Question de M. LOUECKHOTE Simon (Nouvelle-Calédonie - UMP) publiée le 29/04/2011

Question posée en séance publique le 28/04/2011

M. le président. La parole est à M. Simon Loueckhote. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Simon Loueckhote. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Tout comme en métropole, l'insécurité progresse en Nouvelle-Calédonie. En effet, d'année en année, les chiffres de la délinquance ne cessent d'augmenter – la hausse était de 4,45 % en 2010 – alors que les effectifs et les moyens des forces de sécurité rapportés à la population sont supérieurs à ceux de la métropole.

En zone police, la ville de Nouméa concentre plus de 550 policiers, dont 150 municipaux, sans compter les 60 auxiliaires de proximité récemment créés et financés par la province Sud.

Monsieur le ministre, ce constat m'amène à vous demander un audit et une rénovation en profondeur des services concourant à la sécurité publique en Nouvelle-Calédonie, car il semble y avoir un problème.

Apparemment, la police nationale ne manque ni de moyens humains ni de moyens matériels. Cependant, des dysfonctionnements dans l'utilisation de ceux-ci et dans leur répartition ont été dénoncés avec force ces derniers temps.

Ainsi, j'ai pu le constater moi-même, la brigade anti-criminalité de Nouméa patrouille parfois à pieds, faute de véhicules de service disponibles en raison de… la généralisation de l'usage privé de ces derniers. (Sourires.)

La population dans son ensemble a par conséquent le sentiment que l'État n'exerce pas pleinement sa mission de sécurité publique faute de rationalisation de ses moyens.

Aussi, monsieur le ministre, je vous remercie de bien vouloir nous donner l'assurance que l'État adaptera ses moyens pour lutter contre l'insécurité grandissante en Nouvelle-Calédonie en général, et à Nouméa en particulier.

Par ailleurs, alors que les chiffres de la délinquance en Nouvelle-Calédonie atteignent des sommets, il apparaît curieusement que la lutte contre la délinquance se fait moins pressante en Nouvelle-Calédonie qu'en France métropolitaine.

Ne faudrait-il pas redéployer les effectifs et instituer une véritable unité de police anti-délinquance à Nouméa ? J'aimerais savoir, monsieur le ministre, ce que vous avez à proposer en la matière.

En effet, un redéploiement des effectifs et la création d'une véritable unité de maintien de l'ordre par la remise en cause de la compagnie d'intervention sont souhaités. L'objectif serait de donner à cette unité une véritable mission de sécurisation des biens et des personnes. Actuellement, 45 % seulement des appels au 17 sont satisfaits faute de moyens réellement disponibles. Les moyens sont certes présents, mais il faut les optimiser, et la marge de progression semble être importante.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire concrètement pour enfin redonner à la Nouvelle-Calédonie la douceur de vivre qu'elle semble avoir perdue ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration publiée le 29/04/2011

Réponse apportée en séance publique le 28/04/2011

M. Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration. Monsieur le sénateur, je commencerai par apporter quelques compléments aux indications chiffrées que vous citiez à l'instant.

Permettez-moi tout d'abord de souligner que l'insécurité en métropole n'augmente pas ; au contraire, elle est en recul : elle a diminué de 2 % l'an dernier et de 10 % depuis 2002. (Exclamations étonnées sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

Pour ce qui est de la Nouvelle-Calédonie, il est vrai que, en 2010, la délinquance a augmenté dans les proportions que vous avez indiquées. Je voudrais simplement rappeler que, l'année précédente, elle avait baissé de près de 3 % – 2,94 % exactement – et de 5 % à Nouméa.

M. Roland Courteau. À vérifier !

M. Claude Guéant, ministre. J'ajoute que l'augmentation de 2010 est justifiée notamment par ce que, dans le jargon policier, on appelle les IRAS, ou infractions révélées par l'action des services, c'est-à-dire des infractions ne donnant pas lieu à plainte mais que l'activité policière met en évidence.

Celant étant, monsieur le sénateur, je suis d'accord avec vous : il est toujours possible de mieux faire et, comme vous, je ne me satisfais pas de la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie. J'approuve en outre tout à fait la façon constructive et opérationnelle dont vous abordez le problème.

Le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a chargé le directeur de la sécurité publique d'une mission de réorganisation des services, qui doit lui être présentée le 20 mai prochain. Cette nouvelle organisation aura pour but, en particulier, d'adapter tout le dispositif policier à la réalité concrète de la délinquance selon les horaires et les quartiers.

J'ajoute que, au-delà de cette mission locale, j'ai demandé au directeur général de la police nationale de faire en sorte qu'une mission de la direction centrale de la sécurité publique se rende sur place dès que le directeur de la Nouvelle-Calédonie aura fait son travail, pour procéder à un audit et examiner l'éventualité de la création d'une unité spécialisée dans le maintien de l'ordre.

M. Claude Domeizel. Dormez tranquilles, braves gens !

M. Claude Guéant, ministre. En tout cas, je tiens à vous assurer que, pour le Gouvernement,…

M. Roland Courteau. Tout va bien !

M. Claude Guéant, ministre. … il est très important que les Calédoniens soient en sécurité, au même titre que l'ensemble de leurs compatriotes. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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