Question de M. BESSON Jean (Drôme - SOC) publiée le 04/10/2012

M. Jean Besson appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur la situation de l'agriculture drômoise.

En 2012, le département de la Drôme a en effet subi à répétition des événements climatiques d'ampleur exceptionnelle touchant plus particulièrement deux zones du département et anéantissant localement la quasi-totalité des productions fruitières et légumières. Plus de 2 000 hectares ont été touchés avec une perte moyenne de chiffres d‘affaire supérieure à 50 %. Plus de 400 emplois ont été supprimés sur ces secteurs.

Face à la gravité de la situation, les agriculteurs sinistrés ont demandé au ministère de l'agriculture le déclenchement du dispositif des calamités ainsi que celui relatif à la perte de fond sur taille sévère. Ils ont également fait part de leur besoin de déroger à la règle des minimi comme ce fut le cas en 2009 en proposant de doubler ce plafond, soit 15 000 euros.

Il souhaiterait savoir quelle suite le Gouvernement a pu réserver à ces demandes d'aide d'urgence.

Par ailleurs, une étude de la FDSEA 26 diligentée à la faveur de ces différents épisodes météorologiques, a montré que seulement 30 % des exploitations concernées étaient assurées. Il souhaiterait dans ces conditions connaître les mesures incitatives que le Gouvernement entend prendre afin de faciliter la progression de l'assurance récolte.

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Réponse du Ministère chargé de l'agroalimentaire publiée le 21/11/2012

Réponse apportée en séance publique le 20/11/2012

M. Jean Besson. Ma question porte sur la situation de l'agriculture drômoise à la suite des nombreuses intempéries qui ont eu lieu cette année. En effet, monsieur le ministre, le département de la Drôme, que je représente, a subi à plusieurs reprises des événements climatiques d'une ampleur exceptionnelle qui ont touché plus particulièrement deux zones – autour de la colline de l'Hermitage, au nord, et de Loriol-sur-Drôme, au sud – et détruit la quasi-totalité des productions fruitières et légumières. Plus de 2 000 hectares ont été ainsi frappés, avec une perte moyenne de chiffre d'affaires supérieure à 50 %. Près de 400 emplois ont été supprimés dans ces secteurs d'activité, qui, vous le savez, demeurent essentiels pour la vitalité de nos territoires ruraux.

Face à la gravité de cette situation, les agriculteurs sinistrés ont demandé au ministère de l'agriculture de déclencher le dispositif des calamités agricoles et de le compléter par l'activation pour raison exceptionnelle du dispositif prévu en cas de perte de fonds consécutive à une taille sévère de la vigne. Dans ces circonstances, la solidarité nationale doit pleinement jouer son rôle.

Je souhaiterais donc savoir quelle réponse le Gouvernement a apporté à ces demandes d'aide d'urgence légitimes.

Par ailleurs, une étude de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, la FDSEA, de la Drôme – c'est le principal syndicat dans ce département –, diligentée après ces différents épisodes météorologiques, a montré que seulement 30 % des exploitations concernées étaient assurées. Certains freins expliquent cette situation, notamment – c'est la raison pour laquelle je vous interpelle, monsieur le ministre – la réticence de l'État à remplir une fonction de réassurance publique qui interviendrait en appui du marché.

J'aimerais donc connaître les mesures incitatives que le Gouvernement entend prendre afin de faciliter la progression de l'assurance récolte.

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Guillaume Garot, ministre délégué auprès du ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, chargé de l'agroalimentaire. Monsieur le sénateur, l'agriculture drômoise, et en particulier l'arboriculture, a été très durement touchée par un épisode de grêle survenu l'été dernier. Je veux d'abord rappeler la solidarité de l'État et du Gouvernement avec toutes les victimes.

Vous connaissez l'état du droit, monsieur le sénateur : les pertes de récolte subies par les agriculteurs ne sont pas indemnisables au titre du régime des calamités agricoles, car le risque grêle est un risque assurable. Toutefois, le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a demandé aux services de l'État de tout mettre en œuvre pour permettre, le cas échéant, une indemnisation des pertes de fonds consécutives à la grêle. Il s'agit dans un premier temps d'identifier les parcelles touchées, en vue d'une éventuelle indemnisation en 2013. Cette indemnisation pourrait intervenir si une perte de récolte supérieure à 30 % était constatée en 2013. Un dossier de demande de reconnaissance en calamité agricole pourra alors être constitué par la direction départementale des territoires de la Drôme pour examen par le Comité national de gestion des risques en agriculture, le CNGRA, qui statuera sur cette reconnaissance.

La demande d'augmentation du seuil des aides de minimis pose la question générale de la prévention des risques dans le secteur agricole, en particulier pour les producteurs de fruits ; vous m'avez d'ailleurs interrogé sur ce point.

Force est d'abord de constater que les vergers touchés par cet épisode n'étaient pas équipés de ce que l'on appelle des filets paragrêle, lesquels permettent de prévenir les pertes de récoltes consécutives aux orages de grêle. À cet égard, je rappelle que le dispositif de rénovation des vergers, géré par FranceAgriMer, permet de soutenir les investissements en filets paragrêle lors du renouvellement des vergers.

Ensuite, les arboriculteurs sinistrés n'avaient pas souscrit d'assurance contre la grêle, alors même qu'existe un dispositif de prise en charge des cotisations d'assurance, à hauteur de 65 % des primes d'assurance.

Plus largement, le développement de l'assurance récolte est un objectif des politiques publiques, qui s'est traduit par un soutien public, national ou communautaire, accru.

Cependant, j'y insiste, les surfaces assurées varient considérablement d'un secteur à l'autre. Ainsi, elles représentent 30 % pour les grandes cultures, 15 % pour les légumes et la viticulture, mais seulement 2 % pour les fruits.

Le taux d'assurance récolte est très dépendant de l'offre des assureurs. En France, les pouvoirs publics, malgré le taux de prise en charge des primes d'assurance, n'ont que peu de visibilité sur cette offre des assureurs, contrairement au système en vigueur en Espagne, par exemple.

Enfin, les discussions en cours dans le cadre de la réforme de la PAC conduiront à un changement des paramètres du soutien public.

C'est pourquoi, dans ce contexte assurément complexe d'un point de vue juridique, économique et financier, M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, conduira une nouvelle réflexion sur la gestion des risques en agriculture. La question du partage entre les risques qui relèvent de l'assurance et ceux qui ressortissent aux mécanismes de solidarité mérite en effet d'être posée à nouveau, en particulier pour certains secteurs fragiles sur le plan économique, qui n'ont que peu recours à l'assurance.

Telle est donc l'orientation de nos travaux ; il va de soi que nous tiendrons les élus des territoires concernés directement informés de leur avancée.

M. le président. La parole est à M. Jean Besson.

M. Jean Besson. Monsieur le ministre, je vous remercie de cette réponse largement positive, que je vais communiquer dans la journée même à mes amis agriculteurs drômois.

Il s'agit, certes, d'un problème conjoncturel, mais il importe aussi de réfléchir aux problèmes que je qualifierai de structurels. Dans le cadre de la négociation de la future PAC avec nos partenaires européens, il faudra faire figurer ce point parmi nos priorités, à l'instar de la question des droits de plantation évoquée tout à l'heure par mon collègue René-Paul Savary.

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