Question de M. TROPEANO Robert (Hérault - RDSE) publiée le 29/05/2014

M. Robert Tropeano appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur les menaces qui continuent de peser sur les platanes centenaires du Sud-Est de la France, notamment le long du canal du Midi, depuis l'apparition du chancre, en 2006. Ce champignon microscopique a déjà tué des milliers de platanes et en menace encore des milliers. Les abattages systématiques, souvent préconisés, sont un véritable crève-cœur, autant pour les habitants que pour les élus et ce, d'autant plus, lorsqu'il s'agit d'abattre, pour éviter la contagion, dans un rayon de cinquante mètres, des arbres qui ne semblent pas atteints par la maladie.

Depuis la découverte de cette épidémie, des solutions ont été proposées qui ont engendré beaucoup de déceptions : vaccin, traitement chimique, micro-injections de produits phytosanitaires ou plantation de « platanors », cette variété de platanes résistante au chancre dont une centaine de plants sont déjà, malheureusement, morts.

Récemment, des protocoles d'essais thérapeutiques ont été soumis à l'approbation du ministère, seul susceptible d'accorder des dérogations au régime d'abattage réglementaire.

Il lui demande de faire le point de la situation et de l'informer, alors que les platanes bénéficient encore d'une trêve printanière à l'abattage, obtenue par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), de l'état de la recherche et des mesures qui pourraient être préconisées pour sauver ces platanes centenaires.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 18/06/2014

Réponse apportée en séance publique le 17/06/2014

M. Robert Tropeano. Notre collègue Christian Bourquin ayant évoqué la mortalité des abeilles, j'aborderai pour ma part celle des platanes du sud de la France, particulièrement menacés depuis l'apparition du chancre coloré, en 2006.

Ces platanes sont plantés dans de nombreux villes et villages du sud de notre pays, notamment le long du canal du Midi, ouvrage construit par Pierre-Paul Riquet et qui relie Toulouse à Sète. Je le rappelle, l'ancien « canal royal du Languedoc », par ailleurs l'un des plus anciens canaux d'Europe, est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et figure depuis 1997 sur la liste des grands sites de France. C'est un site unique, réputé pour ses voies navigables et l'ombrage de ses platanes, cette voûte arborée qui fait le bonheur des nombreux plaisanciers et touristes fréquentant notre région.

Or le chancre coloré, ce champignon microscopique, a déjà tué des milliers de platanes et en menace des milliers d'autres. Les abattages systématiques souvent préconisés sont un véritable crève-cœur, pour les habitants comme pour les élus, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'abattre des arbres qui n'ont pas l'air atteints par la maladie, pour éviter la contagion dans un rayon de cinquante mètres.

Depuis la découverte de cette épidémie, des solutions ont été proposées, mais elles ont suscité bien des déceptions : vaccin, traitement chimique, micro-injections de produits phytosanitaires ou plantation de « platanors »,cette variété de platanes que nous pensions résistants au chancre ; malheureusement, une centaine de plants sont déjà morts.

Récemment, des protocoles d'essais thérapeutiques ont été soumis à l'approbation de votre ministère, seul susceptible d'accorder des dérogations au régime d'abattage réglementaire.

Monsieur le ministre, pourriez-vous faire le point de la situation et nous informer, alors que nos platanes bénéficient encore d'une trêve printanière à l'abattage obtenue par la Ligue de protection des oiseaux, de l'état de la recherche, des premiers résultats du protocole d'expérimentations en cours sur les arbres contaminés et des dernières décisions relatives au plan d'abattage des platanes centenaires ?

 

M. le président. La parole est à M. le ministre.

 

M. Stéphane Le Foll,ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, cher Robert Tropeano, vous avez évoqué le crève-cœur que constitue l'abattage des platanes, en particulier dans le site classé du canal du Midi.

Jeune habitant d'un village du canton de Loué, j'ai moi-même assisté à la disparition des ormes il y a trente ans. Ces arbres extrêmement beaux étaient l'un des piliers du bocage sarthois tel que je l'ai connu. Des tentatives ont été faites pour implanter des ormes d'ornement résistants mais, globalement, dans le bocage, cette espèce, même si des rejets de temps en temps apparaissent, a aujourd'hui pratiquement disparu.

L'attaque du platane par le chancre coloré représente, comme vous l'avez souligné, un vrai drame.

Vous m'avez interrogé sur les mesures de prévention en cours, en rappelant le traumatisme - je partage tout à fait ce constat - que constitue l'abattage. Il faut effectivement trouver des alternatives.

La seule chose que je peux vous dire, c'est qu'il y a eu plusieurs projets d'expérimentation et, d'après mes services, l'un d'eux, les micro-injections de fongicides, que vous avez vous-même évoquées, semble prometteur.

Un protocole est en cours d'examen par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, l'ANSES. Je dois attendre les conclusions de l'Agence afin d'autoriser la mise en œuvre de ce protocole. Il s'agit de trouver une alternative à ce qui est aujourd'hui la solution radicale, l'abattage systématique des platanes malades, lequel s'accompagne aussi de l'abattage des arbres environnants afin d'éviter la diffusion de la maladie. Cette méthode de prophylaxie, j'en ai parfaitement conscience, est elle-même extrêmement traumatisante.

Nous devons donc trouver d'autres solutions. Ces micro-injections de fongicides, je le répète, sont aujourd'hui en cours d'examen par l'ANSES. Dès que nous aurons obtenu l'autorisation pour le protocole, je le signerai et nous mettrons enœuvre, le plus rapidement possible, des méthodes alternatives à l'abattage pour préserver le paysage, l'image du Midi et surtout cet arbre magnifique qu'est le platane.

La recherche avance. L'ANSES, d'après les informations qui m'ont été transmises, semble avoir un protocole assez promoteur. Faisons vite - et c'est ce que je ferai - afin que tout soit mis en œuvre pour sauver les platanes !

 

M. le président. La parole est à M. Robert Tropeano.

 

M. Robert Tropeano. Monsieur le ministre, vous avez évoqué les ormes. Dans ma commune, il y en avait énormément, ils sont tous morts et ont été remplacés, il y a une centaine d'années, par des platanes...Aujourd'hui, c'est au tour des platanes d'être malades !

Je voudrais insister sur un point qui me semble primordial : la nécessité absolue d'une concertation permanente avec tous les élus concernés par l'abattage de ces platanes.

Si l'abattage - comme vous l'avez souligné - est un traumatisme pour les riverains, ses conséquences sur l'activité des acteurs économiques liés au tourisme ne sont certainement pas évaluées à leur juste valeur. La défiguration des paysages, dépossédés de ces arbres séculaires, impacte des lieux touristiques majeurs, comme je l'ai dit pour le canal du Midi, mais également des centres-villes très fréquentés par les touristes.

Aussi, monsieur le ministre, j'espère, après votre réponse, que nous arriverons à terme à sauver nos platanes, non seulement pour notre environnement mais aussi pour l'ensemble des touristes et des habitants de cette région.

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