Question de M. FILLEUL Jean-Jacques (Indre-et-Loire - SOC) publiée le 14/11/2014

Question posée en séance publique le 13/11/2014

M. Jean-Jacques Filleul. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Nous avons tous conscience aujourd'hui de l'impact désastreux des émissions de gaz à effet de serre sur le climat. Les conséquences pour les populations sont de plus en plus dramatiques. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, souligne, dans l'un de ses rapports, que la moyenne des températures devrait augmenter de trois degrés, voire de quatre, d'ici à la fin du siècle.

Si tel était le cas, les experts estiment que ce serait une catastrophe aussi grande qu'une guerre mondiale, avec des territoires dévastés, des populations obligées de fuir et des affrontements meurtriers.

L'accord historique qui vient d'être conclu entre la Chine et les États-Unis sur la réduction des gaz à effet de serre marque une grande étape, démontrant que le dérèglement climatique devient une préoccupation mondiale. La Chine s'engage à atteindre un plafond d'émissions autour de 2030, tout en tâchant d'y arriver plus tôt, et les États-Unis promettent de réduire de 26 % à 28 % leurs émissions d'ici à 2025, par rapport aux niveaux de 2005.

Cet accord entre les deux plus grands pays émetteurs de gaz à effet de serre constitue un pas politique très encourageant. Il faudra pourtant aller plus loin. En effet, la conférence Paris Climat 2015 devra constituer une étape décisive dans la négociation du futur accord international pour l'après-2020.

Avec le projet de loi de transition énergétique pour une croissance verte, notre pays s'est déjà engagé à une réduction ambitieuse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Il a été entendu au niveau européen. Nous nous en félicitons, car la contribution décisive de l'Union européenne avec le paquet énergie-climat pour 2030 devrait aboutir à un nouveau modèle énergétique de développement.


M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue.


M. Jean-Jacques Filleul. Monsieur le ministre, nous connaissons tous vos engagements pour la réussite de la conférence de Paris sur le climat en 2015. Comment allez-vous faire fructifier ces bonnes nouvelles, lors de cette conférence ? Nous savons que la France fera tout pour aboutir à un accord mondial qui répondra au défi du changement climatique et limitera le réchauffement de notre planète.


M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !


M. Jean-Jacques Filleul. Cet accord doit être global, universel et contraignant : c'est à cette condition qu'il constituera un immense espoir pour les peuples. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 14/11/2014

Réponse apportée en séance publique le 13/11/2014

M. Laurent Fabius,ministre des affaires étrangères et du développement international. Il est vrai que la conférence de Paris, en décembre 2015, sera sans doute le plus important événement diplomatique jamais organisé, avec 20 000 délégués et 20 000 invités supplémentaires. Son objet sera tout simplement de faire en sorte que la planète soit encore vivable dans quelques années.

C'est évidemment un objectif très difficile à atteindre, et c'est un grand honneur pour la France d'avoir été choisie pour accueillir et présider cette conférence.

M. Gérard Longuet. Et qui va payer ?

M. Laurent Fabius,ministre.Comme vous l'avez relevé, l'accord intervenu avant-hier entre la Chine et les États-Unis confère un espoir supplémentaire de réussir cette conférence. Vous avez cité les chiffres. Les États-Unis et la Chine sont les deux plus grands pollueurs au monde, suivis de l'Inde. Ce n'est pas leur faire injure que de dire que ces deux pays apparaissaient jusqu'à présent assez réticents quant à la réduction des gaz à effet de serre.

Or voilà que cet accord prévoit, du côté chinois, le plafonnement des émissions à l'horizon 2030, et si possible avant, et un développement considérable des énergies propres - y compris, d'ailleurs, le nucléaire -, pour atteindre 20 % de la production totale d'énergie chinoise. Pour les Américains, l'objectif est également très ambitieux : entre 26 % et 28 % de réduction des émissions en 2025 par rapport à 2005 et - c'est ainsi chiffré dans l'accord - une perspective de baisse de 80 % des émissions à l'horizon 2050.

Certains diront que ce n'est pas suffisant, mais c'est un changement considérable, qui nous permettra de préparer la Conférence de Paris dans de bonnes conditions. En effet, cet accord s'ajoute à l'accord européen conclu au mois d'octobre ; ces deux accords exercent une forte pression sur tous les autres pays.

Il y aura bien entendu des étapes intermédiaires. Nous devons réussir à rassembler des financements suffisants dans quelques jours, à Berlin. Ce n'est pas encore fait. L'Allemagne et la France ont pris des engagements ; d'autres pays doivent s'engager à leur tour. La conférence sur le climat qui se tiendra à Lima - la COP 20 - doit, elle aussi, constituer un pas en avant.

L'adjectif « historique » est souvent galvaudé, mais ce qui s'est produit récemment mérite d'être qualifié ainsi. Ce mois de novembre marque un tournant dans l'attitude des deux premiers pollueurs du monde, qui se sont engagés en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je pense que chacune et chacun peut s'en réjouir. (Applaudissementssur les travées du groupe socialiste.- Mme Corinne Bouchoux applaudit également.)

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