Question de M. NÈGRE Louis (Alpes-Maritimes - UMP) publiée le 09/08/2012

M. Louis Nègre attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur l'avenir des forêts françaises face au changement climatique.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université Paris-Sud, de l'INRA, du CNRS, du CEA, d'AgroParisTech et de l'Université Joseph Fourier de Grenoble a permis d'évaluer, à partir de huit modèles de dernière génération, la réponse des forêts au changement climatique et de souligner les incertitudes associées.
L'objectif de l'analyse était en effet de comparer les sorties de différents types de modèles écologiques et de les combiner afin d'avoir des scénarii plus fiables. L'étude a porté sur une sélection de cinq essences forestières dominantes en France. En général, les auteurs montrent que les plaines de l'ouest, du sud-ouest et du centre de la France seront les plus fortement touchées d'ici 2050. Le changement climatique en France compromettra l'avenir de certaines essences d'arbres en plaine, comme le pin sylvestre. Ces résultats viennent d'être publiés dans la revue "Ecology Letters".
Le changement climatique n'est pas sans effets positifs sur les arbres. La croissance de certaines essences, comme le hêtre, pourrait être stimulée dans le nord, l'est et en montagne. Plus généralement, les modèles prévoient que toutes les espèces d'arbres étudiées progresseront en altitude et que le chêne vert trouvera des climats favorables bien au nord de la région méditerranéenne d'ici 2050.
L'utilisation d'une grande gamme de modèles, allant de modèles statistiques à des modèles complexes de croissance des arbres, a permis d'identifer des incertitudes dans les prévisions. Ainsi, il est difficile de prédire l'impact du changement climatique sans une meilleure connaissance des effets directs de l'augmentation de la teneur en CO2 atmosphérique sur la végétation. Par exemple, les fortes teneurs en CO2 peuvent protéger les arbres contre la sécheresse.
En dépit de ces incertitudes, la plupart des modèles prévoient un recul des espèces de climat tempéré en plaine. Cela concerne plus précisément les essences telles que le hêtre ou le chêne sessile dans les plaines de l'ouest, du sud-ouest et du centre.
Que faire face à de tels scénarii ? Avec cette nouvelle étude, les scientifiques apportent des informations majeures aux gestionnaires des forêts leur permettant d'anticiper les évolutions à venir. Ces derniers se préparent déjà au changement climatique, en mettant en place différentes stratégies. Certaines consistent à favoriser les espèces plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse aux dépens d'espèces plus vulnérables comme le pin sylvestre. Dans d'autres cas, la meilleure stratégie consiste à améliorer la résilience des forêts - par exemple en renforçant la diversité spécifique et génétique ou en atténuant la sécheresse par une sylviculture plus économe en eau - pour faire face à un avenir incertain.

Il souhaite savoir quelles actions le Gouvernement entend mener pour préserver nos forêts.

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Transmise au Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt


Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 11/10/2012

L'accroissement de l'effet de serre et le changement climatique qui y est associé suscitent de nombreuses questions au sein de la filière forêt-bois. En effet, les évolutions liées à ce changement présentent plusieurs facettes avec des aspects favorables, tels que l'augmentation de la productivité biologique dans certaines zones, d'autres pouvant se révéler inquiétants, tels que la modification de l'aire de répartition des essences et d'autres encore manifestement négatifs, tels que l'aggravation des risques, notamment des risques d'incendies. Ces trois aspects méritent d'être gérés de front. Afin de construire une réponse à ces questions et comme il est prévu dans la loi 2009-267 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement, la France a publié le 20 juillet 2011 le plan national d'adaptation au changement climatique. Ce plan, piloté par le ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, couvre 19 secteurs d'activité, dont la forêt. Dans ce cadre, le ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt (MAAF) a mis en avant les actions qu'il comptait mettre en œuvre sur la période 2011-2015 pour l'adaptation des forêts au changement climatique. Les 16 mesures proposées pour la forêt sont le résultat d'une longue phase de concertation et sont issues, pour l'essentiel, des recommandations élaborées par les groupes de travail réunis en 2010. Ces mesures s'articulent autour de cinq objectifs : - poursuivre et intensifier la recherche et le développement sur l'adaptation des forêts au changement climatique ; - collecter les données écologiques, promouvoir et organiser leur disponibilité et le suivi des impacts sur les écosystèmes ; - favoriser la capacité d'adaptation des peuplements forestiers et préparer la filière bois au changement climatique ; - préserver la biodiversité ainsi que les services rendus par la forêt vis-à-vis des risques naturels ; - anticiper et gérer les évènements climatiques extrêmes. L'ensemble de ce plan fera l'objet d'un suivi annuel dans le cadre d'un comité d'évaluation associant les cinq collèges du Grenelle de l'environnement, d'une évaluation à mi-parcours fin 2013, et d'une évaluation finale fin 2015, afin de préparer la suite à donner à ces actions. Par ailleurs, depuis 2008, le MAAF finance le réseau mixte technologique Aforce dédié à l'adaptation des forêts au changement climatique. Ce réseau regroupe 14 organismes aux compétences forestières et a pour objectif d'accompagner les gestionnaires et propriétaires forestiers dans la préparation au changement climatique par la formation, l'information et la diffusion des résultats de la recherche à travers des outils d'aide à la décision.

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