Question de Mme GHALI Samia (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 05/05/2011

Mme Samia Ghali attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la cohésion sociale sur les orientations du rapport final de la mission d'information sur la dépendance, publié le 1er février 2011 au nom de la mission sénatoriale d'information sur la prise en charge de la dépendance et la création d'un cinquième risque. Le vieillissement de la population, la perte d'autonomie, les frais d'hébergement élevés en établissement d'accueil, sont autant de questions auxquelles la réforme de la dépendance devra répondre. Cependant, les conclusions de ce rapport, ajoutées à celles du rapport issu de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes, publié le 23 juin 2010, laissent présager une réforme peu ambitieuse, caractérisée par une vision exclusivement comptable de la question de la dépendance, excluant la création d'un cinquième risque. Les propositions issues de ces rapports prévoient essentiellement de limiter les coûts, sans avoir de réelle vision de l'impact de la perte d'autonomie et du vieillissement sur la société, ni chercher à répondre aux besoins concrets des personnes et de leurs proches. Il est pourtant indispensable que la question de la dépendance fasse l'objet d'une véritable réforme sur le 5e risque et la prise en charge de la perte d'autonomie, qui aborde tous les aspects du droit à une vie dans la dignité pour les personnes frappées dans leur indépendance physique ou mentale, et qui ne se borne pas uniquement à ses aspects financiers. La souscription à une assurance privée, le recours sur succession, ou le gage sur patrimoine, sont autant de mesures qui n'auront d'autre effet que d'appauvrir les personnes déjà en situation difficile et qui feront peser le financement du risque sur les seuls individus concernés, alors que cette question mérite au contraire la création d'un droit universel à compensation pris en charge par la solidarité nationale, indépendant de l'âge, et prenant en compte les besoins et les moyens de chacun. Par conséquent, elle lui demande de bien vouloir lui faire connaître les mesures qu'elle entend proposer afin d'orienter la future réforme de la prise en charge de la dépendance vers une politique davantage solidaire et collective.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la cohésion sociale publiée le 27/10/2011

La perte d'autonomie des personnes âgées pose à notre société de nombreux défis, tant pour aujourd'hui que pour demain. Compte tenu des lourds enjeux qui s'attachent à cette réforme pour l'ensemble de la société et, en particulier pour nos aînés, le Président de la République a souhaité qu'un large débat soit organisé. Dans un premier temps, quatre groupes de travail ont été installés par la ministre des solidarités et de la cohésion sociale, traitant des thèmes suivants : société et vieillissement ; enjeux démographiques et financiers de la dépendance ; accueil et accompagnement des personnes âgées ; stratégie pour la couverture de la dépendance des personnes âgées. En parallèle de ce travail, des débats se sont déroulés dans toutes les régions de France. La crise financière et le risque de dégradation de la notation de la dette de la France ont conduit le Gouvernement à reporter les mesures financières les plus lourdes de la réforme de la dépendance. Ces mesures seront mises en place dès que le contexte le permettra. Il est néanmoins important de rappeler que notre politique en faveur des personnes âgées ne se réduit pas à la seule réforme de la dépendance : l'effort public en direction des personnes âgées dépendantes représente 25 Md€ en 2011 ; le plan Alzheimer lancé par le Président de la République a conduit à mobiliser 1,5 Md€ supplémentaire ; chaque année depuis 2007, nous créons 7 500 places nouvelles d'EHPAD. Cet effort, non seulement il ne diminuera pas, mais il va s'accroître encore l'année prochaine : nous investirons ainsi 400 M€ supplémentaires pour améliorer la prise en charge de nos aînés. Le débat national a par ailleurs montré que de réelles marges d'efficience existaient, mais qu'elles supposaient d'améliorer l'organisation de notre système de prise en charge. Selon le haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), de nombreuses journées d'hospitalisation, dont on connaît le prix extrêmement élevé, pourraient par exemple être évitées aux personnes âgées. Ce sont ainsi plus de 2 Md€ que nous pourrions dégager pour mieux répondre aux besoins de nos aînés et de leur famille. Ce chantier sera lancé : il symbolise la direction dans laquelle nous devons nous engager si l'on veut préserver notre modèle social. Le débat a également fait émerger d'autres besoins qui, pour être satisfaits, n'exigent ni dépense nouvelle ni vecteur législatif. Ainsi, nos concitoyens ont émis le souhait d'être mieux accompagnés lorsqu'ils choisissent une maison de retraite. En réponse à cette demande récurrente, la mise en place d'indicateurs de qualité dans les EHPAD et la création d'un site Internet dédié qui verra le jour en 2012 ont été engagées. Enfin, comme s'y est engagé le Président de la République, plusieurs mesures d'effet seront proposées dès les lois de finances pour 2012 : mise en place d'un plan d'aide à l'investissement à hauteur de 50 M€ : il permettra de soutenir les travaux de rénovation des établissements et des services accueillant les personnes âgées, et de développer les structures de prise en charge intermédiaires ; croissance de l'ONDAM médico-social sera de 4,2 % en 2012 : cela permettra d'injecter des moyens supplémentaires pour améliorer la qualité de la prise en charge des personnes âgées en poursuivant la médicalisation des EHPAD ; création d'un fonds en faveur des services à domicile qui sera hébergé par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) : doté de 50 M€ pris sur le budget de l'État, il permettra d'accompagner la restructuration des services d'aide à domicile pour les aider à retrouver les conditions d'un équilibre financier.

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