Question de M. BUFFET François-Noël (Rhône - UMP) publiée le 23/05/2013

M. François-Noël Buffet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'avenir des centres de formation de musiciens intervenant à l'école (CFMI).

Alors que le projet de loi pour la refondation de l'école de la République vient d'être voté et que l'action des 5 000 musiciens intervenant à l'école, dits dumistes, est unanimement reconnue tant par les employeurs que sont les élus des collectivités locales que par les responsables des ministères de l'éducation nationale et de la culture, auxquels il faut ajouter les professeurs des écoles et les parents d'élèves, il lui demande comment le Gouvernement envisage de préserver et de renforcer les lieux de formation que sont les centres de formation de musiciens intervenant à l'école et de s'appuyer sur les artistes, musiciens professionnels, qui en sont issus, pour atteindre l'ambition de réussite scolaire pour tous, inscrite dans cette nouvelle loi.

Par ailleurs, il lui demande comment le Gouvernement compte réactiver la coopération interministérielle
indispensable pour un vrai développement de l'éducation artistique et culturelle. C'est elle qui a permis d'inscrire dans la durée les missions de formation artistique, supérieure et professionnelle des CFMI dont le pays mesure les bénéfices aujourd'hui et qui présente un modèle unique à l'échelle de l'Europe. Or, l'élan de cette coopération s'est perdu et fragilise les CFMI.

En effet, le renforcement de l'éducation artistique et culturelle (EAC) est au coeur de la loi, la création des écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ÉSPÉ) montre l'importance portée à la formation professionnelle des enseignants. Le développement d'une coopération inventive et constructive entre État et collectivités territoriales sur les sujets d'éducation est, plus que jamais, affirmé et souhaité.

Depuis trente ans, les neuf CFMI forment des artistes, musiciens professionnels, pour que les enfants pratiquent la musique à l'école primaire dans une démarche de projet avec les professeurs des écoles. Ces professionnels répondent à la dénomination de « dumistes », du nom de leur diplôme universitaire de musicien intervenant à l'école (DUMI). Ce sont, majoritairement, des agents des collectivités locales en tant qu'assistants principaux d'enseignement artistique.

La lutte contre l'échec scolaire est une priorité nationale. La pratique musicale et, plus largement, artistique a des conséquences directes sur l'acquisition des fondamentaux de l'école, tout en favorisant l'équilibre des enfants dans leur développement. Les « dumistes » sont des acteurs professionnels importants pour relever ce défi de la réussite scolaire pour tous les enfants.

Or, malgré le bilan positif de leur action qui s'inscrit totalement dans les objectifs et les attendus de la loi, les CFMI sont en difficulté aujourd'hui. Ils sont de moins en moins en capacité de maintenir le cap des objectifs ambitieux de formation artistique, supérieure et professionnelle que les trois ministères de l'éducation nationale, de la culture et de l'enseignement supérieur leur ont fixés, dans les années 1980. En effet, l'absence d'une concertation régulière entre les services centraux des trois ministères porte atteinte à la pérennité des moyens humains et financiers mis à disposition de ces établissements.

- page 1557


Réponse du Ministère chargé de la réussite éducative publiée le 02/10/2013

Réponse apportée en séance publique le 01/10/2013

M. François-Noël Buffet. Madame le ministre, à travers la loi de refondation de l'école, votre ambition, bien naturelle, est la réussite pour tous. Nous entendons que la lutte contre l'échec scolaire est une priorité nationale, et nous partageons avec vous cet objectif.

Comme vous le savez, la pratique musicale, et plus largement artistique, a des conséquences directes sur l'acquisition des fondamentaux de l'école, tout en favorisant l'équilibre des enfants dans leur développement. Depuis trente ans, les neuf centres de formation de musiciens intervenants, ou CFMI, forment des artistes - tous musiciens professionnels - pour que les enfants pratiquent la musique à l'école primaire dans une démarche de projet avec les professeurs des écoles. L'action des 5 000 musiciens intervenant à l'école ou « dumistes » est ainsi unanimement reconnue tant par les employeurs - les élus des collectivités locales que nous sommes - que par les responsables des ministères de l'éducation nationale et de la culture, les professeurs des écoles et les parents d'élèves.

Les « dumistes » sont incontestablement des acteurs professionnels importants pour relever ce défi de la réussite scolaire pour tous les enfants de France. Or, malgré le bilan positif de leur action, qui s'inscrit totalement dans les objectifs et les attendus de la loi, les CFMI sont aujourd'hui en difficulté. Ils sont de moins en moins en capacité de maintenir le cap des objectifs ambitieux de formation artistique, supérieure et professionnelle que les trois ministères de l'éducation nationale, de la culture et de l'enseignement supérieur leur ont fixés dans les années quatre-vingt. En effet, l'absence d'une concertation régulière entre les services centraux des trois ministères porte atteinte à la pérennité des moyens humains et financiers mis à disposition de ces établissements.

Je souhaite donc vous poser deux questions aujourd'hui.

