Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 18/04/2013

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la résurgence préoccupante des cas de syphilis en France.
La syphilis connaît une recrudescence constante en France depuis 2000. L'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui dispose d'un système de surveillance en temps réel des infections, a ainsi révélé une augmentation de l'incidence annuelle des syphilis actives diagnostiquées par sérologie, devenues 2,7 fois plus élevées en 2012 que durant la période 2005-2011 (164 cas contre 62 cas par an en moyenne).
Or la syphilis, infection sexuellement transmissible très contagieuse, n'a pas toujours de signes apparents et peut être difficile à diagnostiquer dans un contexte de soin habituel, hors dépistage. En l'absence de traitement, des complications importantes peuvent survenir, pour l'adulte mais aussi pour l'enfant à naître au cours d'une grossesse.
C'est pourquoi il lui demande ce qu'elle compte mettre en œuvre afin d'optimiser la surveillance épidémiologique, de lutter contre le relâchement de l'usage du préservatif et de favoriser le dépistage en cas de rapports sexuels non protégés.

- page 1216


Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 05/12/2013

Suite à la recrudescence de la syphilis en France en 2000, un système de surveillance qui repose sur la participation volontaire de cliniciens « résist » a été mis en place par l'institut de veille sanitaire (INVS). Entre 2000 et 2009, 4022 cas de syphilis précoces (signes depuis moins d'1 an) ont été notifiés. Entre 2009 et 2011, il a été constaté une augmentation du nombre de cas rapportés chez les hommes tandis que chez les femmes, ce nombre reste relativement stable (6 %). Les courbes de vente de benzathine benzylpénicilline (®), indicateur indirect, évoluent dans le même sens que celles des cas observés dans le réseau résist. Le profil des personnes atteintes de syphilis a peu évolué dans le temps. La grande majorité sont des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH) (83 %). C'est également attesté par les co-infections de syphilis récente et de VIH qui représentent 38 % des cas rapportés en 2011. Depuis 2010, le nombre de cas franciliens représente environ un quart du total des cas. La stratégie de lutte contre cette infection sexuellement transmissible (IST) figure dans le plan national de lutte contre le VIH/Sida et les IST 2010-2014. Elle repose sur la prévention dite combinée associant les actions d'information sur la protection des rapports sexuels en cas de prise de risque, un dépistage précoce et répété en cas de rapports sexuels non protégés pour certaines populations cibles, telles que les hommes ayant des relations homosexuelles (HSH) et la mise sous traitement précoce. C'est pourquoi, en 2013, l'INPES a orienté les campagnes de lutte contre le VIH et les IST sur l'usage du préservatif en adaptant les moyens de communication en fonction des cibles. Dans la même optique, le plan favorise la mise en œuvre des recommandations de dépistage de la haute autorité de santé (HAS). Ainsi, le dépistage de la syphilis doit être proposé en cas de rapports sexuels non protégés (fellation comprise) aux HSH, aux personnes prostituées, aux client-e-s, lors du diagnostic ou en cas d'antécédent de gonococcie, de lymphogranulomatose vénérienne et d'infection à VIH, aux personnes ayant plusieurs partenaires par an, aux migrants en provenance de pays d'endémie, lors d'une incarcération et après un viol. Enfin, s'agissant de la syphilis congénitale (SC), elle reste rare en France (< à 1 cas pour 100 000 naissances), et elle est bien dépistée grâce à l'application des recommandations de la haute autorité de santé de mai 2007. La précarité socio-économique semble être associée aux cas de syphilis congénitale. La syphilis congénitale peut être évitée si l'infection est dépistée au cours de la grossesse et la femme traitée par antibiotiques. En France, la haute autorité de santé (HAS) recommande depuis mai 2007 la réalisation d'un dépistage systématique au cours du premier trimestre de grossesse et un renforcement de la surveillance par un second dépistage avant 28 semaines de gestation chez les femmes considérées comme à risque d'infections sexuellement transmissibles (IST). En cas d'absence de résultats de sérologie, elle préconise de réaliser un dépistage à la naissance du nouveau-né.

- page 3495

Page mise à jour le