Question de M. PERRIN Cédric (Territoire de Belfort - UMP) publiée le 05/03/2015

M. Cédric Perrin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur la situation des chrétiens d'Orient qui subissent exactions et assassinats depuis des mois.

Cette semaine, l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) rapporte l'enlèvement d'au moins 220 personnes d'obédience chrétienne assyrienne non loin de la ville d'Hassaka, dans le nord-est de la Syrie par l'« État islamique ».

À la mi-février, la branche libyenne de l'« État Islamique » revendiquait encore l'enlèvement et le meurtre de 21 coptes égyptiens.

La liste est longue et les violences touchent toutes les populations des pays ou le groupe « État islamique » est présent. Toutefois, la question d'un génocide des chrétiens d'Orient dans cette région du monde se pose.

En conséquent, il souhaite connaître les initiatives prises par la France auprès du Conseil affaires étrangères de l'Union européenne pour qu'une action internationale soit engagée afin de venir au secours des chrétiens du Proche et du Moyen-Orient.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 30/04/2015

La France condamne fermement les violences et les exactions à l'encontre des civils, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique. Elle défend le respect des droits des personnes appartenant à des minorités religieuses. C'est notamment le cas des Chrétiens d'Orient, avec lesquels la France entretient des liens spécifiques, hérités de l'Histoire. La montée en puissance de Daech depuis l'été 2014 menace aujourd'hui la stabilité de la région et sa diversité culturelle. Cette organisation terroriste est engagée dans une tentative d'éradication ethnique et religieuse, comme l'illustre l'exode des Chrétiens d'Orient, dont la présence millénaire sur ces terres est remise en cause. Mais la barbarie de Daech ne doit pas nous faire oublier celle du régime de Bachar al Assad, qui commet des crimes contre sa propre population depuis plus de quatre ans et alimente l'extrémisme par sa fuite en avant militaire et son refus de toute ouverture politique. Face aux menaces graves qui pèsent sur les Chrétiens d'Orient et les autres minorités, la France a convoqué une réunion ministérielle du Conseil de sécurité des Nations unies le 27 mars consacrée aux « victimes de violences ethniques ou religieuses au Moyen-Orient ». À l'occasion de ce débat inédit, la France a proposé l'élaboration par les Nations unies d'une Charte d'action autour de quatre volets : l'accompagnement humanitaire d'abord, pour répondre à l'urgence et permettre le retour des populations persécutées sur les terres dont elles ont été chassées ; les solutions politiques inclusives dans les pays en crise ; et enfin la lutte contre l'impunité pour les auteurs des crimes, dont certains sont constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. À cet égard, la France appelle tous les États à adhérer au Statut de Rome, afin que justice soit rendue aux victimes des crimes les plus graves ayant une portée internationale. Comme le ministre des affaires étrangères et du développement international l'a souligné lors de la réunion du 27 mars, il est indispensable que le Conseil de Sécurité saisisse la Cour pénale internationale. Il convient de rappeler que la France a présenté en mai 2014 une résolution au Conseil de sécurité déférant la situation en Syrie à la Cour, soutenue par plus de 100 ONG et par plus d'une soixantaine d'États, qui s'est cependant vu opposer les vétos russe et chinois. La France encourage par ailleurs les États sur le territoire desquels les membres de Daech ont perpétré des crises ou dont ils ont la nationalité, à poursuivre et juger ces auteurs en vertu de leur compétence au titre des lois nationales et des conventions internationales auxquelles ils sont parties. En tant qu'État partie au Statut de Rome, la France continuera de répondre aux demandes de coopération de la Cour en conformité avec les stipulations du Statut de Rome.

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