Premièrement, comment le Gouvernement envisage-t-il de préserver et de renforcer les lieux de formation que sont les centres de formation de musiciens intervenant à l'école et de s'appuyer sur les artistes, musiciens professionnels, qui en sont issus, pour atteindre l'ambition de réussite scolaire pour tous inscrite dans cette nouvelle loi ?

Deuxièmement, comment le Gouvernement compte-t-il réactiver la coopération interministérielle, indispensable pour un vrai développement de l'éducation artistique et culturelle dans nos écoles et nos communes ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative. Monsieur Buffet, j'ai bien entendu vos interrogations sur l'avenir des centres de formation de musiciens intervenant à l'école, et je vais donc tâcher de vous rassurer.

Comme vous le savez, le 29 avril 1983, les ministres chargés de l'éducation nationale et de la culture ont signé un protocole d'accord afin de développer une collaboration entre le service public de l'éducation et le secteur culturel. Dans le cadre de cet accord, des CFMI à l'école élémentaire et préélémentaire ont été créés. Au nombre de neuf, ils fonctionnent au sein de neuf universités françaises et sont habilités à délivrer le diplôme universitaire de musicien intervenant.

L'objectif de ces centres est de donner à des musiciens une formation spécifique, à la fois musicale, pédagogique et générale, leur permettant de travailler, dans le cadre de l'école élémentaire et préélémentaire, en collaboration avec les professeurs des écoles. Ces musiciens apportent donc leur collaboration aux enseignements et activités artistiques à l'école, leurs interventions ayant lieu durant le temps scolaire.

Leur formation comporte également une dimension de médiation culturelle qui accompagne, dans les grandes zones urbaines, les partenariats mis en place par diverses institutions. Au fil des années, il est apparu que les titulaires de ce diplôme exerçaient non seulement dans des écoles maternelles et élémentaires, mais également dans des écoles de musique ou des associations culturelles. Leurs compétences sont aussi reconnues par des établissements spécialisés tels que des crèches, des hôpitaux, des maisons de retraite, des centres pénitentiaires, etc.

L'article 10 de la loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République définit le rôle de l'éducation artistique et culturelle, qui participe au développement de la créativité et des pratiques artistiques. Je tiens à cet égard à vous rassurer : l'éducation musicale et les CFMI s'inscrivent pleinement dans le parcours d'éducation artistique et culturelle instauré par la loi. Ils constituent une richesse qu'il convient de ne pas négliger.

Comme vous le soulignez, la pratique musicale, et plus largement artistique, a des conséquences directes sur l'acquisition des fondamentaux de l'école ; elle permet également de mieux lutter contre l'échec scolaire. Ainsi, afin de réduire efficacement les inégalités et de favoriser un égal accès de tous les jeunes à l'art et à la culture, la loi du 8 juillet 2013 met en place un parcours d'éducation artistique et culturelle personnalisé tout au long de la scolarité des élèves, ce qui donnera à chaque enfant la possibilité de développer sa créativité, sa curiosité intellectuelle, sa sensibilité et son jugement esthétique.

Dans ces conditions, le rôle des CFMI doit être conforté, et nous avons d'ores et déjà défini le pilotage et le suivi du parcours d'éducation artistique et culturelle. De surcroît, les futurs enseignants, dans le cadre de leur formation dispensée au sein des écoles supérieures du professorat et de l'éducation, seront sensibilisés au travail avec d'autres acteurs que ceux de l'éducation nationale, notamment ceux qui sont issus des milieux culturels ou artistiques comme les musiciens du CFMI.

La refondation de l'école suppose une plus grande ouverture de l'établissement sur son environnement. La nouvelle organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires ménage précisément des séquences consacrées à une activité culturelle, en lien avec l'environnement de l'école.

Les CFMI apparaissent donc comme des partenaires incontournables dans la mise en œuvre de l'éducation artistique et culturelle. Une réflexion commune des ministères chargés de l'enseignement supérieur, de l'éducation et de la culture va toutefois s'engager afin de conforter leur rôle dans la formation d'intervenants qui ont toute leur place dans la mise en œuvre des parcours d'éducation artistique et culturelle des élèves.

Vous le voyez, la loi d'orientation et de programmation est une bonne loi. Dommage que vous ne l'ayez pas votée...

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet.

M. François-Noël Buffet. Dans la commune d'Oullins, que j'ai l'honneur de diriger, nous salarions quatre musiciens intervenants depuis près de dix-sept ans maintenant. Ils collaborent étroitement avec l'éducation nationale, pour un résultat tout à fait exceptionnel.

Nul besoin de voter des lois pour parvenir à ce résultat. Il suffit de travailler avec les gens du CFMI, de les rassurer, de les conforter dans leur travail et de leur permettre de l'exercer correctement.

Je vous remercie toutefois de vos propos, madame le ministre : ces centres de formation doivent en effet être préservés. Ils doivent aussi pouvoir être identifiés, car ils accomplissent un travail important.

- page 8772

Page mise à jour le