Question de M. MAYET Jean-François (Indre - UMP) publiée le 25/10/2012

M. Jean-François Mayet appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les conséquences d'une possible ouverture de « salles de shoot », proposition qui serait relayée par certains membres de sa majorité.
Cette proposition va totalement à l'encontre d'une politique ambitieuse de réduction des risques. Les raisons invoquées pour l'ouverture de ces salles reviennent à dire qu'un toxicomane ne peut sortir de la drogue. Ainsi, ces salles permettraient une consommation à moindre risque, ou le fait de se droguer devant une personne rendrait le produit moins dangereux. Sous des aspects de bonnes intentions, c'est laisser sous silence les conséquences et les effets secondaires de prise de drogue psychotrope. En outre, il s'agirait de centres où les toxicomanes pourraient consommer leur drogue dans de bonnes conditions, ce qui leur éviterait par exemple d'attraper une hépatite ou le VIH avec du matériel contaminé. C'est vouloir ignorer que le VIH est transmis principalement sexuellement. La transmission du sida par le biais des injections ne représente que 2 % des cas.
Enfin, s'agissant du coût très élevé de fonctionnement de ces salles, la question est la suivante : pourquoi ne pas consacrer de tels moyens pour aider le toxicomane à sortir de sa dépendance plutôt que de l'y enfoncer un peu plus ?
Le gouvernement canadien vient de renoncer à poursuivre plus avant dans l'expérimentation de site d'injection supervisé par des équipes médicales de Vancouver au motif qu'il n'a pas été apporté de preuves concluantes que maladies et surdoses étaient endiguées. Les Suisses ont décidé quant à eux de restreindre l'accès à leurs salles.
L'omniprésence de la drogue, la banalisation à outrance de ces dernières années, les mensonges sur sa nocivité relative ont poussé beaucoup d'adolescents à choisir, comme beaucoup de leurs camarades, une aventure dans cette voie sans issue. L'ouverture de salles de shoot amènera une dépénalisation de fait et donnera à ces jeunes un signal mensonger.
C'est pourquoi il lui demande si elle compte dénoncer cette volonté irresponsable d'ouverture de ces salles de shoot. Il lui demande quelle est sa politique de prévention pour lutter contre le dramatique fléau de la drogue.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 20/12/2012

Les salles de consommation à moindre risque sont des espaces encadrés par des professionnels (personnel médical et infirmier, travailleurs sociaux) qui visent à lutter contre les risques infectieux liés à l'usage de drogues et à favoriser le contact entre les usagers et les professionnels de santé pour les aider à réduire progressivement leur consommation de drogues. Il faut rappeler qu'il existe aujourd'hui environ 81 000 usagers actifs (usage régulier) de drogues par voie intraveineuse, avec environ 100 décès par overdose par an. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale a publié en 2010 une expertise collective apportant une synthèse des résultats obtenus à la suite de la mise en place de salles de consommation dans 8 pays étrangers. 92 salles de consommation à moindre risque étaient opérationnelles principalement aux Pays-Bas (45 salles), en Allemagne (25 salles), en Suisse (12 salles) et en Espagne (6 salles). Les données disponibles indiquent que les salles de consommation à moindre risque apportent aux usagers qui les fréquentent des injections qui se déroulent dans des conditions hygiéniques, la possibilité de recevoir des conseils et des instructions spécifiques, une diminution des comportements à risque et une réelle prévention d'overdoses mortelles. Il faut également souligner qu'il a été mis en évidence la réduction de l'usage de drogues en public et des nuisances associées, ce qui bénéficie à l'ensemble des concitoyens. Pour toutes ces raisons, des réflexions sont en cours pour étudier la possibilité d'expérimenter les salles de consommation à moindre risque en France. Plusieurs villes se sont portées volontaires. Les associations de patients et les professionnels de santé soutiennent cette démarche. La question juridique sera par ailleurs examinée dans le cadre de cette expérimentation. Ces salles de consommation à moindre risque constituent l'un des volets possibles d'une politique de réduction des risques. Celle-ci passe aussi par la prévention, par des prises en charge de qualité et par un accompagnement médical et social de la personne.

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