Question de Mme VOYNET Dominique (Seine-Saint-Denis - SOC-R) publiée le 16/06/2011

Mme Dominique Voynet attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le respect des engagements pris lors du Forum mondial sur l'éducation de Dakar en 2000 concernant l'accès équitable à l'enseignement primaire et secondaire pour les filles dès 2005 et sur l'engagement de 180 États, dont la France, d'instaurer l'égalité complète dans le domaine de l'éducation à compter de 2015.

Suite à l'interpellation d'une association, force est de constater que des millions de femmes et de filles sont toujours exclues de l'éducation ou analphabètes. Face à ce constat, il est important que la France réagisse et intensifie plus particulièrement ses efforts en faveur de l'accès égalitaire, et non seulement paritaire, des femmes et des filles à un enseignement de qualité. Il faut également qu'elle tienne ses promesses concernant le financement de l'éducation via l'aide publique au développement.

Elle lui demande donc quels moyens il compte mettre en œuvre afin d'assurer le respect des engagements pris au Forum de Dakar.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 04/08/2011

L'éducation est tout à la fois un droit universel, le pilier fondamental de toute société humaine et un enjeu essentiel du développement social et économique des sociétés. Dans le cadre de l'éducation pour tous, la France réaffirme son adhésion aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD) 2 et 3 : l'OMD 2 concerne la scolarisation primaire universelle, dont le principe a été adopté au forum mondial sur l'éducation qui a eu lieu à Dakar en avril 2000 - l'OMD 3 concerne l'égalité entre les femmes et les hommes et l'autonomisation des femmes. Durant la décennie 1999-2009, d'importants progrès ont été réalisés en matière d'éducation dans les pays en développement. La mobilisation internationale pour le soutien à la scolarisation primaire universelle a fait progresser les taux de scolarisation et l'accès des filles à l'éducation de base. Selon l'UNESCO, entre 1999 et 2009, au niveau mondial, le nombre d'enfants scolarisés dans le primaire est passé de 436 millions à 531 millions, ce qui correspond à une progression du taux de scolarisation moyen de 59 % à 68 %. Par ailleurs, la parité filles-garçons dans l'enseignement primaire a été atteinte par plus des deux tiers des pays en développement. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Aujourd'hui, parmi les 68 millions d'enfants en âge d'être scolarisés qui ne vont pas à l'école, 55 % sont des filles. Par ailleurs, on sait que les femmes représentent deux tiers des analphabètes dans le monde, une proportion qui n'a que très peu évolué au cours des vingt dernières années. La France est depuis un certain nombre d'années un des tout premiers bailleurs internationaux de l'aide au développement en matière éducative, avec, en 2009, un montant total d'aide publique consacrée à l'éducation d'environ 1,5 Md€. Si une part importante de notre aide à l'éducation se porte traditionnellement sur les enseignements secondaire et supérieur, depuis une dizaine d'années la politique française d'aide éducative s'est tournée davantage vers l'enseignement primaire. Ce positionnement est conforme aux engagements internationaux pris par notre pays au forum mondial de l'éducation de Dakar, en avril 2000, et au sommet du millénaire de New York, en septembre de la même année. Depuis 2005, la France a contribué en moyenne à l'éducation de base pour environ 100 M€ par an, dans le cadre bilatéral. Les interventions ont principalement été réalisées dans les pays les moins avancés, notamment en Afrique subsaharienne. Chaque programme a développé des actions favorisant la scolarisation des filles en portant une attention particulière à plusieurs points clés : lieu d'implantation des écoles, sécurisation des transports et des espaces scolaires, installation de latrines séparées, recrutement de femmes enseignantes et enfin promotion d'une éducation non sexiste, notamment dans les manuels scolaires. Par ailleurs, la France apporte un soutien financier à des organisations internationales qui ont placé au premier plan l'égalité des sexes en matière d'éducation. C'est le cas notamment de : l'UNESCO (Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture) : sa stratégie à moyen terme élaborée pour 2008-2013 place l'égalité de genre au coeur de ses priorités. C'est à travers le prisme du genre que cette organisation internationale présente ses derniers chiffres sur l'éducation, mettant ainsi les filles au coeur du bilan mondial de l'effort international en matière d'éducation. En 2011, la contribution de la France à l'UNESCO s'est élevée à 14,7 M€; l'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance) : les programmes de l'UNICEF sont axés sur la garantie du droit à une éducation de qualité pour tous, en luttant contre les disparités d'accès et d'achèvement entre les filles et les garçons, notamment dans les pays en situation d'urgence qui reconstruisent leur système éducatif En 2010, le montant de la contribution de la France à l'UNICEF était de 7 M€. Enfin, entre 2004 et 2008, la France a contribué à hauteur de 29 M$ à l'initiative de mise en oeuvre accélérée de l'éducation pour tous (Initiative Fast Track). Durant la période 2011-2013, notre pays s'est engagé à soutenir financièrement cette initiative multilatérale pour un montant de 47,5 M€. Là encore, les projets des pays accédant aux financements de cette initiative accordent une priorité à l'égalité d'accès, pour les filles et les garçons, à une éducation complète et de qualité.

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