Question de Mme ESPAGNAC Frédérique (Pyrénées-Atlantiques - SOC) publiée le 29/03/2013

Question posée en séance publique le 28/03/2013

Mme Frédérique Espagnac. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Monsieur le ministre, comme beaucoup d'entre vous, j'ai, une nouvelle fois, été surprise d'entendre Jean-François Copé, président autoproclamé de l'UMP, donner des leçons de gestion au Gouvernement et à la majorité présidentielle.

Au regard de la réalité des chiffres de l'économie française, je souhaite dire à nos collègues de l'opposition que lorsque l'on a un bilan aussi catastrophique que celui qui est dressé à l'issue du quinquennat de Nicolas Sarkozy, on évite de se poser en donneur de leçons sans même faire l'inventaire de sa propre action. (Protestations sur les travées de l'UMP.- Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

Vingt-deux mois consécutifs de hausse du chômage, cela devrait amener la droite à plus de modération dans la critique et de modestie dans le propos !

M. François Grosdidier. Vous, vous niez les problèmes !

M. Alain Gournac. Et le seuil de 3 % du PIB pour le déficit public ?...

Mme Frédérique Espagnac. De plus, lorsque l'on sait que de nombreuses fermetures de sites ont été volontairement retardées pour ne pas nuire à la campagne du président sortant Nicolas Sarkozy,…

M. François Grosdidier. Il n'est plus au pouvoir, c'est vous, maintenant !

Mme Frédérique Espagnac. … comme l'a déclaré M. Fillon, on ne se pose pas en donneur de leçons.

Notre bilan, mes chers collègues, nous l'assumerons le moment venu mais, pour l'instant, nous travaillons. (Rires et exclamations sur les travées de l'UMP.)

Oui, le Gouvernement travaille au redressement de nos comptes publics !

M. Alain Gournac. C'est une question au Gouvernement ?

Mme Frédérique Espagnac. Oui, le Gouvernement travaille à la compétitivité de nos entreprises et, oui, il travaille également à la sécurisation du marché du travail.

Aujourd'hui, le Président de la République François Hollande et, derrière lui, les parlementaires de la majorité se sont engagés à inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année 2013.

M. Alain Gournac. Ils font l'inverse !

M. François Grosdidier. Tout l'inverse !

Mme Frédérique Espagnac. Monsieur le ministre, 100 000 emplois d'avenir à l'attention des jeunes les plus éloignés de l'emploi, 500 000 contrats de génération à l'attention des jeunes et des seniors, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, le crédit d'impôt recherche à l'attention notamment des PME et des TPE,…

M. Alain Gournac. Pipeau !

M. François Grosdidier. Affichage !

M. Alain Gournac. Et adressez-vous au ministre, pas à nous !

Mme Frédérique Espagnac. … pouvez-vous détailler plus encore, pour la représentation nationale et les Français qui nous regardent, l'action que le Gouvernement a mise en œuvre et va poursuivre afin de lutter contre ce fléau qu'est le chômage ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. François Grosdidier. Le problème, ce n'est pas ce que vous dites, c'est ce que vous faites !

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 29/03/2013

Réponse apportée en séance publique le 28/03/2013

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

M. Pierre Charon. Le bien nommé ministre du travail et de l'emploi !

M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame Espagnac, vous constatez - mais faut-il pour autant, mesdames, messieurs les sénateurs, donner de la voix ? - la continuité dans la hausse du chômage depuis des mois, depuis des années.

Vous parliez de vingt-deux mois de hausse consécutive ; je me permettrai de vous corriger : il s'agit de cinquante-sept mois de hausse !

La réalité des choses - et c'est d'ailleurs ce qui fait la gravité de la situation pour nous tous -, c'est qu'il ne s'agit pas d'un chômage qui aurait augmenté au cours de ces derniers mois - c'eût été grave, mais pas trop - ; c'est un chômage qui, depuis mai 2008, a augmenté chaque mois, à une exception près.

Oui, mesdames, messieurs les sénateurs, chaque ministre du travail et de l'emploi a dû annoncer chaque mois depuis cinquante-sept mois une hausse du nombre des chômeurs.

Au-delà du chiffre - peut-on vraiment parler de record ? Quel beau record, en vérité !-, ce qu'il faut bien voir, c'est qu'aujourd'hui plus qu'autrefois de nombreux jeunes se retrouvent sans emploi et trop souvent sans formation et que les plus âgés sont poussés hors de l'entreprise et ont du mal à retrouver un emploi.

M. François Grosdidier. C'est la crise, celle que vous avez niée !

M. Michel Vergoz. La crise, c'est Sarkozy !

M. François Grosdidier. Il n'est plus là, la crise, si !

M. Michel Sapin, ministre. Messieurs les sénateurs, car il me semble que ce sont plutôt des voix masculines que j'entends,...

M. Jean-Louis Carrère. Il n'y en a qu'un qui hurle, c'est François Grosdidier !

M. Michel Sapin, ministre. ... vous devriez, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, avoir la modestie de ceux qui regardent la vérité en face !

M. François Grosdidier. La vérité, vous l'avez niée !

M. Michel Sapin, ministre. La vérité, c'est bien celle que je viens de décrire : les cinquante-sept mois consécutifs de hausse du chômage. Alors, inutile de faire vos commentaires sur un ton plus élevé qu'il ne convient !

Il faut agir pour les jeunes sans emploi, sans formation. Le projet de loi visant à créer 150 000 emplois d'avenir a été largement voté sur ces travées.

M. Claude Bérit-Débat. Oui, largement !

M. Michel Sapin, ministre. Il faut offrir à ces jeunes, qui sont les plus éloignés du marché du travail, non seulement les moyens de trouver un emploi mais, surtout, une formation, qui constitue le bagage personnel de chacun.

Quant au contrat de génération,...

M. François Grosdidier. Vous avez nié la crise !

M. Michel Sapin, ministre. Cessez ces propos saugrenus !

M. François Grosdidier. Vous avez nié la crise, ce n'est pas saugrenu !

M. Michel Sapin, ministre. ... il a été voté très largement par la Haute Assemblée, y compris par des sénateurs de l'opposition. (Protestations sur les travées de l'UMP.) Si vous voulez des noms, je vous les donnerai ! Heureusement que l'on trouve partout des personnes intelligentes qui cherchent à apporter concrètement des solutions à destination des plus jeunes pour qu'ils trouvent un emploi et des plus âgés pour qu'ils ne perdent pas le leur.

M. Alain Gournac. Cela ne marche pas !

M. François Grosdidier. Martine Aubry était contre !

M. Michel Sapin, ministre. Nous avons accordé à Pôle emploi le droit de recruter 2 000 agents supplémentaires, ce qui fait au total 4 000 en moins d'un an, alors que d'autres en avaient supprimé 2 000 au moment même où les chiffres du chômage explosaient.

C'est ainsi, par des dispositifs législatifs, par des actions concrètes et par un accompagnement personnalisé des chômeurs, que nous pourrons enfin stopper cette augmentation, jusqu'à présent inexorable, du chômage ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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