancien président Gbagbo. Ces troupes contrôlent les deux ponts principaux qui assurent la liaison entre le nord et le sud d'Abidjan.

L'essentiel de la communauté française est au sud et protégé. Nous nous efforçons de répondre à chaque demande d'exfiltration – car les télécommunications fonctionnent –, mais c'est de plus en plus complexe, en particulier s'agissant des deux hôtels d'un groupe français bien connu qui servent de points d'appui pour ceux qui, au nord, n'ont pas répondu en temps voulu à l'appel à se replier du gouvernement français.

Nous sommes obligés de suivre en temps réel la situation et je ne puis donc malheureusement pas vous rassurer autrement qu'en soulignant que le fait qu'en passant désormais à 1 700 hommes la force Licorne est capable de résister ou de proposer d'intervenir, sous réserve naturellement de ne pas aggraver un conflit ivoiro-ivoirien.

Le réalisme m'interdit, monsieur le sénateur, de vous répondre autre chose à propos de cette situation qui est donc d'une extrême tension et qui peut évoluer d'heure en heure. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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