Question de Mme BLANDIN Marie-Christine (Nord - ECOLO) publiée le 21/06/2013

Question posée en séance publique le 20/06/2013

Mme Marie-Christine Blandin. Ma question s'adresse à M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale.

Monsieur le ministre, la navette parlementaire du texte tendant à créer les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ESPE, s'achève. Pour que les formations soient effectives dès la rentrée de 2013, leur préparation a été utilement anticipée, mais les informations qui nous reviennent sur les travaux relatifs à l'accréditation des ESPE suscitent des craintes. Trois points appellent notre vigilance : les contenus pédagogiques, les intervenants et les moyens.

En ce qui concerne les contenus, les maquettes des masters « métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » présentées dans les différentes académies nous amènent à nous interroger sur la place effective de l'enseignement professionnel pratique. La double tutelle ministérielle ne saurait donner priorité à la seule approche disciplinaire, aux dépens de nécessaires mises en situation suivies d'analyse. Pour les futurs professeurs, le changement doit être perceptible.

Par ailleurs, la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école énonce des cadres de contenus, à ce jour absents des maquettes, parmi lesquels l'élaboration des parcours artistiques et culturels, la pédagogie coopérative, l'utilisation du numérique comme outil de travail collectif et la résolution non violente des conflits.

En ce qui concerne les intervenants, j'attire votre attention sur l'absolue nécessité de laisser une place aux formateurs qui gardent une activité d'enseignement en primaire ou secondaire. Ils semblent pour l'instant écartés au profit des universitaires et des professeurs d'IUFM à temps plein. Il reste aussi à construire les interventions coordonnées des acteurs de l'éducation populaire, ainsi que de l'éducation culturelle et artistique, conformément à la volonté du Parlement.

En ce qui concerne les moyens, la création des ESPE au sein des universités nécessite de réaffirmer qu'elles disposent de leur propre budget et ne servent pas de variable d'ajustement. Monsieur le ministre, quelle forme prendra votre demande aux universités pour qu'existe un volet réel de professionnalisation ? Comment comptez-vous être garant, au sein de la cotutelle, des avancées que représentent les ESPE telles que nous les avons conçues dans la loi ? (Applaudissements sur les travées du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du groupe socialiste et de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 21/06/2013

Réponse apportée en séance publique le 20/06/2013

M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. Madame le sénateur, vos préoccupations sont justes parce que la restauration d'une formation des enseignants sera sans doute le vecteur le plus important pour permettre, demain, la réussite de nos élèves.

Tous les pays qui ont su assurer à la fois une entrée progressive dans le métier d'enseignant et la professionnalisation, dont vous avez parlé, ont pu progressivement résorber les difficultés scolaires, qui s'accroissent encore dans notre pays. Nous devons donc être extrêmement vigilants aux trois points que vous avez évoqués.

Je profite de cette intervention pour remercier le Sénat, tout particulièrement la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, du travail qu'il a conduit et qui a permis d'enrichir le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, dont la deuxième lecture aura lieu mardi.

J'en viens aux trois points sur lesquels vous avez réclamé notre vigilance, madame le sénateur.

Tout en prenant en considération le travail des trois directions qui sont associées à ce dossier, ma collègue Geneviève Fioraso et moi-même avons veillé à ce que les maquettes des masters, qui tiendront compte de nos exigences, soient respectées. Il résulte de l'examen détaillé des dossiers auquel j'ai procédé lundi, dossiers que je présenterai avec Geneviève Fioraso le 1er juillet à Lyon, que le travail doit être profondément revu dans trois groupes d'universités, certes très minoritaires, car, à ce jour, les exigences du Gouvernement n'ont pas été respectées sur deux points. Si rien n'était fait, nous reproduirions les mêmes erreurs que par le passé.

Je le dis clairement : les écoles supérieures du professorat et de l'éducation constitueront une rupture avec les instituts universitaires de formation des maîtres (M. Jean-Louis Carrère applaudit.) Enfin, nous disposerons d'une formation professionnalisante nécessaire au travail des enseignants.

Par ailleurs, tous les professionnels doivent être associés : les universitaires, bien sûr, pour ce qui concerne les contenus de l'enseignement, l'exigence disciplinaire, la didactique, mais aussi les praticiens de terrain, qui doivent continuer à enseigner dans leur classe et en même temps bénéficier de décharges pour pouvoir être associés au travail de l'école supérieure, et non y participer à plein temps, comme vous l'avez rappelé, madame le sénateur. N'oublions pas les personnes qui œuvrent dans un certain nombre d'associations, en particulier les associations péri-éducatives, qui ont permis de construire notre système d'enseignement.

De ce point de vue, nous avons veillé à attribuer les moyens nécessaires. J'ai encore donné ordre aux recteurs d'affecter précisément certains des quelque 6 000 postes que nous créerons à la rentrée à la décharge des professeurs. J'ai demandé aux inspections générales de se mobiliser pour que les 1 500 inspecteurs pédagogiques régionaux, les inspecteurs de l'éducation nationale et les inspecteurs généraux puissent s'occuper des enfants en situation de handicap et des questions numériques, entre autres, en cas de défaut de compétence.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre !

M. Vincent Peillon, ministre. Soyez rassurée, madame le sénateur, tout cela se fera dans la plus grande transparence et vous serez informée, au cours des prochaines semaines, de l'évolution de ces travaux. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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