Question de Mme BOUCHOUX Corinne (Maine-et-Loire - ECOLO) publiée le 24/01/2013

Mme Corinne Bouchoux interroge M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur l'emploi dans la filière métallurgique en France.
En septembre 2012, l'observatoire de la métallurgie a publié une étude prospective sur l'évolution des métiers et des emplois de la métallurgie. Cette étude a pour objet, d'une part, d'évaluer les besoins futurs en recrutement pour déterminer les métiers et compétences qui seront recherchés par les entreprises et, d'autre part, de mesurer la capacité du système éducatif à former suffisamment les jeunes pour répondre à ces besoins.
Le secteur métallurgique français fait, en effet, face à un paradoxe. Malgré la baisse du nombre d'emplois industriels, la métallurgie n'a jamais cessé de recruter. Cela s'explique par deux raisons principales : les transferts vers d'autres secteurs des différentes branches et une vague de départ à la retraite plus importante encore que les baisses d'effectifs. Ces départs doivent être compensés par des embauches et cette tendance va se poursuivre voire s'amplifier dans les années à venir.
Cette appréciation du nombre de recrutements est corrélée à des facteurs avérés (vieillissement démographique, déplacement des pôles de croissance mondiale) et d'autres plus incertains (rythmes de croissance de l'économie mondiale, orientation des politiques publiques, dénouement de la crise…).
Cependant, les besoins en recrutement seront élevés. Selon l'étude prospective, ils sont estimés entre 115 000 et 128 000 d'ici 2020 (recrutements exogènes). Tous les secteurs de la métallurgie sont concernés par le renouvellement des compétences.
L'offre de formation ne fait pas défaut : apprentissage (centres de formation d'apprentis, CFA) et formations dites classiques (baccalauréats professionnels, brevets de technicien supérieur, BTS, écoles d'ingénieurs...). Cependant, les professionnels de la filière craignent la disparition d'une partie de l'offre de formation dans les années à venir (Ainsi, en Pays de la Loire moitié de l'offre pourrait disparaître en cinq ans selon certaines estimations) du fait du déclin du nombre de jeunes intéressés par les métiers de la métallurgie.
La métallurgie souffre, en effet, d'une image ternie et vieillie qui se traduit par un manque patent d'attractivité de ses métiers et formations dédiées.
L'enjeu pour la métallurgie en termes de formation est double : adapter l'offre de formation dans les contenus aux nouvelles techniques de manière permanente : électronique et informatique notamment ; améliorer l'image et l'accueil de ce secteur d'activité en faisant mieux connaître ses différents métiers (organisation par exemple de la semaine de l'industrie).

Elle lui demande quels sont les moyens engagés par le Gouvernement afin d'aider à redorer le blason de ce secteur d'activité dont le potentiel de croissance reste important et pouvant participer à la conversion écologique de l'économie et comment le Gouvernement compte attirer plus de jeunes vers ces métiers (différentes branches et différents niveaux de responsabilité) afin de pérenniser les systèmes de formation en place et contribuer ainsi à la réindustrialisasion de la France.

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Transmise au Ministère du travail, de l'emploi et du dialogue social


Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et du dialogue social publiée le 28/08/2014

Dans la continuité de l'étude prospective menée en 2012 sur l'évolution des emplois et des métiers de la métallurgie qui estimait entre 115 000 et 128 000 besoins de recrutement d'ici à 2020, l'observatoire prospectif et analytique des métiers et des qualifications de la métallurgie a produit, en juillet 2013, un travail de synthèse visant à recenser les flux de diplômes, du niveau V (CAP) au niveau I (Ingénieur), dans les spécialités de formation pouvant mener aux métiers de la métallurgie. Ainsi, près de 140 600 diplômes ont été délivrés en 2011. Plus de 38 % relevaient du niveau V et IV ; près de 25 % du niveau III et près de 37 % du niveau I et II. Ces diplômes ont été obtenus à plus de 72 % par voie scolaire, à 21 % par l'apprentissage et à moins de 7 % par la voie de la formation continue. Ces résultats sont le fruit d'une collaboration étroite entre les professionnels concernés et les différents ministères en charge de la formation initiale et continue. En effet, concernant la formation initiale, le ministère chargé de l'éducation nationale établit des liens avec des entreprises et des organisations professionnelles de tous secteurs pour renforcer la connaissance qu'ils ont les uns des autres. Les partenariats, qui en résultent, contribuent à la réussite de l'insertion des jeunes dans la vie active. Ils prennent des formes variées et se traduisent par des actions en direction des familles, des salariés et de la communauté éducative. Pour ce faire, les professionnels participent à l'information des élèves et des familles sur les métiers et les filières de formation. Ils encouragent la connaissance de l'entreprise et de son organisation. Ils participent, également, aux commissions paritaires consultatives qui formulent des avis et propositions sur la création, l'actualisation ou la suppression de tous les diplômes de l'enseignement professionnel. Ainsi, aucun diplôme de l'enseignement technologique et professionnel ne peut être créé ou modifié sans l'avis de ces commissions. Chaque commission professionnelle consultative du ministère chargé de l'éducation est composée de partenaires sociaux (représentants des employeurs et des salariés), de représentants des pouvoirs publics et de personnalités qualifiées choisies en fonction de leurs activités professionnelles. Enfin, des partenariats école-entreprises renforcent les liens entre les acteurs de la communauté éducative, les élèves et le milieu professionnel. Ils facilitent le rôle d'information et d'orientation joué par l'équipe éducative auprès des élèves. Ils apportent aux professionnels de l'éducation une meilleure connaissance de l'entreprise et de son environnement. Concernant la formation continue, l'union des industries et des métiers de la métallurgie a, par la voie de son organisme paritaire de collecteur agréé (OPCAIM) dédié en 2012 près de 97 millions d'euros au financement de l'apprentissage et engagé plus de 472 millions d'euros dans les différents dispositifs de formation continue (droit individuel à la formation (DIF), formation professionnelle continue (FPC), contrat de professionnalisation, période de professionnalisation, ...) au bénéfice de quelque 400 000 salariés et plus de 9 000 demandeurs d'emploi. Le ministère du travail, de l'emploi et du dialogue social encourage et accompagne les entreprises de la métallurgie. Ainsi, le programme 103 « accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi » et plus particulièrement par le déploiement d'engagement de développement de l'emploi et des compétences (EDEC), contribue à hauteur de plus de 37 % des cofinancements obtenus par la branche (65,9 M€) pour développer des plans d'action en lien avec les problématiques territoriales (mise en place de passerelles entre différents secteurs d'activités) et sectorielles (accompagnement de la filière automobile notamment). Enfin, le conseil national de l'industrie (CNI) installé le 5 février 2013 sous la présidence du Premier ministre réunit les industriels et les organisations syndicales autour de l'État afin de déterminer, par filière, les actions spécifiques concrètes qui renforcent chaque industrie dans la compétition mondiale. Pour ce faire, les travaux du CNI s'effectuent au sein de comités stratégiques de filière, dont les enjeux, au regard des stratégies de filières ainsi élaborées, sont d'établir notamment des plans d'action dans le domaine de l'emploi, la formation initiale et continue. Ainsi, sur les 14 comités stratégiques de filières, quatre concernent le secteur de la métallurgie (automobile, construction aéronautique, construction navale, construction ferroviaire). Le ministre du travail, de l'emploi et du dialogue social est partie prenante à l'ensemble de ces travaux.

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