Question de M. BAILLY Gérard (Jura - UMP) publiée le 06/06/2013

M. Gérard Bailly appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le réel problème posé par les méthodes de comptage utilisées par la préfecture de police de Paris, lors des manifestations publiques. Lors des deux premières manifestations des opposants au « mariage » pour tous, en janvier et mars 2013, une différence énorme existait entre les chiffres de la préfecture et ceux des organisateurs. Lors de la manifestation du 26 mai 2013, le même phénomène s'est produit : 150 000 personnes pour la préfecture, un million au moins pour les organisateurs. Un rapport de un à sept. Lors de la messe du pape Benoît XVI le 13 septembre 2008 dans ce même lieu, la foule avait été estimée par la préfecture à 280 000 personnes. La capacité de l'esplanade des Invalides, point d'arrivée de la manifestation, est de 300 000 personnes. Comment expliquer cette différence de chiffrage ? Pourquoi les chiffres des partisans de la « Manif pour tous » sont-ils systématiquement minorés ?
De plus, le comptage sur point fixe (en l'occurence, les Invalides avec 300 000 personnes) ignore délibérément que les avenues adjacentes ainsi que le Trocadéro étaient bondées. Ne pas en tenir compte relève d'une décision manifeste de la part des autorités. Ces manipulations de chiffres ne sont pas dignes d'une démocratie comme la nôtre où le droit de manifester est une liberté publique importante dont on doit rendre compte en toute transparence.
C'est pourquoi il lui demande de prendre sans délai les dispositions nécessaires visant à faire toute la lumière sur ce comptage du 26 mai 2013 et, plus largement, de réfléchir à une amélioration pour l'avenir afin de rendre incontestables les méthodes utilisées par les pouvoirs publics qui donnent lieu pour le moment, du fait de ces excès, à la plus grande incrédulité de nos concitoyens.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 13/06/2013

La méthode de comptage des manifestants repose sur des relevés de terrain précis et rigoureux effectués par des fonctionnaires de police de la direction du renseignement. Positionnés en hauteur, à deux endroits du cortège, ils enclenchent un compteur à main à chaque ligne de manifestants, après avoir préalablement calculé le nombre de personnes présentes sur chaque ligne. Ces dispositifs sont établis dans des zones stratégiques, c'est-à-dire dans des portions « test » de chaussée dont les dimensions (largeur, longueur) sont connues et qui permettent ainsi d'établir un comptage opérationnel des manifestants, en fonction de la largeur de voie occupée, de leur densité (comptage effectué par groupe de 10 à 100 personnes) et de leur temps de passage sur les zones prédéfinies. Cette méthode est d'une totale objectivité. Par ailleurs, comme il est d'usage lors des défilés d'importance significative, l'ensemble de la manifestation du 13 janvier a été enregistré. Le recomptage entamé dès le lendemain du rassemblement à partir du visionnage intégral des supports vidéo a permis de confirmer l'évaluation communiquée dimanche soir par la préfecture de police, à savoir 340 000 manifestants - le chiffre exact étant même légèrement inférieur. La préfecture de police tient l'intégralité de ces enregistrements à disposition des journalistes et des organisateurs de la manifestation. Lors de précédents rassemblements tenus à Paris à l'automne 2010, plusieurs opérations de recomptage effectuées par des organes de presse à partir d'enregistrements vidéo similaires avaient abouti à la publication de résultats très proches de ceux annoncés par la préfecture de police, bien souvent même légèrement inférieurs. Des opérations de même nature ont été effectuées en ce début d'année avec des représentants de la presse qui en ont rendu compte et l'objectivité de la méthode n'a pas été mise en cause.

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