Question de Mme FARREYROL Jacqueline (La Réunion - UMP) publiée le 11/10/2012

Mme Jacqueline Farreyrol attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur la question de l'accessibilité au territoire de La Réunion.

La volonté du Gouvernement de voir les territoires ultramarins connaître un plus important développement économique ne peut pas ignorer les perspectives liées au développement du tourisme international. La Réunion, qui fait des efforts importants afin de développer et de diversifier ses clientèles, cherche à conquérir les marchés porteurs, émergents, que représentent l'Afrique du Sud, l'Inde et les marchés asiatiques dont la Chine.

Le développement des nouvelles technologies a considérablement impacté les choix de destinations de vacances en réduisant le délai entre l'achat du séjour et le départ effectif. Or, les ressortissants des pays cités sont soumis pour se rendre à La Réunion à l'obtention d'un visa, entraînant des procédures décourageantes, de par leur longueur et dissuasives, de par leur coût. Parallèlement, les pays de la zone Océan Indien délivrent un visa, le plus souvent gratuitement, à ces touristes à leur entrée sur le territoire. Cette différence de législation est donc très nettement en défaveur de La Réunion.

Pourtant, il existe, justement pour ces raisons, une liste blanche de pays pour lesquels les ressortissants sont exemptés de visa pour se rendre pour des motifs de tourisme dans certains territoires. C'est ainsi le cas pour certains pays caribéens vis-à-vis de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane.

Ayant formulé auprès du Gouvernement, une demande visant à voir l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde inscrites sur cette liste blanche pour l'accès au territoire de La Réunion, et sachant que la haute saison touristique de La Réunion commence très prochainement, elle souhaiterait connaître la décision prise par le Gouvernement à cet égard.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 21/11/2012

Réponse apportée en séance publique le 20/11/2012

Mme Jacqueline Farreyrol. Monsieur le président, monsieur le ministre, mesdames, messieurs les sénateurs, comme vous le savez, le tourisme représente, pour les territoires ultramarins notamment, un secteur porteur de développement économique important.

Dans ce contexte, l'île de la Réunion, qui fait des efforts importants afin de développer et de diversifier ses clientèles, cherche à conquérir les marchés porteurs, émergents, que sont notamment l'Afrique du Sud, l'Inde et la Chine.

Monsieur le ministre, le développement des nouvelles technologies a considérablement influencé les choix de destinations de vacances, en réduisant le délai entre l'achat du séjour et le départ effectif.

Or les ressortissants des pays cités à l'instant sont soumis, pour se rendre à la Réunion, à l'obligation d'obtenir un visa, ce qui entraîne des procédures décourageantes, de par leur longueur, et dissuasives, de par leur coût.

Le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme déclarait lui-même récemment : « Les procédures longues, onéreuses et compliquées de délivrance des visas et les politiques limitant le développement des voyages aériens sont des obstacles à la poursuite de l'expansion des voyages et du tourisme. Éliminer ces obstacles permettra de doper la demande, d'accroître les exportations, de muscler l'économie et de créer des emplois. »

Les pays de la zone Océan Indien situés autour de la Réunion délivrent, quant à eux, un visa aux touristes, le plus souvent gratuitement, dès leur entrée sur le territoire. Cette différence de législation est donc très nettement en défaveur de la Réunion.

Or il existe une liste blanche de pays dont les ressortissants sont exemptés de visa lorsqu'ils se rendent, pour des motifs de tourisme, dans certains territoires français. C'est le cas pour les habitants de plusieurs pays caribéens, par exemple, qui désireraient se rendre en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane. Nous souhaitons un tel dispositif pour la Réunion : c'est pourquoi j'ai souhaité voir l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde inscrites sur cette liste blanche.

Le Gouvernement a tenu compte de ma demande en annonçant, par la voix de M. le ministre des outre-mer, la suppression des visas pour les ressortissants sud-africains. Je lui en suis très reconnaissante.

Deux questions restent cependant posées : à quelle date l'arrêté dispensant les ressortissants sud-africains de visa sera-t-il publié et prendra-t-il effet ? Quelles décisions le Gouvernement entend-il prendre pour les ressortissants indiens et chinois, lesquels représentent le plus fort potentiel d'augmentation du nombre de touristes dans les prochaines années ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, vous l'avez dit, les départements, territoires et collectivités territoriales d'outre-mer, ainsi que la Nouvelle-Calédonie, sont soumis à des régimes de circulation et de séjour particuliers. Contrairement aux départements métropolitains, ils ne font pas partie de l'espace Schengen.

