Question de M. COUDERC Raymond (Hérault - UMP) publiée le 08/09/2011

M. Raymond Couderc attire l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur l'avenir de la profession d'anesthésiste-réanimateur.

Une inquiétude majeure semble se dessiner chez les anesthésistes-réanimateurs du Biterrois concernant l'avenir de leur profession et notamment concernant la démographie médicale de ce corps, à l'horizon 2020.

En effet, il y a trente ans, cette spécialité était très attractive, tout comme celle de chirurgien, ou de gynécologue-obstétricien, alors que maintenant, elle compte parmi les dernières spécialités choisies. Aujourd'hui, les choix de spécialisation des étudiants en médecine semblent se porter davantage sur la dermatologie, la radiologie et la cardiologie. En effet, ces spécialités présentent un plus grand confort de vie, notamment au niveau des horaires de travail, pour des revenus sensiblement identiques à ceux des anesthésistes.

De plus, la profession d'anesthésiste-réanimateur fait partie des professions médicales les plus fréquemment affectées par des procès, ce qui augmente les tarifs et les contraintes prévues pour l'obtention d'assurances en responsabilité civile professionnelle.

L'évolution négative des effectifs s'explique donc par la baisse des entrées dans la profession. Ainsi, si entre 1971 et 1987, on comptait 355 nouveaux anesthésistes en moyenne par an, entre 1988 et 2004, ils n'étaient plus que 222.
Aussi, les anesthésistes-réanimateurs constituent-ils une population médicale vieillissante : l'âge moyen d'un praticien étant passé de 42,8 ans de moyenne en 1989, à 51 ans de moyenne en 2009. Ce sont donc 5 139 anesthésistes âgés de 50 à 64 ans qui auront quitté la profession d'ici 2020, soit plus de la moitié (52,3 %) du corps professionnel de 2005.

Avec une population qui vieillit notablement et dont les effectifs stagnent, à l'horizon 2020 un risque d'inadéquation des effectifs aux besoins médicaux des Français semble se profiler.

Aussi, il lui demande de bien vouloir clarifier les mesures que le Gouvernement entend prendre pour répondre aux besoins futurs en anesthésistes-réanimateurs et la façon dont il envisage rendre cette spécialité plus attractive pour les étudiants en médecine.

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de la jeunesse et de la vie associative publiée le 26/10/2011

Réponse apportée en séance publique le 25/10/2011

M. Raymond Couderc. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, les anesthésistes-réanimateurs du Biterrois m'ont récemment saisi de leur inquiétude majeure, que je partage, quant à l'avenir de leur profession, s'agissant notamment de la démographie médicale de ce corps à l'horizon 2020, c'est-à-dire demain.

En effet, il y a trente ans, cette spécialité était très attractive, tout comme celles de chirurgien et de gynécologue-obstétricien, alors que, maintenant, elle compte parmi les dernières spécialités choisies.

Aujourd'hui, les choix de spécialisation des étudiants en médecine semblent se porter davantage sur la dermatologie, la radiologie et la cardiologie. En effet, ces spécialités présentent un plus grand confort de vie, notamment en termes d'horaires de travail, pour des revenus sensiblement identiques à ceux que perçoivent les anesthésistes.

De plus, la profession d'anesthésiste-réanimateur fait partie des professions médicales les plus fréquemment affectées par des procès, ce qui accroît les contraintes pour obtenir des assurances en responsabilité civile professionnelle et augmente les tarifs de ces dernières.

Vous l'aurez compris, l'évolution négative des effectifs s'explique par la baisse des entrées dans la profession. Si entre 1971 et 1987 on comptait 355 nouveaux anesthésistes en moyenne par an, entre 1988 et 2004 ils n'étaient plus que 222.

Aussi, les anesthésistes-réanimateurs constituent une population médicale vieillissante : l'âge moyen d'un praticien étant passé en moyenne de 42,8 ans en 1989 à 51 ans en 2009. Ce sont donc 5 139 anesthésistes âgés de 50 à 64 ans qui auront quitté la profession d'ici à 2020, soit plus de la moitié du corps professionnel de 2005.

Avec une population qui vieillit notablement et dont les effectifs stagnent, un risque d'inadéquation des effectifs aux besoins médicaux des Français semble se profiler à l'horizon 2020.

Madame la secrétaire d'État, pourriez-vous clarifier devant la représentation nationale les mesures que le Gouvernement entend prendre pour répondre aux besoins futurs en anesthésistes-réanimateurs et pour rendre cette spécialité plus attractive aux étudiants en médecine ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, chargée de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le sénateur, tout d'abord, je vous prie de bien vouloir excuser Xavier Bertrand, qui ne peut être présent ce matin.

Je voudrais vous donner quelques éléments sur la situation des anesthésistes-réanimateurs.

La situation actuelle se caractérise par une croissance des effectifs depuis trente ans - aussi surprenant que cela puisse paraître -, par un vieillissement des professionnels et par une inégale répartition sur le territoire.

La spécialité d'anesthésie-réanimation a connu une croissance de ses effectifs de 20 % en dix ans, contre 15 % pour l'ensemble des médecins.

Le Gouvernement s'est fixé pour objectif d'adapter les ressources humaines en santé aux besoins croissants de prise en charge de la population et aux évolutions de l'offre de soins. À cet effet, il a recours au numerus clausus qui encadre le passage en deuxième année des études de médecine. Celui-ci a été progressivement augmenté, passant de 3 850 en 2000 à 7 400 en 2009.

Il a aussi instauré un dispositif de filiarisation du troisième cycle des études de médecine au travers des quotas par spécialités offerts à l'issue des épreuves classantes nationales.

À ce titre, la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires prévoit de recourir à des prévisions quinquennales concernant le nombre d'internes à former par spécialité et subdivision territoriale.

Ces quotas sont établis en fonction des besoins de soins et à partir des propositions des ARS, examinées par l'Observatoire national de la démographie des professions de santé.

Ainsi, le nombre de postes offerts à l'issue des épreuves classantes nationales en anesthésie-réanimation a été considérablement relevé : il a été porté de 182 en 1999 à 383 en 2011, puis à 387 de 2012 à 2015.

Cette démarche pluriannuelle de prévision des flux de professionnels de santé au niveau national et régional permet de lutter contre les inégalités territoriales d'accès aux soins. Ce dispositif garantit, en outre, la liberté d'installation aux anesthésistes-réanimateurs, principe auquel M. le ministre de la santé est attaché, tout en favorisant une répartition plus équilibrée des professionnels de santé entre les régions.

M. le président. La parole est à M. Raymond Couderc.

M. Raymond Couderc. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, de votre réponse. Les éléments que vous m'avez fournis paraissent a priori rassurants, mais il est vrai que les choses ne sont pas ressenties de la même façon sur le terrain. Nous nous rendons bien compte que les cliniques et les hôpitaux connaissent des difficultés de recrutement : ce sont souvent des anesthésistes étrangers qui viennent s'installer en France.

Il s'agit d'un véritable problème pour une spécialité qui est particulièrement exposée, notamment en termes de risques professionnels et d'assurances. Il serait peut-être bon qu'un groupe de travail puisse approfondir la question.

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