Question de M. BEAUMONT René (Saône-et-Loire - UMP) publiée le 22/03/2013

Question posée en séance publique le 21/03/2013

Concerne le thème : L'Europe de la défense

M. René Beaumont. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il y a maintenant un peu plus de deux ans, la France et la Grande-Bretagne ont signé un partenariat de défense historique. Ce 31e sommet franco-britannique a permis de raviver l'esprit du sommet de Saint-Malo de 1998. Les accords de Lancaster House furent une formidable occasion d'impulser une vraie dynamique en matière de coopération militaire, qui rime avec mutualisation.

En période de crise et face au manque d'attraction pour la défense de la part des autres pays membres de l'Union européenne, ce type de coopération bilatérale constitue un exemple et même plus : un moteur pour l'avenir de la défense européenne.

Bien entendu, sur le terrain, en termes d'opérations extérieures, l'Europe de la défense se fait de plus en plus attendre ; les exemples libyens et maliens suffisent à démontrer l'inertie européenne ! Mais verser aujourd'hui dans l'euroscepticisme en matière de défense est d'une telle facilité politique et intellectuelle que nous devons nous y refuser.

La France et la Grande-Bretagne, qui sont, après les États-Unis, de loin les deux contributeurs les plus importants à l'OTAN, assureront, d'ici à moins de dix ans, près de 65 % des dépenses de défense au sein de l'Union européenne. Ces deux nations atomiques, qui partagent la même vision en termes de dissuasion nucléaire, ont encore, au sein de l'Union européenne, les rares défenses nationales à demeurer mondialement crédibles.

Aussi, monsieur le ministre, nous espérons que le conseil de défense de vendredi ne balaiera pas mes modestes propos ni, surtout, le travail réalisé dans nos deux pays depuis la signature des accords de Lancaster House. Ces engagements sont des références en matière de coopération structurelle renforcée.

Les objectifs des deux traités qui en découlent nous permettent déjà, grâce à la mutualisation, de dégager des économies à hauteur de 150 millions d'euros par an. Mieux, cette coopération militaire s'accompagne d'une coopération parlementaire. Grâce à l'engagement du président Josselin de Rohan, une véritable collaboration entre notre commission et nos homologues anglais s'est instaurée. Et je souligne que le président Jean-Louis Carrère se montre très actif pour continuer de faire vivre cette initiative, qui fait l'unanimité au sein de notre commission.

M. le président. Mon cher collègue, il faut poser votre question.

M. René Beaumont. J'y viens tout de suite, monsieur le président.

En ces temps difficiles, ces consensus devraient inciter le Gouvernement à poursuivre le dialogue franco-britannique, seul capable, aujourd'hui, de créer la véritable ébauche d'une Europe de la défense.

Mon souci, vous l'avez compris, monsieur le ministre, est de connaître l'avenir que vous réservez au fameux traité de Lancaster House.

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Réponse du Ministère de la défense publiée le 22/03/2013

Réponse apportée en séance publique le 21/03/2013

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question, qui me permet de dire que je partage le point de vue que vous développez et que la coopération franco-britannique structurée dans le cadre des accords de Lancaster House se poursuit de manière positive.

Votre question me donne aussi l'occasion de répondre indirectement à M. Buffet, que je n'aperçois plus dans l'hémicycle, puisqu'il a fait l'éloge de M. Cameron : peut-être trouvera-t-on l'occasion de lui rappeler que ce dernier avait, l'année dernière, fait baisser le budget de la défense britannique de 8 %. ; M. Buffet pourra ainsi faire de ce chiffre le sujet de sa méditation du week-end ! (Sourires.) Il est évidemment plus facile de préserver le budget de la défense quand on lui a infligé, l'année précédente, une telle mise à la diète...

Le traité de Lancaster House présente une singularité inédite puisqu'il comporte un volet nucléaire. C'est une avancée significative de notre coopération avec le Royaume-Uni.

Au-delà, nous progressons de manière intelligente et loyale sur l'ensemble de l'accord qui a été signé. Par exemple, la CJEF, Combined Joint Expeditionary Force, est en cours de constitution. Cette force de combat franco-britannique sera pleinement opérationnelle en 2016.

Toujours en matière opérationnelle, nous avons pris l'initiative d'exercices communs. C'est ainsi qu'un exercice très important a eu lieu en présence des deux ministres de la défense en octobre dernier. Nous mettons par ailleurs en place des interopérabilités de systèmes d'information et de communication et le partage du renseignement.

Nous avons aussi lancé, sous ma responsabilité, une coopération en matière de drones, à la fois les drones de théâtre Watchkeepers, mais aussi les drones de génération future, en particulier, le véhicule aérien non habité de combat, l'UCAV. Ce sont des signes d'une coopération très active, concernant en l'occurrence, du plus petit au très grand, des outils qui mettent en jeu les technologies du futur.

Nous menons en outre une collaboration très étroite en matière de guerre des mines. Nous avons transféré à l'OCCAR cette responsabilité, sous le patronage d'une équipe franco-britannique.

En résumé, nos relations avec les Britanniques sont bonnes, mais elles ne sont pas exclusives. Nous leur disons clairement que la qualité de notre relation avec eux ne nous empêche pas d'avoir des relations avec le Triangle de Weimar ou avec le groupe de Visegrad. Ainsi, une réunion commune des ministres de la défense de ces ensembles régionaux a eu lieu voilà peu de temps. Il faut procéder dans la transparence, en disant à chacun ce que l'on fait avec l'autre, de manière à éviter les incompréhensions, voire les grincements qui ont pu se produire dans le passé.

Vous avez raison, monsieur le sénateur : c'est grâce à une coopération capacitaire que nous pourrons obtenir une gestion plus économe de l'argent public, rare en cette période, que ce soit en Grande-Bretagne ou en France.

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