Question de M. CARLE Jean-Claude (Haute-Savoie - UMP) publiée le 08/11/2013

Question posée en séance publique le 07/11/2013

Concerne le thème : La montagne : aménagement du territoire, problématiques foncières, développement économique

M. Jean-Claude Carle. Madame la ministre, je souhaiterais appeler votre attention sur les conséquences du décret du 10 mai 2013 définissant les zones d'application de la majoration de la taxe sur le foncier non bâti, la TFNB. Cette mesure est particulièrement pénalisante dans un département de montagne comme la Haute-Savoie.

Ce décret concerne les communes où serait constaté un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande de logements. Dans mon département, ce sont soixante communes qui sont touchées, autour de trois agglomérations.

La mise en œuvre de ces mesures induit une majoration considérable de la TFNB pour les contribuables à partir de 2014. Cette majoration peut s'élever à 4 000, puis à 8 000 euros, pour une parcelle de seulement 800 mètres carrés, par exemple. Peu de propriétaires seront en mesure de la supporter et nombre d'entre eux seront tout simplement contraints de se défaire de leurs biens. C'est de la vente forcée, allant à l'encontre du principe fondamental du droit de propriété.

Nombreux sont mes administrés à m'avoir fait part de leur colère face à ce qu'ils considèrent comme une véritable spoliation, et ce d'autant que les terrains concernés pourraient, au gré des modifications de PLU, devenir non constructibles.

Cette mesure provoque aussi une vague d'inquiétude chez les maires. En effet, la liste des zones en tension a été fixée par les services de l'État, sans aucune concertation avec les élus locaux. Pourtant, c'est vers eux que nos compatriotes se retournent pour exprimer leur indignation et leur exaspération.

Cette décision administrative se voit même appliquée dans des communes ne connaissant aucun problème de logement, certaines étant d'ailleurs relativement éloignées de l'agglomération soumise à cette mesure. Plusieurs maires m'ont apporté leur témoignage en ce sens.

Dans certains cas, l'arrêté du 10 mai est même incompatible avec les SCOT et les contraintes issues des lois Montagne et Littoral.

Je vous demande donc de m'indiquer, madame la ministre, si vous comptez suspendre l'application de ce décret afin de mettre en place des mesures appropriées et supportables par les contribuables, et engager une concertation avec les élus afin de réajuster la liste des communes concernées. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de l'égalité des territoires et du logement publiée le 08/11/2013

Réponse apportée en séance publique le 07/11/2013

Mme Cécile Duflot, ministre. Monsieur le sénateur, le décret auquel vous faites allusion est relatif au champ d'application de la taxe annuelle sur les logements vacants. C'est l'article de la loi de finances relatif à la majoration de la taxe sur le foncier non bâti qui y fait référence.

On peut en effet légitimement se poser la question, comme vous le faites, de la pertinence de la référence à un décret qui concerne les logements vacants s'agissant de la majoration de la taxe sur le foncier non bâti.

Comme vous l'avez justement dit, des inquiétudes se sont exprimées à cette occasion. Je voudrais donc réaffirmer l'engagement du Gouvernement à préserver l'agriculture, en particulier périurbaine, et les surfaces agricoles.

Les sénateurs et les députés qui ont participé voilà quelques semaines au débat sur la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové ont pu constater l'engagement du Gouvernement en faveur de la préservation des terres agricoles et naturelles, et contre leur surconsommation.

Les communes n'ont pas pu anticiper ce dispositif de majoration, issu d'un vote de mars 2012, et donc s'en approprier le fonctionnement, qui peut en effet sembler complexe. Nous avons donc fait en sorte que cette disposition ne s'applique pas au 1er janvier 2014. Ainsi, chaque commune pourra en mesurer les conséquences et nous éviterons les effets induits négatifs sur les terrains agricoles cultivés.

Je le répète, l'objectif du Gouvernement est bien de préserver l'agriculture, y compris de proximité et périurbaine, mais aussi d'éviter la rétention foncière et la spéculation portant sur des terrains constructibles vacants, conservés par leur propriétaire en attente de l'augmentation du prix du foncier.

C'est le seul objectif de cette disposition. C'est parce que cette dernière n'y répond pas de façon tout à fait satisfaisante à ce stade et suscite des inquiétudes que le Gouvernement a décidé qu'elle ne s'appliquerait pas au 1er janvier 2014.

L'objectif, j'y insiste, est d'éviter la rétention foncière de terrains constructibles en zone constructible, et absolument pas de fragiliser les agriculteurs, en particulier en secteur périurbain. Les choses sont très claires sur ce point, monsieur le sénateur.

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Carle, pour la réplique.

M. Jean-Claude Carle. Je remercie Mme la ministre de sa réponse, ainsi que de la décision qu'elle a prise de reporter cette mesure pour prendre en compte les inquiétudes des élus et des agriculteurs et pour éviter les effets pervers induits et protéger les terres agricoles.

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