Question de Mme BLONDIN Maryvonne (Finistère - SOC) publiée le 15/11/2012

Mme Maryvonne Blondin attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les espoirs soulevés par la phagothérapie.

L'utilisation abusive ou mal adaptée des antibiotiques conduit vers une résistance de plus en plus précoce, ainsi que vers l'apparition de multirésistances. À défaut de pouvoir développer dans un délai raisonnable de nouveaux antibiotiques, d'autres alternatives sont envisagées, comme par exemple l'utilisation de phages.

Ce traitement a connu ses premiers succès, dans son rôle de guérison, au moment de la Première Guerre mondiale. Mais les phages, plus précisément les bactériophages, ont été oubliés avec l'avènement de l'antibiothérapie, au milieu des années 1940.

Essentiellement utilisée par les pays de l'Est, en particulier en Géorgie en tant que traitement banal pour une infection mineure, cette technique consiste à utiliser des virus naturels des bactéries dans certains cas d'antibiorésistance. La phagothérapie pourrait ainsi s'avérer utile pour combattre les maladies nosocomiales notamment les staphylocoques dorés. Cette ancienne thérapie peut légitimement, et au vu de certaines guérisons cliniques observées, susciter de nouveaux espoirs et se révéler être une alternative aux antibiotiques ou un complément de ces derniers.

En effet, dans un avenir immédiat, la phagothérapie ne peut pas remplacer l'antibiothérapie. Certaines pathologies nécessitent une action très rapide du thérapeute et une adaptation du phage thérapeutique. La phagothérapie, avec ses avantages et ses limites, est donc un complément à l'antibiothérapie qui peut être salvateur dans une prise en charge globale d'une maladie nosocomiale.

Cependant, de nombreux obstacles existent au développement de cette alternative. En effet, premièrement, ce traitement nécessite un cocktail de phages ; deuxièmement, la production sur une vaste échelle est encore difficile ; enfin, le manque d'investissement de la part des industries pharmaceutiques est réel.

Pour qu'un jour les phages soient commercialisés, il est donc nécessaire que les industriels investissent et jouent un rôle pionnier et innovant, forcément économiquement intéressant, pour nos entreprises pharmaceutiques. Or, les phages, issus de la nature, à la frontière du vivant, ne sont pas brevetables. Seuls des cocktails de phages pourraient l'être.

Elle souhaite donc savoir ce que le Gouvernement envisage de faire pour étudier cette possibilité de nouveaux traitements, afin de lutter efficacement contre certaines infections respiratoires, osseuses ou articulaires profondes pour lesquelles les antibiotiques ont échoué. Des raisons de santé publique et de financement sont véritablement en jeu.


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