L'arrêté du 14 décembre 2009 puis celui du 26 juillet 2012 ont défini les documents et visas exigés pour l'entrée des étrangers sur le territoire de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de la Réunion et de la collectivité de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ils ont également simplifié les conditions d'entrée sur le territoire de ces départements et collectivités.

Cet arrêté prévoit la dispense de visa pour les séjours de moins de trois mois, par période de six mois, pour les ressortissants d'un certain nombre de pays, harmonisant ainsi le régime de circulation avec celui qui est applicable au territoire métropolitain.

Des mesures plus spécifiques ont par ailleurs été instaurées en faveur de ressortissants de certaines nationalités soumises à l'obligation de visas de court séjour : je veux parler notamment des nationalités sud-africaine, chinoise et indienne.

Afin de favoriser l'entrée dans les départements et collectivités d'outre-mer de ces demandeurs présentant un fort potentiel en termes touristiques, donc un atout incontestable pour la Réunion, l'arrêté dispose que les personnes déjà titulaires d'un visa de circulation délivré pour la métropole par une autorité consulaire française sont dispensées de visa de court séjour pour entrer dans ces départements.

En juin 2011, une convention conclue entre le préfet de la Réunion, le président du conseil régional et le syndicat national des agences de voyages a mis en place un dispositif, baptisé « visa Vanille », consistant à faciliter la circulation de touristes ressortissants de quatre pays : Afrique du Sud, Chine, Inde, Russie. Elle permet donc à ces derniers, lorsqu'ils ont passé au préalable un séjour à l'île Maurice, de bénéficier d'une procédure dérogatoire de délivrance de visa à l'entrée sur le territoire de la Réunion.

J'ai décidé de donner un caractère pérenne à cette expérimentation, en l'inscrivant dans le droit. Je souhaite également qu'une expérimentation complémentaire puisse être menée pour les touristes en provenance des Seychelles.

S'agissant des Sud-Africains, j'ai été sensible aux arguments développés pour encourager, au moyen de la politique des visas, le développement de la destination « la Réunion » du fait de sa proximité géographique avec l'Afrique du Sud et de la desserte hebdomadaire opérée par Air Austral entre Johannesbourg et Saint-Denis-de-la-Réunion.

Victorin Lurel, mon collègue ministre des outre-mer, a eu l'occasion de l'annoncer voilà quelques jours, comme vous l'avez souligné : la décision est prise et les ressortissants sud-africains seront très prochainement dispensés de visas de court séjour ; un arrêté ministériel rendra effectif cette suppression dès le 1er janvier prochain 2013.

Madame Farreyrol, une telle décision représente un engagement fort du Gouvernement tout autant qu'un changement de point de vue. Je tenais à le rappeler en cet instant.

Toutefois – c'est là où les choses se compliquent –, votre demande vise à étendre la dispense de visa de court séjour aux ressortissants chinois et indiens. Je ne suis pas favorable à cette option s'agissant de pays pour lesquels l'absence de risque migratoire n'est pas avérée. Pour lesdits ressortissants, nos consulats ont néanmoins passé des accords locaux avec des agences de voyages, qui permettent un traitement plus rapide des dossiers pour lesquels des garanties sont apportées.

Le Gouvernement et moi-même resteront évidemment attentifs à marquer, par des décisions pragmatiques et ouvertes, notre attention au développement des départements d'outre-mer, tout en évitant ce qui, à terme, pourrait contribuer à leur déstabilisation.

En tout cas, nous restons ouverts à toute discussion sur le sujet. Tels sont le sens et le cadre de la politique gouvernementale en matière de visa.

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Farreyrol.

Mme Jacqueline Farreyrol. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. J'espère que toutes les mesures annoncées permettront de booster véritablement notre tourisme. Il faut le savoir, la Réunion abrite une grande communauté chinoise et indienne, et la population locale exprime très fortement son souhait de pouvoir rencontrer ses homologues de l'océan Indien, en raison de traditions culturelles et cultuelles partagées et encore très vivantes sur l'île.

L'encadrement de la procédure par les tour-opérateurs, les agences de voyages et la préfecture, mis en place à la fin de l'année 2011 pour les ressortissants chinois, a très bien fonctionné. Puisse-t-il être pérennisé.

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