Question de M. BAILLY Gérard (Jura - UMP) publiée le 01/11/2012

M. Gérard Bailly appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les conséquences de l'expérimentation des salles de consommation de drogue (« salles de shoot ») en France qu'elle a déclaré vouloir lancer avant la fin de l'année.
Il est particulièrement étonnant, alors que la drogue fait tant de ravages, surtout chez les jeunes, de chercher à en encourager la consommation et à entretenir la dépendance aux drogues plutôt que de tout faire pour aider les gens à s'en débarasser... Il serait beaucoup plus utile de consacrer les moyens financiers importants qui seront nécessaires pour l'ouverture et l'entretien de ces salles et de leur personnel, à l'aide aux toxicomanes pour les sortir de leur dépendance plutôt que de les y enfoncer un peu plus. Permettre aux drogués de le faire en toute tranquilité dans une salle ad hoc, n'est-ce pas non plus admettre implicitement qu'un toxicomane ne peut pas se sortir de la drogue ? Ce qui est faux et terriblement cynique.
Les pays étrangers qui ont fait ces expériences en reviennent et même en sortent, comme le Canada tout récemment, l'ouverture des salles de shoot n'ayant apporté aucune preuve concluante d'endiguer maladies et surdoses. La Suède qui avait fait cette expérience dans les années 60 a vu doubler le nombre de toxicomanes en deux ans et s'est engagée depuis dans une politique très stricte basée sur la prévention (dès l'école), la répression et la sortie de la toxicomanie.
À l'heure où notre société est déjà particulièrement fragilisée, où l'on sait que le besoin de drogue pousse aux exactions, vols, rackets et est souvent un facteur de violence dans les collèges et lycées, où toutes les études convergent pour souligner les risques et les dégâts de la consommation de cannabis chez les jeunes, ce serait un signal particulièrement mal venu de montrer que l'État, en laissant ouvrir des salles de consommation de drogue, en banalise l'usage et, en plus, avec de l'argent public.
Il aimerait connaître ses réactions à ce sujet.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 20/12/2012

Les salles de consommation à moindre risque sont des espaces encadrés par des professionnels (personnel médical et infirmier, travailleurs sociaux) qui visent à lutter contre les risques infectieux liés à l'usage de drogues et à favoriser le contact entre les usagers et les professionnels de santé pour les aider à réduire progressivement leur consommation de drogues. Il faut rappeler qu'il existe aujourd'hui environ 81 000 usagers actifs (usage régulier) de drogues par voie intraveineuse, avec environ 100 décès par overdose par an. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale a publié en 2010 une expertise collective apportant une synthèse des résultats obtenus à la suite de la mise en place de salles de consommation dans 8 pays étrangers. 92 salles de consommation à moindre risque étaient opérationnelles principalement aux Pays-Bas (45 salles), en Allemagne (25 salles), en Suisse (12 salles) et en Espagne (6 salles). Les données disponibles indiquent que les salles de consommation à moindre risque apportent aux usagers qui les fréquentent des injections qui se déroulent dans des conditions hygiéniques, la possibilité de recevoir des conseils et des instructions spécifiques, une diminution des comportements à risque et une réelle prévention d'overdoses mortelles. Il faut également souligner qu'il a été mis en évidence la réduction de l'usage de drogues en public et des nuisances associées, ce qui bénéficie à l'ensemble des concitoyens. Pour toutes ces raisons, des réflexions sont en cours pour étudier la possibilité d'expérimenter les salles de consommation à moindre risque en France. Plusieurs villes se sont portées volontaires. Les associations de patients et les professionnels de santé soutiennent cette démarche. La question juridique sera par ailleurs examinée dans le cadre de cette expérimentation. Ces salles de consommation à moindre risque constituent l'un des volets possibles d'une politique de réduction des risques. Celle-ci passe aussi par la prévention, par des prises en charge de qualité et par un accompagnement médical et social de la personne.

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