Question de Mme DEMESSINE Michelle (Nord - CRC) publiée le 28/02/2013

Mme Michelle Demessine attire l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur la demande d'enregistrement de l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille au niveau 1 du répertoire national des certifications professionnelles.

L'Institut supérieur d'osthéopathie de Lille forme, en effet, depuis 2003, des osthéopathes avec un haut niveau de qualification.

Il s'inscrit pleinement dans le paysage de santé publique de la région Nord-Pas-de-Calais et bénéficie, depuis 2007, de l'agrément du ministère en charge de la santé.

Néanmoins, en l'absence d'enregistrement au niveau 1 du répertoire national des certifications professionnelles, cet institut n'est pas reconnu à sa juste valeur dans le cadre du système universitaire.

Au moment où il n'y a que 6 000 ostéopathes dans notre pays et que ce dernier vit un vieillissement croissant de sa population, avec près de 13 millions de personnes de plus de 60 ans, cette situation est de nature à décourager les étudiants désireux de s'engager dans cette voie.

Elle souhaiterait donc savoir quelles mesures il entend prendre pour que l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille soit enregistré au niveau 1 du répertoire national des certifications professionnelles.


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Transmise au Ministère chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 10/04/2013

Réponse apportée en séance publique le 09/04/2013

Mme Michelle Demessine. Madame la ministre, au moment où notre pays est confronté à un vieillissement croissant, avec près de 13 millions de personnes de plus de soixante ans, l'ostéopathie connaît un très fort engouement et vient d'être reconnue par l'Académie nationale de médecine pour ses vertus thérapeutiques, en vue d'accompagner les médecines traditionnelles.

Cette discipline thérapeutique est sous la responsabilité du ministère de la santé, qui délivre des agréments à des formations supérieures dont les élèves exerceront leur profession au même niveau de responsabilité.

Pourtant, le répertoire national des certifications professionnelles ne loge pas toutes les formations supérieures en ostéopathie à la même enseigne : certaines sont certifiées d'un niveau 1, quand d'autres, malgré leur excellence, le sont d'un niveau 2. C'est notamment le cas de l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille, qui forme depuis 2003 des professionnels avec un haut degré de qualification reconnu.

Les étudiants y suivent un cursus totalisant 4 600 heures d'enseignement, réparties sur cinq ans et demi d'études, en conformité avec les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, qui préconise au moins 4 300 heures d'enseignement.

De plus, dans un souci de qualité de l'enseignement au sein de cet établissement, les cours sont dispensés par cinquante-deux enseignants médecins, dont dix professeurs de médecine, huit praticiens hospitaliers et huit anciens chefs de clinique, et un diplôme n'est délivré qu'à quarante à cinquante étudiants par an.

Pourtant, en décembre dernier, la commission nationale de la certification professionnelle, ou CNCP, a décidé l'inscription de cet établissement au niveau 2 du répertoire national des certifications professionnelles.

Alors que cet institut bénéficie depuis 2007 de l'agrément du ministère de la santé, cette classification empêche ses étudiants d'obtenir une équivalence à l'intérieur du système LMD. Ainsi, à la sortie de leurs études, ces étudiants se trouvent dépourvus d'un diplôme ayant une véritable reconnaissance universitaire ; quant à ceux qui, malheureusement, abandonnent la formation avant son terme, ils se voient dans l'obligation de recommencer leur cursus au niveau du baccalauréat.

Cette situation est de nature à décourager les étudiants désireux d'entreprendre des études d'ostéopathie, d'autant plus que cet établissement, pleinement inscrit dans le paysage de santé publique régional, est le seul du Nord - Pas-de-Calais.

Face à la demande croissante des Français pour les soins ostéopathiques, la classification de cet institut au niveau 2 est d'autant moins opportune que les établissements d'enseignement de la discipline, s'ils sont légion, sont peu nombreux à présenter des gages de débouchés professionnels aussi bons que les siens.

Madame la ministre, quelles mesures le Gouvernement envisage-t-il pour qu'il n'y ait plus deux niveaux de certification délivrés par la commission nationale de la certification professionnelle pour les formations supérieures en ostéopathie ayant reçu l'agrément du ministère de la santé ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Michelle Demessine, vous avez appelé l'attention du ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur la décision de la commission nationale de la certification professionnelle, la CNCP, d'enregistrer la formation de l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille au niveau 2 de la nomenclature, et non au niveau 1 comme le souhaitait cet établissement.

Je rappelle d'abord que la CNCP est composée principalement de représentants des partenaires sociaux, des chambres consulaires, des régions et de tous les ministères concernés, notamment du ministère des affaires sociales et de la santé. Ce ministère a agréé l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille pour qu'il puisse dispenser sa formation, sans pour autant lui accorder le niveau qu'il demandait.

La CNCP procède aux enregistrements selon une procédure et des critères définis par le code de l'éducation. En particulier, elle doit apprécier la notion de certification professionnelle dans sa relation à l'emploi. À cet égard, la logique qui prévaut pour l'ensemble des demandes présentées à la CNCP est qu'un emploi peut être exercé dans des contextes très divers et à des niveaux de responsabilité différents. C'est pourquoi le dossier de demande d'enregistrement doit comporter des référentiels d'emploi, d'activités et de compétences, ainsi que l'état des emplois occupés par les étudiants issus d'au moins trois promotions.

La demande d'enregistrement déposée par l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille en juin 2012 faisait suite à l'avis défavorable formulé par la CNCP, en avril 2011, sur une première demande. À l'issue de l'instruction prévue par les dispositions réglementaires, la CNCP s'est à nouveau prononcée en faveur d'un enregistrement au niveau 2. L'institut a refusé ce niveau d'enregistrement et formulé une demande de recours gracieux, en rappelant notamment son statut, la qualité de ses formateurs et la durée de la formation, ainsi que les relations qu'il entretient avec le centre hospitalier régional universitaire de Lille.

Ces arguments ne pouvant pas être pris en considération dans la procédure de demande d'enregistrement telle qu'encadrée par les dispositions légales et réglementaires du code de l'éducation, ils n'ont pas suffi à convaincre la CNCP du bien-fondé d'un enregistrement au niveau 1.

Il convient également de préciser que le fait d'être agréé par le ministère de la santé pour dispenser la formation d'ostéopathe ne constitue pas une condition d'enregistrement au répertoire national des certifications professionnelles à un niveau que ce ministère n'a pas lui-même fixé.

Cependant, la CNCP a formulé des recommandations pour améliorer les référentiels proposés et préciser les compétences ; ces recommandations ont fait l'objet d'un échange approfondi entre son président et le responsable pédagogique de l'établissement.

Les arguments avancés pour appuyer une demande d'enregistrement au niveau 1 ne pouvant être retenus et la CNCP ayant rendu son avis conformément au droit, vous comprendrez, madame la sénatrice, que le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social ne puisse pas, aujourd'hui, répondre favorablement à votre demande. Néanmoins, on note une progression.

Je souhaite donc que, dans les années qui viennent, l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille, lorsqu'il aura terminé le travail en cours, puisse se voir accorder le niveau 1.

M. le président. La parole est à Mme Michelle Demessine.

Mme Michelle Demessine. Je remercie Mme la ministre pour sa réponse très argumentée. J'ai bien entendu les raisons qu'elle a fait valoir, noté son insistance sur les recommandations formulées par la CNCP. J'espère que ces recommandations permettront à l'Institut supérieur d'ostéopathie de Lille d'obtenir finalement le niveau 1. En effet, il s'agit du seul établissement d'ostéopathie dans le Nord - Pas-de-Calais, et nous méritons bien d'avoir une école de niveau 1 !

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