Question de M. GUILLAUME Didier (Drôme - SOC) publiée le 14/09/2012

Question posée en séance publique le 13/09/2012

M. Didier Guillaume. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.

Monsieur le ministre, le monde agricole et rural souffre. . Les revenus des agriculteurs sont trop bas. Au cours des dix dernières années, la France a perdu le quart de ses exploitations agricoles Il faut tout faire pour enrayer cette hémorragie. Les agriculteurs nous font vivre ; ils nourrissent nos concitoyens et sont des acteurs indispensables de l'aménagement du territoire. Nous devons affirmer ensemble, à la Haute Assemblée, que ces hommes et ces femmes sont nécessaires à la France.

La hausse inquiétante des cours mondiaux des céréales nous fait craindre de revivre le scénario de 2007-2008, marqué par une flambée généralisée des prix des matières premières.

Du fait de la sécheresse aux États-Unis et des mauvaises récoltes en Russie et en Ukraine, on note aujourd'hui une hausse très importante des cours du maïs, du soja ou du blé, ce qui a des conséquences pour l'approvisionnement de notre pays.

Par le renchérissement du coût de l'alimentation pour les animaux et des coûts de production de la viande et du lait, cette situation met en difficulté l'ensemble des filières. Le secteur de l'élevage en est la principale victime, alors qu'il représente beaucoup d'emplois directs, mais aussi d'emplois indirects dans l'agroalimentaire. Les revenus des éleveurs, déjà très faibles, sont susceptibles de diminuer encore.

La bataille pour l'emploi, dont le Gouvernement a fait une priorité, doit également concerner l'agriculture et l'agroalimentaire.

Encore une fois, se pose la question de l'avenir de l'élevage dans notre pays, du fait de notre grande dépendance aux importations d'aliments pour animaux.

Encore une fois, se pose la question d'un rééquilibrage des aides agricoles dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune, la PAC, pour plus de justice entre les filières.

Encore une fois, se pose la question de la mise en place d'une régulation des marchés agricoles mondiaux, qui demeure une des solutions pour l'agriculture.

Et je ne parle pas du loup, qui attaque certains troupeaux et laisse nos éleveurs dans la détresse ! (Exclamations amusées sur les travées de l'UMP. – Murmures sur les travées du groupe écologiste.) Il est temps de choisir entre le pastoralisme et le prédateur ; la cohabitation est impossible !

Mardi, à Rennes, le Président de la République a réaffirmé son attachement au monde agricole. Il a affiché sa volonté de faire de l'agriculture un secteur d'avenir, un moteur de la croissance. Ce discours a été salué par la profession agricole.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le plan d'action gouvernemental face à la hausse des prix des céréales ? Par ailleurs, où en sont les négociations européennes sur la réforme de la PAC ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 14/09/2012

Réponse apportée en séance publique le 13/09/2012

M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Monsieur le sénateur, l'agriculture et l'agroalimentaire sont effectivement des secteurs économiques majeurs pour notre pays. Nous partageons un objectif : il faut préserver leurs atouts, développer leurs potentialités et leur ouvrir des perspectives.

Vous avez fait référence à la flambée des prix des céréales, qui aboutit à une situation paradoxale : alors que certaines exploitations tirent aujourd'hui profit de cette envolée des cours, d'autres, notamment dans le secteur de l'élevage, voient leurs coûts de production augmenter.

Il faut donc aborder cette situation en prenant en compte toutes ses conséquences, et apporter des réponses à la fois pour le court terme et le moyen terme.

Pour le moyen terme, une action à l'échelle mondiale doit être menée face aux problèmes posés par la volatilité des prix. Nous avons activé pour la première fois des outils dont la mise en place avait été négociée dans le cadre du G20. Il est essentiel de coordonner les politiques à l'échelle mondiale en vue d'éviter que les prix ne continuent de flamber.

Dans cette perspective, nous allons poursuivre la concertation au sein du G20. Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO. Je me rendrai à Rome pour participer au sommet du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, et nous allons œuvrer pour réunir le forum de réaction rapide.

Quant à l'Europe, elle a du retard sur ce sujet, en particulier sur la question de la spéculation financière, laquelle vient se conjuguer au déficit de l'offre sur le marché et amplifier les phénomènes de volatilité des prix.

C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de soutenir les propositions qui vont être formulées pour lutter contre les positions spéculatives, sur la base d'ailleurs d'un texte ayant été déposé par le commissaire européen Michel Barnier. Nous allons agir pour faire en sorte que l'Europe soit à la hauteur des enjeux et évite que la spéculation ne vienne aggraver l'évolution des prix agricoles.

Sur le plan national, l'enjeu est d'assurer une solidarité entre les céréaliers et les éleveurs, notamment par le biais de la contribution volontaire, dont il faut saluer la mise en place, que nous avons encouragée.

Cela étant, nous devons également engager des moyens pour permettre aux éleveurs de franchir la période difficile qu'ils traversent aujourd'hui. Un accord a été passé avec les banques pour qu'elles leur viennent en aide directement et individuellement. Dans le même esprit, il a été demandé à la Mutualité sociale agricole d'accorder un report du versement d'une partie des cotisations.

J'ajoute qu'il est nécessaire, dans notre pays, d'améliorer les conditions de contractualisation, c'est-à-dire de négociation, entre les différents échelons des filières : production, transformation, distribution. À cette fin, je réunirai dans les prochaines semaines une conférence sur la question des nouveaux modèles de contractualisation, qui rassemblera transformateurs, producteurs et grands distributeurs.

Tels sont les éléments dont je souhaitais vous faire part, monsieur le sénateur. Nous avons le même objectif : défendre l'agriculture et l'élevage, ouvrir des perspectives ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. Didier Boulaud. Excellente réponse !

M. Roland du Luart. Et le loup ?

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