Question de Mme GATEL Françoise (Ille-et-Vilaine - UDI-UC) publiée le 23/01/2015

Question posée en séance publique le 22/01/2015

Concerne le thème : Réforme des rythmes scolaires

Mme Françoise Gatel. Madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je voudrais porter ici la voix des élus locaux, à qui l'État a imposé la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. En préambule, je tiens à dire que nul ne saurait mettre en cause l'engagement important des maires dans l'éducation des enfants de France.

Il faut reconnaître que la réforme des rythmes scolaires a été mise en place de manière précipitée, sans études d'impact préalable, et qu'elle contribue à creuser des inégalités déjà flagrantes entre, d'une part, les écoles qui sont dotées de moyens humains et financiers et, d'autre part, celles qui ne le sont pas. Par ailleurs, cette réforme tend à accroître la fracture territoriale entre le milieu rural et milieu urbain.

À ce titre, je regrette vivement que les interventions de mes collègues alertant le Gouvernement lors de l'élaboration de ce projet n'aient pas été entendues, notamment à l'occasion des débats sur la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République.

Dans la mesure où Mmes Catherine Morin-Desailly et Françoise Férat n'ont pas été entendues quand elles proposaient de consacrer l'année 2013-2014 à une expérimentation, il me semble aujourd'hui absolument indispensable qu'une mission d'évaluation de cette réforme puisse être lancée dans les meilleurs délais, sous le contrôle de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication.

Par ailleurs, en tant que présidente de l'association départementale des maires d'Ille-et-Vilaine, je suis interpellée, madame la secrétaire d'État, sur des questions extrêmement concrètes et pratiques au sujet de la faisabilité des initiatives.

En Ille-et-Vilaine, l'URSSAF a précisé à certains maires les conditions de recours à des intervenants extérieurs, auto-entrepreneurs ou même associations, rendant cette solution impossible en contrepartie d'honoraires : il y a un lien de subordination entre la commune et ces intervenants, la commune fixant les conditions d'intervention, les programmes et mettant à disposition les locaux.

Madame la secrétaire d'État, beaucoup de maires de France ont essayé d'être très novateurs dans les activités mises en place et ont, pour ce faire, recours à des intervenants extérieurs pour proposer des programmes de qualité. Si l'interprétation de l'URSSAF d'Ille-et-Vilaine est confirmée, nos collègues ne pourront plus faire appel à ces personnes, puisque leurs interventions seront requalifiées en tant que travail salarié, ce qui aura pour effet d'augmenter les charges de 45 %.

Madame la secrétaire d'État, même si nous ne contestons pas les objectifs louables de cette réforme,…

M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Françoise Gatel. … nous attendons des réponses concrètes du Gouvernement. (Applaudissements sur les travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 23/01/2015

Réponse apportée en séance publique le 22/01/2015

Mme Geneviève Fioraso, secrétaire d'État. Madame Gatel, l'évaluation de cette réforme des rythmes scolaires est évidemment un enjeu essentiel.

La réforme, je vous le rappelle, a été mise en place avec un double objectif : améliorer les apprentissages fondamentaux des élèves et réduire les inégalités sociales dans l'accès aux activités périscolaires.

La commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat y travaille d'ores et déjà dans le cadre plus global de l'évaluation de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République. Je salue ce travail conjointement mené par Mme Morin-Desailly et Mme Férat.

Dès avril 2013, un comité de suivi national des rythmes scolaires a été installé, sous la présidence de la rectrice de Lyon et en association avec tous les partenaires, y compris ceux qui viennent du monde de la recherche.

Avec eux, une grille de critères a été mise en place, grille qui permet d'évaluer la réforme sous toutes ses facettes. Ce travail est long, puisque l'observation et l'évaluation ne peuvent s'inscrire que dans la durée pour illustrer des effets significatifs. Il fallait donc attendre que les dispositifs soient stabilisés sur le terrain.

Par ailleurs, sur le plan pédagogique, sujet qui a déjà été évoqué, les retours des 4 000 communes à avoir mis en place les premières les rythmes en 2013 nous ont permis de constater que les apprentissages fondamentaux étaient mieux positionnés au moment où la capacité d'attention des élèves était la plus vive. À cet égard, la matinée supplémentaire donnait de la souplesse aux enseignants et aux équipes éducatives.

Madame la sénatrice, vous avez soulevé un second problème, celui du statut des animateurs intervenant dans les activités périscolaires et ayant opté pour le statut d'auto-entrepreneur.

C'est une difficulté juridique qui n'avait pas été anticipée. Nous l'avons soumise à Mme Carole Delga, ma collègue du Gouvernement chargée du commerce et de l'artisanat. Ses services juridiques se penchent sur le sujet pour nous donner une réponse satisfaisante de nature à éviter un surcoût pour les communes en raison des charges d'URSSAF liées à ces personnes, qui, pour être auto-entrepreneurs, n'en sont pas moins très qualifiées.

M. le président. Veuillez conclure, madame la secrétaire d'État.

Mme Geneviève Fioraso, secrétaire d'État. J'allais le faire, monsieur le président !

Dès que nous disposerons des résultats de ces travaux, je ne manquerai pas de vous en tenir informée.

M. le président. La parole est à Mme Françoise Gatel, pour la réplique.

Mme Françoise Gatel. Je compte vraiment sur une réponse précise, madame la secrétaire d'État, puisque cette question, très importante, se posera sans doute sur l'ensemble du territoire, et pas seulement en Ille-et-Vilaine.

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