Question de M. ABATE Patrick (Moselle - CRC) publiée le 26/03/2015

M. Patrick Abate attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire sur l'avenir du fort de Queuleu, protégé et inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par l'arrêté du 13 février 1970, qui est aujourd'hui en danger. Sa disparition constituerait tout à la fois une perte architecturale pour le département, mais surtout une atteinte grave au devoir de mémoire.
À l'heure où la Moselle s'apprête à commémorer les soixante-dix ans de la mort de Jean Burger, au camp de Nordhausen-Dora, il est plus que jamais nécessaire de rappeler l'histoire du fort de Queuleu et l'importance qu'il revêt dans la lutte contre l'oubli. Entre 1943 et 1944, ce sont près de 4 500 détenus qui furent jetés dans ce camp d'internement et d'interrogatoire, le seul de ce type en Moselle. Parmi eux, Jean Burger dit « Mario » et son groupe de résistants y furent amenés et torturés.
Après la Libération, le fort de Queuleu a eu un rôle important dans la préservation de la mémoire collective et la transmission du souvenir aux nouvelles générations. Malheureusement, faute de moyens, l'entretien du fort est aujourd'hui insuffisant et ce dernier risque de disparaître. Les efforts de l'amicale des anciens déportés du fort de Queuleu et de leurs familles pour préserver ce monument sont insuffisants, faute des ressources nécessaires. Pourtant, la volonté ne manque pas et ses membres sont prêts à prendre en charge, par le biais de subventions, les frais de fonctionnement du fort, soit 150 000 € par an.
Cependant, une remise en état de ce monument historique (toujours propriété de l'État, de la direction départementale des territoires d'une part et du ministère de la défense d'autre part) coûterait environ 700 000 euros. Si l'État s'investissait dans cet objectif et s'engageait concrètement en termes de moyens, il ne fait pas de doute que les collectivités territoriales mosellanes, dont certaines d'entre elles se sont déjà engagées sur le principe, suivraient à coup sûr.
Il paraît vital, en ces temps inquiétants où les idées racistes, antisémites et xénophobes se développent sur le terreau de notre société en difficulté, de rappeler l'importance du fort de Queuleu. L'État et les collectivités territoriales mosellanes ont une responsabilité de premier plan. Il en va de la préservation du souvenir des victimes de la barbarie nazie et d'un ultime hommage à ceux qui ont perdu la vie en combattant pour nos valeurs républicaines, la liberté, l'égalité et la fraternité.
Il lui serait reconnaissant de bien vouloir lui indiquer quelles sont les dispositions que le Gouvernement entend mettre en œuvre pour aider à la remise en état du fort de Queuleu, symbole de notre histoire et lieu de mémoire.

- page 646


Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de la défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire publiée le 14/05/2015

Situé sur la commune de Metz (Moselle), le fort de Queuleu constitue un lieu de mémoire hautement symbolique, portant en lui le souvenir douloureux de la répression exercée à l'encontre, notamment, des opposants au régime nazi pendant l'occupation. En effet, entre le 12 octobre 1943 et le 17 août 1944, plus de 1 500 personnes dont de nombreux résistants y furent détenues et torturées avant leur envoi en camp de concentration. Comme le rappelle l'honorable parlementaire, le fort de Queuleu fut inscrit monument historique par l'arrêté du 13 février 1970, consacrant ainsi l'intérêt patrimonial et historique de ce site. Un devoir de conservation et de préservation de ce dernier s'impose dès lors. Le secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire tient néanmoins à préciser que, le fort de Queuleu n'étant plus propriété du ministère de la défense, son entretien et les éventuels travaux de restauration à effectuer ne relèvent pas de sa compétence. Le ministère de la défense est cependant disposé à étudier toute demande d'aide, soit par voie de subvention, si cette demande était formulée par une association, soit par voie de partenariat, si elle émanait d'une collectivité, dans la mesure où elle serait porteuse d'un projet de valorisation du site.

- page 1134

Page mise à jour le